Longtemps, elles se sont tues, persuadées qu’on ne les croirait pas, ou paralysées par la crainte de mettre leur carrière naissante en péril.
Dans une enquête de Mediapart, parue mercredi 30 août, cinq comédiennes décident de briser le silence au sujet du réalisateur multiprimé Philippe Garrel, qui a reçu cette année l’Ours d’argent du meilleur réalisateur au festival de Berlin.
Des schémas similaires
Parmi les témoignantes, qui n’ont à ce jour pas déposé plainte, quatre décrivent « des gestes et baisers non consentis, susceptibles d’être qualifiés d’agression sexuelle ou de tentative d’agression sexuelle », dans les colonnes de Mediapart.
Dans chaque histoire, le schéma se répète. Le réalisateur fait miroiter un rôle à l’aspirante comédienne qui a une vingtaine d’années. Il lui propose un rendez-vous pseudo-professionnel et en profite pour lui faire des avances insistantes.
Pour Jeanne (ndlr : le prénom a été modifié), c’est une caresse sur la cuisse et une tentative de baiser forcé qui laisseront la jeune femme de 27 ans profondément marquée. Aujourd’hui, elle ne se rend plus jamais à un casting seule.
Certaines, comme Laurence Cordier ou Clotilde Hesme, ont rencontré Philippe Garrel au Conservatoire, où il était leur professeur. D’autres, comme Anna Mouglalis ou Jeanne, avaient tourné une première fois avec le réalisateur et en gardaient un souvenir positif. Leur point commun ? Chacune s’est rendue au rendez-vous en toute confiance.
Toutes, quasi unanimement, se disent « écœurées » : « Il m’a pris mon temps sans m’avoir donné la règle du jeu, à savoir qu’il ne ferait pas de film sans coucher avec moi » explique, par exemple, la comédienne Marie Vialle à qui le réalisateur aurait affirmé « avoir besoin pour son film de la connaître « pour de vrai » » assurant qu’il ne pouvait pas « faire autrement » que de coucher avec elle au nom du cinéma.
Philippe Garrel nie la majorité des faits
Interrogé par Mediapart, le réalisateur explique avoir « mal interprété » des « ressentis » et assure une « remise en question » à la lecture de ces multiples témoignages.
Le 24 août, il aurait même pris contact avec Anna Mouglalis. Cherchait-il à lui demander pardon ou à comprendre sa version des faits ? Que nenni, il l’a simplement invitée à retirer son témoignage, au nom de « leur amitié ». Une pression à laquelle la comédienne a refusé de céder.
Si le réalisateur se dit prêt à présenter ses excuses aux comédiennes « qu’il aurait pu blesser », le chemin de la rédemption reste visiblement long.
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