Attention : cet épisode du podcast et cet article associé mentionnent des violences sexuelles.
Qu’est-ce qu’on donne de soi, quand on aime ? De son temps, sûrement, de son affection, de sa passion parfois….
Mais il se trouve que certaines personnes en veulent plus.
Réclamé, quantifié, ce don n’est jamais suffisant. On se retrouve, sans le vouloir, à s’oublier. On se retrouve à se faire petite, et à souffrir en silence pour ne pas contrarier leurs égos minuscules et mal placés, qui finissent par prendre le contrôle. La rupture devient alors une libération.
Aujourd’hui, c’est Flore qui nous raconte ce qu’elle aurait dû dire à son ex. Flore, s’est oubliée pendant ses neuf ans de relations avec Benjamin. Elle nous raconte le jour où elle s’est retrouvée.
Ce que Flore aurait dû dire à son ex
Cher Benjamin,
Nous avons partagé neuf ans de vie commune. Neuf années pendant lesquelles, même si tout n’était pas parfait, j’ai tenté d’améliorer ton quotidien. Je t’ai appris à communiquer, à exprimer ce que tu ressentais car au moment de notre rencontre tu en étais incapable.
Je n’avais pas pris conscience de l’ampleur de tes névroses. Je tentais de les réparer pour mieux me détourner des soucis qu’il me restait à régler.
Partir pour une autre, ce n’était pas dramatique en soi, car c’est simplement la vie. En revanche, découvrir que dès que l’occasion se présentait tu faisais des avances à différentes femmes, mariées, libres, ou de la famille, en jouant le gros lourdingue de service, là j’ai eu un profond sentiment de dégoût envers toi. Ce qui est bien avec le dégoût, c’est qu’il finit par englober la tristesse que l’on finit par ne même plus ressentir.
Ta lâcheté s’est ressentie jusqu’au dernier moment puisque tu as enfermé tout notre entourage dans des mensonges, jour après jour, me laissant pendant des semaines sans explication. C’était sans compter sur ce « sixième sens » qui, ce beau matin de juin, est revenu me claquer aux oreilles après que tu aies découché de la maison, « Dégage-le, c’est maintenant ! ».
Après sept mois de séparation, tout est tellement plus clair.
Je comprends mieux aujourd’hui ton obsession pour mes ex, ta jalousie compulsive, le fait de compter le nombre de rapports que l’on avait eus dans le mois ou alors tes crises de nerfs quand j’avais décidé de ne pas faire l’amour avec toi. Plus tu m’en demandais et moins j’avais envie de faire le moindre effort pour toi et au pire quand je voulais avoir la paix, j’écartais les cuisses et te laissais faire en priant que cela aille vite… Oui, je dois le reconnaître même si je n’en suis pas fière.
Je me suis détournée de moi-même parce que tu avais fini par prendre toute la place avec tes besoins d’être rassuré en permanence.
Tu m’as fait douter de celle que j’étais, tu voulais gommer mon passé, tu m’as fait effacer mes photos, mes souvenirs pour qu’il n’y ait plus que toi et que je devienne dépendante au point de ne jamais te faire sortir de ma vie. Et oui, car avant toi, n’oublie pas que j’ai vécu seule pendant dix ans à élever ma fille. Tu voulais abattre la femme forte, celle que soi-disant tu admirais tant lors de notre rencontre (en réalité j’ai compris que ce n’était juste qu’une technique de drague chez toi).
J’ai parfois encore un sentiment de pitié quand je pense à toi car tu avais tout pour être heureux et te révéler. Car c’est ça le véritable amour, être assez en confiance pour s’assumer tel que l’on est et, malheureusement, tu es tellement à côté de la plaque que tu n’y arriveras jamais tant que tu ne prendras pas conscience de l’homme que tu es.
Je sais que mon tort a été de croire que tout finirait par s’arranger alors qu’au fond de moi le fossé se creusait un peu plus de jour en jour, malgré cette demande en mariage cinq mois avant la découverte de tous tes mensonges.
Mais cette fois-ci, tu t’es totalement trompé car il y a une micro partie de moi de « survie » que j’avais conservé dans un coin de ma tête. Cette partie là était verrouillée, tu n’y as jamais eu accès. Aujourd’hui, je me rends compte que c’est d’ailleurs la partie de moi la plus forte c’est juste que je l’avais oublié et mise de côté.
Alors, aujourd’hui, je remercie cette femme sur laquelle tu as jeté ton dévolu, et je te remercie d’être sorti de ma vie, car j’ai fini par tout reprendre en main et pour la première fois de ma vie, je me sens enfin à ma place, au bon moment. Tu sais, je disais toujours que ma pire crainte dans la vie c’était de me réveiller à mes 40 ans dans mon lit à côté d’un connard avec lequel je partageais ma vie. Et bien, la vie m’a entendue, puisque notre histoire s’est terminée deux mois avant mes 40 ans ! Alors, je ne pourrai pas être plus reconnaissante.
L’avenir est incertain, mais j’ai retrouvé confiance en moi et tu ne peux pas imaginer les moments de plaisir que je découvre avec mes amis, avec ma famille, et avec d’autres partenaires !
Grâce à toi, je ne ferai plus jamais l’erreur de me détourner de celle que je suis. Alors encore merci pour cette leçon.
Flore
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Ce que j’aurais dû dire à mon ex est un podcast de Madmoizelle édité et présenté par Aïda Djoupa. Réalisation, musique et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Mymy Haegel. Direction de la rédaction : Mélanie Wanga. Direction générale : Marine Normand.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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