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« J'ai pensé cette collection « So We Could Run » de FYR Jewelry comme une lettre d'amour dédiée aux femmes qui nous ont donné de la force » : interview de Farah Radwan, créatrice de la marque de bijoux FYR Jewelry // Source : FYR Jewelry
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« Je m’inspire de l’Égypte, de la France et du punk » : rencontre avec Farah Radwan, créatrice des bijoux FYR Jewelry

Fondée en 2017 par la créatrice franco-égyptienne Farah Radwan, la marque FYR Jewelry propose des bijoux brutalistes et raffinés, masculin et féminin. Interview de sa fondatrice qui veut rendre hommage aux femmes du passé qui ont ouvert la voie pour celles d’aujourd’hui, « so we could run ».

Créatrice de bijoux franco-égyptienne de 31 ans, Farah Y. Radwan a fondé en 2017 sa marque FYR Jewelry. Ce nom formé par ses initiales ne se prononce par « fear » (« peur » en anglais), mais bien plutôt comme « fire » (« le feu »). Comme celui qui permet de forger les métaux précieux qu’elle utilise. Et celui qui brûle en elle quand elle parle de son processus créatif, autant inspiré par la France que l’Égypte, mais aussi les codes plus industriels du piercing bien punk. En résultent des bijoux haut de gamme, à l’esthétique à la fois brutaliste et raffinée, masculin et féminin. C’est pourquoi Madmoizelle a souhaité la rencontrer pour qu’elle nous raconte de quel bois elle se chauffe.

FARAH RADWAN
Portrait de la créatrice de la marque FYR Jewelry, Faray Y. Radwan.

Madmoizelle. As-tu toujours voulu devenir créatrice de bijoux ?

Farah Y. Radwan. Quand j’ai commencé mes études de design de produits de luxe, je tâtonnais encore. Je m’intéressais beaucoup à la retouche photo, la communication visuelle, la direction artistique. Lors d’un cours sur le bijou, ça m’a comme appelée, et surtout remémoré combien j’aimais ça depuis longtemps, en réalité.

Déjà, ado, j’avais lancé une marque avec ma meilleure amie pour faire des bracelets brésiliens qu’on vendait l’été. Et avant ça, enfant, j’adorais fouiller dans les tiroirs de ma grand-mère pour y dénicher des bijoux, comme une chasse au trésor. À la plage, j’aimais aussi ramasser des coquillages ou des bouts de verre polis par la mer, comme s’il s’agissait de pierres précieuses.

Quel était ton rapport aux bijoux en grandissant ?

Depuis l’enfance, je suis fascinée par tout ce qui est de l’ordre de l’ornementation. Je n’avais pas le droit de porter des bijoux, donc ils me fascinaient d’autant plus. Mais pour assister à un mariage, quand j’avais 15-16 ans, ma mère m’a prêté des boucles d’oreille en or avec des émeraudes qui m’ont obsédée. Je me souviens que, déjà, je voulais les personnaliser un peu de façon DIY.

Ce qui m’intéresse particulièrement dans les bijoux depuis petite, c’est les veines dans les pierres. La manière dont la lumière traverse ou non les pierres. Comment les métaux comme l’or, l’argent et le laiton la reflète, etc. En fonction de la façon dont on éclaire un bijou, il peut avoir des aspects totalement différents. C’est comme si c’était vivant.

Lorsque ma grand-mère est morte, quand j’avais 18-19 ans, elle m’a légué certains bijoux, dont certains qui mélangent l’or et la nacre. C’est comme ça que j’ai appris comment cela se forme dans un coquillage. Comment une huître pleure pour produire une perle, etc. Même les pierres peuvent regorger de vie, C’est ce que je souhaite révéler.

Toi qui as grandi entre Paris et le Caire, comment ces capitales ont formé ton goût et le sens de tes créations futures ?

Ce sont vraiment deux mondes opposés, et je m’en sens complètement le fruit. C’est une immense richesse que d’avoir baigné dans ces deux cultures, avec des rythmes de vie différents, des goûts et donc des marchés distincts.

Le marché du bijou en Égypte est beaucoup plus tourné vers l’artisanat, et le pouvoir d’achat est beaucoup plus grand. Les gens vont plus facilement acheter plusieurs pièces à la fois, 4-5 bagues d’un coup, pas forcément des parures. Ce qui est valorisé, c’est plus les métaux et les pierres, que le design du bijou en lui-même, même si ça va souvent ensemble, évidemment. L’or se vend très bien en Égypte, beaucoup moins en France.

Tandis que le marché du bijou en France, on a généralement moins de pouvoir d’achat pour ça et on achète plutôt une pièce à la fois, pour son design singulier. Et les pièces avec du texte sont considérées, alors qu’en Égypte, elles intéressent moins.

Comment t’es-tu formée avant de lancer ta propre marque, FYR Jewelry ?

Outre mes études design de produits de luxe, j’ai fait un stage de 3 mois aux Ateliers Tamalet en 2015 ainsi qu’une formation dans l’école d’Azza Fahmy, première femme joaillière d’Égypte, sur le travail des métaux précieux, avec des cours de dessin, de création, de maquette, etc.

On avait notamment des sorties au souk pour se former au fonctionnement des réseaux d’artisans en Égypte. Il faut faire en sorte que les artisans acceptent de traiter votre commande, comprendre leur langage et parler le même, négocier les tarifs, etc. Et surtout faire en sorte qu’on respecte ton design avec constance, tout en célébrant la finition unique de chacune des pièces.

J’ai énormément appris dans l’école d’Azza Fahmy.

Que manquait-il sur le marché des bijoux selon toi et qui t’a donné envie de créer FYR Jewelry ?

Je trouvais que c’était facile de trouver des bijoux stylés, avec un caractère mode, mais rarement dans de belles matières nobles. J’étais frustrée de tomber sur de beaux designs, mais dont je craignais que le placage ne s’en aille au bout d’un mois, par exemple. Mais du côté des bijoux qui durent dans le temps, les designs étaient souvent trop classiques à mon goût, parfois trop vus. Je cherchais un mélange des deux : un design audacieux taillé dans des matières nobles. Et mêler des codes traditionnels égyptiens à des éléments plus punks.

À lire aussi : Où acheter des bijoux de qualité, éthiques, écolos et pas chers ? ÓNÍSÌ Paris en propose de seconde main

Quelles sont tes inspirations pour créer tes bijoux qui hybrident les cultures ?

Je suis autant inspirée par les bijoux de mes grands-parents et ceux que je croise dans des souks en Égypte, que par l’esthétique du piercing industriel. Je veux me réapproprier tous ces codes qui peuvent sembler opposer en apparence. Je propose notamment une bague avec écrit « non » en arabe dessus comme symbole de rébellion tout en puisant dans la tradition. Je fais contraster l’or et l’argent, une grosse structure et une pierre fine, etc.

Cette bague qui dit « non » fait partie de ta collection « So We Could Run ». Qu’as-tu souhaité exprimer à travers celle-ci ?

J’ai pensé cette collection « So We Could Run » de FYR Jewelry comme une lettre d’amour dédiée aux femmes qui nous ont donné de la force. Elles ont lutté pour libérer nos voix d’aujourd’hui, ont allumé nos âmes pour porter leur héritage. Elles ont tracé le chemin pour que nous puissions courir. C’est en grande partie grâce à nos mères et nos grands-mères qu’on peut dire « non » à certaines choses aujourd’hui. Les bijoux peuvent être des outils de mémoire, porter des messages de résilience, de résistance féministe.


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