- Prénom : Audrey
- Âge : 28 ans
- Bébé attendu le : le 11 octobre
- Bébé arrivé le : le 4 octobre
- Stats : 49 cm pour 3,210 kilos
« C’était un bébé surprise »
Je ne voulais pas d’enfant alors que mon mec oui ! Notre contraception — des préservatifs — a vraisemblablement failli sans que nous nous en rendions compte sur le moment.
J’ai su que j’étais enceinte très tôt. Mon cycle ne se passait pas comme d’habitude. Je fais très attention aux signaux que m’envoie mon corps, et j’ai vu de tout petits saignements bien avant la date prévue de mes règles, qui étaient en fait des saignements de nidation. Couplés aux nausées que j’avais déjà, j’ai commencé à être persuadée d’être enceinte.
J’ai constaté ensuite un retard de règles et j’ai fait un test de grossesse au bout d’une petite semaine de retard. Un midi, au bureau. Évidemment, il était positif, mais je le savais déjà.
J’ai appelé mon mec mais je n’ai pas réussi à formuler l’évidence. J’aurais aimé qu’il comprenne sans que je n’aie besoin de le dire. On a eu une conversation tout à fait bateau pendant deux minutes.
J’ai ensuite appelé ma meilleure amie, qui était aussi enceinte. Elle faisait son échographie à ce moment-là. Elle m’a remis les idées en place : il fallait le dire à mon conjoint !
Je l’ai donc rappelé pour le tenir informé de la situation. À partir de ce moment-là, il s’est mis en retrait. Nous n’avons pas réellement eu de conversation pour savoir si on devait ou non continuer cette grossesse. Il m’a dit que c’était une décision que je devais prendre seule. Et même si, féministe que je suis, j’étais d’accord sur le principe, j’aurais aimé qu’il me dise ce que lui en pensait. Car on peut vouloir des enfants un jour sans vouloir que ce jour-là soit dans huit mois.
Pour moi, ça a été évident qu’il fallait que je vive cette grossesse. J’ai vu ça comme un signe du destin. J’ai accepté ce que la vie mettait sur mon chemin.
Une grossesse désagréable au début
J’ai détesté les six premiers mois de grossesse. J’ai beaucoup vomi et quand je ne vomissais pas, j’avais des nausées quand même. On m’a diagnostiqué un diabète gestationnel, mais je n’ai pas eu besoin de régime pour le stabiliser.
Il y a dix ans, on m’a violée. Je redoutais que la grossesse et l’accouchement me mettent mal a l’aise, car j’avais peur de perdre le contrôle sur mon corps.
Mais finalement, enceinte, ce n’est pas du tout ce que j’ai ressenti. J’ai eu envie d’accoucher sans péridurale, le plus naturellement possible et avec le moins de médicalisation possible. J’avais d’ailleurs écrit un projet de naissance en ce sens. Je me suis préparée vraiment comme une sportive de haut niveau, mais j’ai toujours eu confiance en mon bébé et en moi pour que tout se passe bien.
Je vis dans un désert médical à une heure environ de cinq maternités différentes. Je n’avais aucune envie de faire une heure de voiture avec des contractions. La suite de l’histoire ma prouvé que j’avais raison !
Je souhaitais une maternité favorable aux accouchements physiologiques. Cela m’a poussée à choisir une maternité un peu plus loin de chez moi mais tout proche de chez ma belle-mère. Nous avons décidé que je passerais les trois dernières semaines de grossesse chez elle, sans mon conjoint qui travaillait.
C’était un moment où j’étais à nouveau en forme. Ma petite sœur était venue de l’autre bout de la France passer quelques jours avec moi. Et nous avons passé la semaine à marcher, à nager…
Le jeudi, nous sommes allées visiter un château où ma belle-mère fait du bénévolat. J’ai monté les 95 marches du donjon en courant tellement j’étais en forme.
Dans la soirée, à dix jours du terme, j’ai commencé à avoir des contractions assez rapprochées et régulières. Mais je pensais que ce n’était pas encore le moment.
Le vendredi, je me suis rendue à mon dernier rendez vous d’acupuncture. Mon conjoint est arrivé, ma sœur était encore là. J’avais aussi envie d’arriver le plus tard possible à la maternité. Ça a duré comme ça jusqu’au dimanche matin. J’avais des contractions de plus en plus vénères la nuit. Mais j’arrivais néanmoins à les gérer grâce à la sophrologie, au ballon, aux exercices de respiration, en faisant des « oooh » bien graves.
Le dimanche matin, les contractions ne se sont pas calmées. Ma sœur devait repartir chez elle et pour faire plaisir a mon conjoint, j’ai accepté de faire un tour à la maternité après avoir accompagné ma sœur à la gare. Les dix kilomètres qui séparaient la gare de la maternité ont été un enfer car les contractions se sont intensifiées une fois ma frangine déposée.
J’avais pu profiter d’elle, maintenant mon corps était prêt à sortir mon petit lardon.
Arrivée à la maternité
Je suis donc arrivée à la maternité vers 14 heures 30. Check du col : 4 centimètres. Pose du cathéter fermé, tests urinaires, et test PCR.
La salle nature est libre et c’est une excellente nouvelle ! On s’y installe. J’ai droit à un monitoring d’une heure pour commencer. Je suis sur le ballon pour gérer les contractions. Mais c’est très supportable. Tout va bien. Mon conjoint installe les bougies LED. On met de la musique, je chante. C’est chouette. On est bien mieux que chez ma belle-mère finalement.
La sage-femme remplit le dossier, s’étonne que nous n’ayons pas encore décidé du prénom si c’était un garçon. On passe beaucoup de temps à réfléchir à cette question. Spoiler : c’était une fille.
Une fois le premier monitoring terminé et un nouvel examen du col, le travail a bien avancé, c’est parfait. Je fonce dans la baignoire. L’eau bien chaude m’aide beaucoup. Je fais des allers et retours entre l’eau de la piscine et des monitoring sur mon ballon jusqu’à 21 heures.
L’équipe change. La dilatation de mon col stagne. La sage-femme décide de rompre la poche des eaux mais elle se rompt toute seule sur la contraction suivante. Je me suis sentie mal à ce moment-là. Je vomis les trois bouts de chocolat que j’avais avalés. J’avais très soif, c’est l’ocytocine qui donne soif, c’est bon signe !
Malheureusement on se rend compte que le liquide qui sort est teinté, signe que le bébé a émis ses premières selles et signe aussi d’un inconfort pour lui. On m’annonce donc que jusqu’à la naissance, je serai sous monitoring. C’est fini la baignoire. Ça ne me réjouit pas puisque l’eau m’aidait vraiment a gérer la douleur. Les contractions restent tout de même gérables durant un moment mais deviennent plus compliquées ensuite.
Heureusement j’accouche dans une toute petite maternité et la sage-femme a le temps de rester avec moi pour m’aider. Je suis assise sur le bord du lit de la salle nature. Elle est placée devant moi, ce qui me permet de me suspendre à son cou. Mon conjoint est derrière moi et mange du chocolat. Il me masse aussi le sacrum.
Accouchement en vue
La sage-femme voudrait que je marche un peu. C’est très compliqué pour moi, les contractions sont quasiment constantes à ce moment-là. Mais marcher permet de faire avancer le travail rapidement puisque je passe d’une dilatation du col de 7 à 9 cm. Et en dix minutes, j’ai une envie irrépressible de pousser.
C’est le moment de passer en salle de naissance. On me met sur le fauteuil roulant pour faire les deux mètres qui me séparent de cette salle. Je sais que c’est LE moment, ça pousse, je sens la tête dans mon col mais l’équipe médicale n’a pas encore saisi que c’était tout de suite.
Je pose mes fesses sur la table d’accouchement et déclare que je commence à pousser, toute seule. Je suis allongée car je n’ai pas la force de faire autrement même si j’aurais préféré accoucher dans une autre position. Je laisse à peine le temps à la sage-femme de se préparer. En 5 minutes mon bébé est né !
Ça a donc duré très peu de temps. J’ai été surprise par la douleur du cercle de feu [passage de la tête du bébé, NDLR]. Au final, j’ai trouvé ce moment plus douloureux que les contractions.
Je sentais tout et ça m’a permis de pousser très efficacement sans avoir vraiment besoin d’être guidée. J’étais plutôt encouragée que guidée. Il semblerait que j’ai crié et que j’ai failli déboîter le bras de mon mec. Mais je ne m’en souviens pas.
Après la naissance, la délivrance du placenta a été plutôt désagréable. Il y a fallu m’appuyer sur le ventre pour qu’il sorte alors que j’avais juste envie qu’on me laisse tranquille.
L’accouchement s’est déroulé exactement suivant le plan, à l’exception des dix points de suture qui n’étaient pas prévus.
Sans péridurale et (presque) sans regrets
J’ai donc eu des contractions de jeudi soir à dimanche soir. C’est plutôt long. Mais grâce à l’hypnose, la sophrologie, le protoxyde d’azote… et probablement à mon mental d’acier, ça n’a jamais été une souffrance insupportable.
À aucun moment, je n’ai pensé prendre la péridurale. Alors oui, j’ai eu mal, je ne m’en souviens pas vraiment mais ma sœur et mon mec oui ! Mais j’ai vécu cela comme une douleur utile et non une douleur qui tue.
La douleur est généralement un signal que notre corps nous envoie pour dire que ça ne va pas, la douleur de l’accouchement est une des exceptions. Accepter de travailler avec cette douleur pour mettre au monde un bébé, j’ai trouvé ça vraiment beau et puissant.
Si je devais accoucher encore une fois, je demanderais cependant que le cathéter ne soit pas placé dans la face dorsale de ma main car j’ai trouvé cela gênant pour certains mouvements, me mettre à quatre pattes par exemple.
Si je devais revivre cette naissance j’aurai aussi insisté pour que l’on m’aide à me placer autrement que sur le dos au moment de l’enfantement.
La rencontre avec le bébé
C’était beau et doux, toujours en musique. Mon compagnon m’a glissé que c’était une fille. Elle était sur mon ventre encore attachée avec son cordon. J’ai découvert mon bébé tout entier par le toucher les premières minutes.
Il me semble que mon mec a pleuré, mais c’est flou. Moi ça ne m’a pas bouleversée comme certaines. Je n’ai pas eu l’impression de rencontrer mon bébé. Je la connaissais depuis déjà 8 mois. En revanche, j’avais dans l’idée qu’elle tète rapidement après la naissance. Ça n’a pas été le cas. Ça n’a pas été très facile de la mettre au sein avec les capteurs et le cathéter à la main.
Il y a eu mes soins, quelques points de suture toujours en musique et toujours avec mon bébé sur moi. On nous a laissés deux bonne heures tous les trois avant de passer le bébé dans l’autre salle pour ses soins à elle. Et j’ai pu l’accompagner, ce que toutes les nouvelles mères ne peuvent pas faire. J’étais très en forme.
Les débuts en tant que parents
Elle est donc née dans la nuit de dimanche à lundi et nous sommes sorties de la maternité le jeudi midi. J’ai trouvé ça un peu long car nous allions bien toutes les deux. Tout se passait parfaitement, elle tétais correctement, ne perdait pas trop de poids. Et je n’aime pas trop l’environnement hospitalier. J’avais hâte de retrouver le reste de la famille, les bêtes à poils et quatre pattes.
Mais le séjour à la maternité s’est bien passé. En plus, nous avons eu la chance d’accoucher dans une maternité qui dispose de lits pour les conjoints. Ainsi le papa est resté avec nous nuit et jour tout le long. C’était important pour nous deux que ça soit possible.
Le retour à la maison a été très naturel. Nous avons vite pris nos marques. Nous étions aux anges tous les trois durant le mois qu’a duré le congé paternité.
Mais ensuite, la répartition des taches a été un peu difficile. Ça a été plus compliqué pour mon mec et pour notre couple quand il est reparti travailler. C’est une question qui n’est pas encore résolue.
Le post-partum a néanmoins été dans l’ensemble facile et je garde de l’accouchement un très bon souvenir.
Merci beaucoup à Audrey d’avoir répondu à nos questions !
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