Depuis le mois d’août, cela fait officiellement 7 ans que je suis arrivée en Norvège. Je dis bien « arrivée » et non « installée » car au début, je ne devais y rester que 5 mois. J’avais 20 ans et je n’avais vraiment jamais pensé vivre à l’étranger, c’est juste arrivé.
Je suis partie en Norvège pendant mes études, grâce au programme d’échange Erasmus. J’avais très envie d’aller étudier à l’étranger, par curiosité mais aussi parce que je commençais à saturer de mon école d’ingénieur et de son emploi du temps surchargé. Bref, j’avais besoin d’air… Pour être honnête, mon premier choix de destination était le Danemark, mais le partenariat entre mon école et l’université de Copenhague a été annulé pile l’année où je pouvais partir. Par défaut, j’ai choisi la Norvège (et ce n’est pas plus mal).
Une première expérience positive en Norvège
J’ai donc atterri à l’Université des sciences de la vie, à une trentaine de kilomètres d’Oslo. Je me suis sentie tout de suite à l’aise dans l’ambiance étudiante du campus et dans le système universitaire norvégien. Je découvrais la région et le pays au fur et à mesure et, même si je trouvais certaines de leurs habitudes bizarres (dîner à 18h, non merci), je me sentais globalement bien dans mon nouvel environnement.
C’est donc assez naturellement que j’ai commencé à chercher un stage en Norvège. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé directement à des enseignants chercheurs de l’université. Et ça a fonctionné ! Après cette expérience professionnelle et un an en Norvège, je suis revenue en France pour mon dernier semestre de cours. Je savais déjà que j’allais repartir en Scandinavie : j’avais réussi à obtenir un nouveau stage dans la même structure.
Le retour en France et l’irrépressible envie de repartir
Ces 6 mois de cours en France m’ont paru très très très longs. Je ne me sentais pas à ma place et je rêvais de retourner « là-haut », comme disait ma grand-mère. Je m’étais fait un solide réseau d’amis et l’atmosphère du pays me manquait. Tout me paraissait plus bruyant en France, plus agressif, plus rapide.
C’était pourtant le même pays que j’avais quitté un an plus tôt, mais je me sentais perdue, un peu comme si je portais un pull trop petit que je n’arrivais pas à enlever. Quand je suis enfin repartie, je pensais profiter à fond de ces 6 mois avant de revenir en France et de chercher un travail. Mais j’ai été embauché en CDD à la fin de mon stage, alors je suis restée en Norvège.
« J’ai pris conscience que je ne voulais pas partir »
J’ai enchaîné les CDD pendant deux ans, avant une période de chômage. À chaque contrat, je me disais « ok, 2-4-6 mois de plus et on verra ». Comme je touchais des allocations chômage en Norvège, j’ai décidé de rechercher un travail en restant sur place. J’ai commencé à postuler pour des jobs dans le pays mais aussi en France, jusqu’à avoir un déclic : je ne voulais pas partir.
J’ai mis quasiment trois ans avant de me décider à prendre des cours de norvégien et à vouloir vraiment m’intégrer dans le pays. J’avais surtout des amis internationaux à cette époque et ne parlais qu’anglais. Apprendre la langue m’a permis de tisser des liens avec des locaux et de vraiment comprendre le pays dans lequel je vivais. Cela a aussi montré ma motivation à vivre ici dans mes recherches d’emploi.
Si tout le monde ou presque maîtrise l’anglais, parler la langue nationale est toujours un plus et est très apprécié. Les Norvégiens sont souvent fiers de leur pays, de leur système social et se montrent beaucoup plus ouverts face à des étrangers qui parlent dans leur langue (ça aide aussi s’ils ont bu une ou deux bières avant…). Vous pouvez martyriser la langue norvégienne et avoir une prononciation absolument horrible, ils seront quand même hyper flattés que vous fassiez cet effort.
L’évidence pour le moment, c’est de vivre « là-haut »
Aujourd’hui, après 5 ans de contrats courts et de périodes sans emploi, j’ai enfin décroché un CDI. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai hurlé intérieurement « je hais ce pays, je déteste la rudesse des Scandinaves, ils n’y connaissent rien à la bonne bouffe et les bières sont trop chères, je fais mes cartons et je pars pour de bon » ; mais à chaque fois, l’envie de vivre ici a été plus forte.
Car malgré toutes les difficultés que j’ai pu rencontrer et que je rencontrerai, j’ai le sentiment d’avoir trouvé un endroit où je me sens bien. L’alternance de saisons très différentes, la nature omniprésente, l’équilibre travail-vie personnelle… tous ces points me confortent dans mon choix, même si tout n’est pas rose non plus. C’est aussi là-bas que j’ai commencé à construire ma vie d’adulte, et j’ai cette fierté de me dire que j’ai appris par mes propres moyens.
Aujourd’hui si on me demande quand je souhaite revenir en France, je ne vois pas cette option comme une évidence. L’évidence pour le moment, c’est de continuer à vivre « là-haut ».
Et toi, t’es tu retrouvée à ne pas pouvoir quitter un pays après une première expérience positive ?
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