— Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Gaumont. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
À l’occasion de la sortie en salles de Hibou ce mercredi 06 juillet, le premier film de Ramzy Bedia, les rédactrices se souviennent des moments où elles se sont senties invisibles.
Face à des situations anecdotiques ou de manière plus générale, il arrive d’avoir l’impression de ne pas exister et/ou de ne pas compter sur le moment.
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Du petit moment de solitude…
Tout comme le personnage de Rocky, la rédac s’est souvent trouvée face à des petits moments de solitude dans des contextes bien particuliers. Tu sais, le moment où tu tentes de t’intégrer mais qu’on ne fait rien pour te mettre à l’aise ou qu’on passe devant toi sans te voir.
« Il m’est déjà arrivé d’être avec des gens qui ne font que parler de leur soirée… où je n’étais pas. Ils font aucun effort et tu restes juste là, les yeux rivés sur ton téléphone.
Un jour, une pote devait voir un gars et elle ne savait pas trop comment faire. Elle m’a demandé d’y aller avec elle, et ça a trop bien marché entre eux, ils se parlaient quasiment que tous les deux. Gros malaise, j’ai tenu la chandelle pendant trois heures.
J’ai voulu partir mais ma pote m’a interdit de quitter ma chaise, donc j’étais de trop, mais toujours là. »
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« Quand je me suis fait une double fracture de la cheville, j’étais en vacances à la montagne sans ma famille. J’ai passé l’intégralité de la journée dans les couloirs de l’hôpital sur un brancard. Il n’y a qu’une infirmière qui est passée me voir pour me donner des antalgiques. Je ne me suis jamais sentie aussi invisible je crois. »
« Je sortais avec un mec qui m’a fait vivre deux grands moments de solitude dont je me souviendrai toute ma vie : le premier, c’est quand il m’a invitée chez lui et que ses colocataires ne m’ont pas parlé une seule fois, m’ont regardée avec dédain et ont fait des blagues sexistes sans faire attention à moi.
Le deuxième, c’était quand, devant eux, il m’a dit qu’il ne cherchait que du cul avec moi et qu’il m’a demandé le numéro de ma pote. »
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« À la première Nuit Originale, j’étais vraiment intimidée parce que c’était une de mes premières expériences au micro – surtout en live — et qu’il y avait une tonne d’invité•es, plutôt connu•es pour ne rien arranger.
Le truc c’est que beaucoup de monde se connaissait déjà, et moi je ne connaissais personne (en plus, pas grand-monde voyait qui j’étais). Double peine supplémentaire : je ne suis pas très physionomiste et pas très « vidéos sur Internet ». Du coup, je me suis retrouvée au milieu d’une vingtaine de bruns barbus que je confondais et dont je connaissais mal le boulot… Josie Malaise, c’était moi.
J’ai donc passé ma soirée un peu tapie dans mon coin, à ne rien oser dire aux gens à part « Bonjour », « Le décapsuleur est dans le tiroir » et « Il faut faire un peu moins de bruit ». J’ai parlé principalement à mes nouvelles collègues fraîchement arrivées. Et j’ai un peu trop bu.
En y repensant, je suis pas fière — déjà parce que j’ai forcé sur le jus d’orange mais aussi et surtout parce que je n’ai pas osé aller papoter tout simplement avec ces gens qui restaient toute la nuit. Plusieurs collègues et copines n’ont pas eu cette peur et ont noué de belles amitiés, des contacts pro…
Bon, j’en suis revenue et je me suis habituée au cadre de la Nuit Originale, mais je regrette d’avoir passé la première à fusionner avec les murs. C’était un moment formidable, l’aboutissement d’un énorme boulot abattu par Thomas Hercouët, et je sais que plein de gens tueraient pour passer une soirée avec tou•tes ces invité•es bourré•es de talent !
Du coup, j’essaie de me rappeler de ce regret pour ne pas le reproduire et oser aller parler aux gens. Ancienne timide RPZ ! »
…au sentiment constant
« Pourquoi je me suis longtemps sentie invisible ? Parce qu’on me l’a beaucoup fait ressentir. Je ne pense pas être quelqu’un de timide, je suis plutôt avenante et ce, depuis presque toujours. Mais j’ai toujours eu du mal à m’intégrer dans les groupes et je pense que les groupes ne souhaitaient pas forcément m’intégrer.
C’est pour cela que durant une grosse partie de mon adolescence, pendant des périodes plus ou moins longues, je me suis retrouvée à être « la suiveuse ».
Oui tu vois, cette personne dans un groupe qui rigole aux blagues de loin, qui marche soit en tête soit en dernier quand les gens vont quelque part, qui propose des choses mais qu’on entend pas. Et quand quelqu’un reprend ce qu’elle a dit, elle se met dans un coin parce qu’on l’a ignorée.
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En vrai, se sentir invisible c’est pas le pire, c’est d’être ignoré•e qui fait du mal. Tu as une voix, mais les personnes de ton entourage n’y font pas attention et dans ces moments-là, tu dis « bye bye » à ta confiance en toi. Bien sûr, ce n’est pas une fatalité, il y a des instants où ça va mieux, où tu te deviens visible aux yeux des gens pour lesquels tu comptes, mais de vivre au quotidien le fait qu’on te mette de côté, que ton avis n’ait aucune importance, que ta personnalité n’intéresse personne, c’est dur dans tous les stades d’une vie, de l’enfance à l’adolescence.
Tes parents te disent que c’est la faute des autres, mais tu sais qu’en partie, c’est la tienne et que tu n’arrives pas à mettre le doigt sur ce qui cloche. Et c’est pas franchement facile.
Être ignoré•e est, je pense, l’une des pires choses qui puisse arriver. Mais il faut savoir s’imposer, faire admettre aux autres qu’on est quelqu’un d’intéressant et le faire ressentir. Et ça, c’est ce que j’appelle grandir et devenir adulte ! À vingt-deux ans, je commence tout juste à devenir adulte et là, zou, la confiance en soi revient au galop ! »
Et toi ? Est-ce que tu ressens le sentiment d’être invisible régulièrement ?
Dans Hibou, les deux personnages principaux tentent de se rendre visibles en portant sur eux un énorme costume. Mais comme le dit si bien Ramzy Bedia dans son interview pour madmoiZelle, c’est en restant soi-même qu’ils pourront enlever leurs masques et retrouver le regard des autres.
Hibou sort le 6 juillet au cinéma, et je vous le conseille fortement.
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