- Prénom : Juliette*
- Âge au moment des accouchements : 29 ans et 32 ans
Premier bébé :
- Bébé attendu le : 25 août 2019
- Bébé arrivé le : 19 août 2019
- Heure d’accouchement : 20h50
- Stats : 3,7 kg, 50 cm
Second bébé :
- Bébé attendu le : 9 juin 2022
- Bébé arrivé le : 7 juin 2022
- Heure d’accouchement : 7h45
- Stats : 4 kg, 52 cm
Je vis depuis quelques années en Allemagne et j’ai accouché là-bas de mes deux enfants. Deux expériences très différentes, mais que j’avais envie de partager.
Un premier accouchement en Allemagne, où la péridurale est mal vue
Pour mon premier enfant, nous avons commencé les essais en juillet 2018. Lorsque je suis tombée enceinte, on a été tous les deux ravis avec mon conjoint, et soulagés que ça ait fonctionné.
J’ai vécu une grossesse parfaite, mais je pense que je n’étais pas vraiment préparée à l’accouchement, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Je savais que ce serait un moment particulier, que les contractions peuvent être douloureuses mais pas à ce point-là. D’ailleurs, lors de mes cours de préparation à l’accouchement, j’ai été la seule à dire que ce que je redoutais le plus était la douleur, ce qui a semblé effarer tout autant les autres femmes que la sage-femme. En effet, en Allemagne, la douleur fait partie de l’expérience, c’est « anecdotique » et c’est par elle qu’on devient vraiment une femme…
Et donc bien évidemment, l’accouchement avec péridurale n’est quasiment pas pratiqué. La péridurale est même déconseillée « car ce sont des produits chimiques, que ça ralentit les contractions donc perturbe le travail et peut avoir des conséquences graves sur la maman et le bébé. » En gros, la liste des effets secondaires (qui font certes flipper) fait office de présentation.
Même si je n’avais pas vraiment de projet de naissance, j’étais absolument certaine de vouloir la péridurale. Mais j’ai eu du mal à trouver un hôpital qui serait d’accord pour la pratiquer. Malgré cela, j’ai été très bien accompagnée par mon mari et par mon gynécologue.
Les contractions ont commencé 2 jours avant la naissance. Finalement, le jour-J, ma poche des eaux s’est rompue vers 6h30 après toute une nuit de contractions. Là, c’était plutôt la partie rigolote parce que même si ça ne fait pas comme dans les films, ça coule quand même vachement, notre lit s’est transformé en piscine. Et pour aller à l’hôpital, j’ai dû mettre une serviette de bain entre mes jambes – bien cachée sous ma robe – pour descendre les escaliers de l’immeuble, traverser la rue et monter dans la voiture. Dans la voiture, on met de la musique, on est super excités et trop contents.
Une fois arrivés à la maternité, on est pris en charge avec mon mari, on me fait un monitoring. Mais vers 11 heures, les contractions s’arrêtent. On me dit donc d’aller faire un petit tour dans le jardin de l’hôpital pour essayer de faire reprendre le travail. On est au mois d’août, il fait chaud, les contractions reviennent petit à petit. Elles sont douloureuses mais tenables donc on profite quand même de notre petite balade sous les arbres.
« Prenez une tisane »
En début d’après-midi, les contractions s’intensifient et là je commence vraiment à avoir très mal. Je demande la péridurale et on me répond :
« Oh pas tout de suite, vous vous en sortez bien, ça va aller. Prenez de la tisane en attendant. » (véridique).
Au bout d’un moment, la douleur est vraiment intense, je suis en nage et je tremble, je commence à être à bout de force – je n’ai pas dormi de la nuit -. Ils acceptent finalement me donner du paracétamol en attendant que la péridurale se prépare. Ouf ! Je me dis que ça va arriver, alors je tiens le coup. À 15 heures, enfin, on vient pour installer la péridurale, mais ça ne correspond pas du tout à ce que j’ai pu lire/entendre sur ce qui se faisait en France. Là il s’agit en fait d’une injection ponctuelle qui fait effet 2 à 3 heures et forte : je ne sens plus mes jambes. Au moins, j’ai un peu de répit et je peux me reposer. Au bout de 2 heures, on me fait une injection d’ocytocine parce que le « travail » (la phase de poussée) n’arrive pas.
À 18 heures, la « péridurale » ne fait déjà plus effet. Or, avec l’ocytocine, les contractions sont vraiment méga douloureuses. On me prépare pour la poussée. Je suis dans un état quasi-second à cause de la douleur. Autour de moi, ça parle allemand, j’ai du mal à me concentrer pour comprendre tout ce qu’il se passe. Mais je sais que la poussée n’est pas censée durer trop longtemps, donc ça me redonne du courage. Et ça dure, ça dure… À 19h30, pour essayer de m’aider avec la douleur, on me donne du gaz hilarant. À part me donner la tête qui tourne, ça n’est pas très efficace. Je suis sur le dos et ça n’a pas l’air de trop avancer, alors on me met sur à 4 pattes. Là non plus, ça ne marche pas, alors on me met sur le côté. Là j’ai tellement mal et j’ai du mal à respirer. On me met le masque à oxygène.
Une poussée interminable et une expression abdominale
Après 2 heures de poussée, je suis vraiment à bout de force et un peu désespérée. La sage-femme me dit de me vraiment concentrer pour continuer à pousser. Je donne tout mais ça ne marche toujours pas. Ils disent qu’ils ne peuvent pas faire d’épisiotomie, que le bébé est trop engagé. Il y a un médecin qui arrive dans la salle en renfort. À 20h30, elle monte sur le lit à côté de moi et lorsque la contraction arrive appuie sur mon ventre pour faire descendre et sortir le bébé. Comme j’ai vu des témoignages sur ce genre de pratique, ça me panique complètement, j’ai très peur mais je suis tellement ailleurs que je ne dis rien. Et là, à 20h50, la délivrance, mon bébé sort enfin. J’entends son cri, je suis heureuse. Mon mari me dit que c’est un garçon – on voulait avoir la surprise – et on me l’apporte pour faire du peau à peau. Cette première fois où j’ai vu mon bébé, c’était un peu surréaliste. Je n’étais pas en état d’apprécier je crois.
Une grosse déchirure suite à l’accouchement
Je pensais que c’était fini, mais là je lève les yeux vers les sages-femmes et je vois leurs têtes un peu affolées. Tout d’un coup d’autres personnes débarquent dans la salle. On les entend d’abord indistinctement puis on entend dire :
« Il y a beaucoup de sang »…
Et là, on vient me voir et on m’annonce que j’ai une grosse déchirure et qu’il faut m’emmener au bloc pour recoudre.
Mon mari reste avec notre bébé, en peau à peau, pendant que je vais au bloc. Là on me refait une anesthésie locale, on me recoud et je peux remonter dans ma chambre, retrouver mon mari et mon bébé. Il est 23 heures.
Je mets mon bébé au sein pour la première tétée de colostrum. Ça me fait mal, ils reprennent le bébé, j’ai le téton en sang… On arrête là pour le moment. Il est tard, ils nous disent de dormir. Mon mari peut rester dormir sur un fauteuil à côté de nous pour la nuit. On a par la suite pu avoir une chambre rien que pour nous, et mon mari est resté avec nous tout le séjour à l’hôpital. Ce n’est que le lendemain de l’accouchement, quand j’ai vraiment pu regarder mon bébé et le sentir contre moi, que je me suis sentie mère. Ça a été super.
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Un deuxième accouchement redouté mais plus serein
Pour notre deuxième enfant, nous avons commencé les essais en août 2021. Même si elle aussi était désirée, cette deuxième grossesse nous a un peu pris de court, car tout est allé très vite.
Le choix de la césarienne « de confort »
Après ce premier accouchement traumatique, j’avais très peur que la même chose se reproduise. J’ai donc pris la décision de de vraiment bien m’organiser, de m’entourer de personnes qui respecteraient mes souhaits d’accouchement. Cette fois-ci, je voulais avoir une césarienne. Et, encore une fois, ça a été le parcours du combattant… Médecins et sage-femme ultra jugeants, qui font tout pour me dissuader et me culpabilisent. J’ai fini par réussir à trouver une maternité qui m’a acceptée, quel que soit mon choix. Là-bas, j’ai été très bien accompagnée par mon mari, une psychologue, une sage-femme et mon gynécologue. Finalement, ça a été le bon choix, car le bébé était très gros !
La naissance était planifiée pour le 7 juin. Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, on nous a d’abord testé pour le Covid-19, puis on m’a fait un monitoring. On m’a ensuite préparée pour la salle d’opération (rasée, habillée) et on m’a installée pour la rachi-anesthésie.
« On oublie à quel point ce moment de la rencontre est fort »
J’étais assez stressée, mais tout le monde a été très gentil avec moi. On m’a ensuite allongée pour la césarienne, ils ont installé le champ et mon mari a pu se mettre à côté de moi. C’était assez impressionnant d’avoir le champ au-dessus de ma tête. En plus, même si l’opération ne fait pas mal, on sent quand même tout, et ça secoue pas mal. On sent qu’ils écartent un peu le ventre, qu’ils poussent sur les côtes… J’avais un peu la nausée au bout d’un moment – les effets de l’anesthésie je suppose -, mais ensuite, j’ai entendu mon bébé crier et ils me l’ont amené. Cette deuxième fois, ça a vraiment été magique. On oublie à quel point ce moment de la rencontre est fort. Et à quel point un nouveau-né, c’est petit ! J’ai pu lui faire des bisous et le câliner un peu. J’étais très très heureuse.
Mon mari est ensuite allé faire la pesée et mesure du bébé pendant qu’ils finissaient de me recoudre. Une fois tout cela terminé. On m’a amenée dans une chambre avec mon bébé pour qu’on se repose.
Les suites de couche en Allemagne
J’ai vraiment apprécié mes séjours à la maternité, pour mes deux accouchements. En Allemagne, on nous fournit tout pour le bébé : le linge, les couches, les langes… Rien à penser donc, même pas à faire à manger puisqu’il y a une cantine.
Le premier accouchement avait quelque chose d’un peu irréel, mais ça s’est bien passé. En Allemagne, le papa peut rester un mois à la maison après la naissance, donc on en a vraiment profité pour découvrir notre nouvelle vie à trois. Tout s’est fait naturellement.
Après mon deuxième accouchement, j’étais contente de rentrer pour retrouver mon premier enfant. Cette fois-ci, on s’est organisé un peu différemment. Mon mari gérait notre premier et l’intendance, et moi je m’occupais du bébé.
Deux post-partums aux antipodes
En Allemagne, les enfants ne peuvent aller en crèche qu’à partir d’un an. La maman est donc en congé parental pendant au moins les 12 premiers mois.
Mon premier post-partum a été très compliqué, du fait de l’accouchement difficile, mais aussi parce que mon bébé ne dormait jamais – ou du moins très peu. J’étais donc épuisée. Comme nous résidons à l’étranger, je ne bénéficiais d’aucun support d’aucune aide. Au bout de 6 mois, j’ai appelé mon père à l’aide et il est venu une semaine pour que je puisse vraiment me reposer. En parallèle de ça, nous avons pris rendez-vous avec une sage femme spécialisée dans le sommeil et ça nous a énormément aidé. Vers les 7-8 mois de mon bébé, j’ai commencé un peu à reprendre goût à passer du temps avec lui.
Je pense que mon premier accouchement a eu une influence sur ma période de post-partum. Je n’y ai pas songé tout de suite, mais c’est en faisant un travail avec ma psychologue un an plus tard que j’ai fait le lien. Ça a vraiment été un traumatisme pour moi, même si je me raccroche aux quelques bons souvenirs de cette journée et du séjour à la maternité. Si c’était à refaire, je pense que j’aurais posé plus de questions sur ce qu’il se passait au fur et à mesure afin de pouvoir donner mon avis, des directives. Je pense que j‘ai vraiment subi la chose, et la barrière de langue n’a pas aidé.
Au contraire, je garde un très bon souvenir de mon deuxième accouchement. Je suis soulagée d’avoir pris la bonne décision par rapport à la césarienne. J’ai pu profiter tout de suite de mon bébé et ça c’était la plus belle des récompenses.C’était un bébé vraiment cool. Qui dormait très bien, tétait très bien. Pendant l’été, nous avons eu beaucoup de visites donc je me suis sentie bien entourée et beaucoup moins fatiguée.
Merci infiniment à Juliette* pour son témoignage.
* Le prénom a été modifié.
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