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Santé

« J’aurais aimé qu’on m’en parle avant » : Emy Ltr confie sa fausse couche et lève le tabou

Emy Ltr confie que sa grossesse a été récemment interrompue. Son témoignage bouleversant rappelle la nécessité de briser le silence qui entoure les fausses couches — « parce que c’est réel ». 

« Je viens de perdre quelqu’un que je ne vais jamais rencontrer. »

Dans une vidéo partagée le jeudi 12 août sur Instagram, la vidéaste Emy Ltr s’est confiée sur l’arrêt de sa grossesse, survenu le week-end précédent. Le message dure moins de cinq minutes mais l’émotion est palpable.

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« Ce bébé avait une anomalie mais il s’est accroché jusqu’au bout, son cœur a battu jusqu’au dernier moment et c’est ça que j’ai envie de retenir, c’était un battant malgré le fait qu’il ne soit pas “viable”, comme ils l’ont dit là-bas. »

Cette bouleversante prise de parole a été vue plus de 320.000 fois et rappelle que l’interruption de grossesse est une réalité, qui peut toucher n’importe qui. D’où la nécessité d’en parler.  

44 grossesses perdues chaque minute

La fausse couche correspond à un arrêt spontané de la grossesse avant la 22e semaine d’aménorrhée (soit environ 5 mois), date de viabilité du fœtus. Elle peut être précoce (si elle survient avant la 14e semaine d’aménorrhée) ou tardive (entre la 14e et 22e semaine d’aménorrhée).

Un rapport publié dans la revue The Lancet, en mai 2021, estime que 23 millions d’interruptions de grossesse se produisent dans le monde chaque année. Cela correspondrait à 44 grossesses perdues par minute.

Plusieurs symptômes comme des saignements vaginaux, des douleurs dans le bas du dos ou dans l’abdomen, des crampes ou encore une expulsion par le vagin de tissus brunâtres peuvent alerter sur un risque de fausse couche, mais certaines personnes apprennent l’arrêt de leur grossesse lors d’une échographie, sans même que leur corps ait commencé l’expulsion. Par ailleurs, des saignements en début de grossesse n’annoncent pas forcément une fausse couche.

En cas de doute, il est toujours préférable de consulter son médecin, notamment si des douleurs accompagnent ces pertes de sang.

« Là nous sommes en vacances et ça s’est passé ici ; c’était une fausse couche très douloureuse et très impressionnante », explique Emy Ltr à ses abonnés.

Médicalement, il existe plusieurs prises en charge pour un arrêt de grossesse : on peut laisser l’expulsion se faire naturellement, prendre un médicament qui déclenche le processus ou pratiquer une aspiration sous anesthésie générale.

« J’aurais aimé qu’on m’en parle avant », ajoute la vidéaste, témoignant du silence qui règne encore autour de ce sujet. 

Fausses couches et culpabilité

La cause d’une fausse couche isolée — lorsque la personne enceinte n’a fait qu’une seule fausse couche — est rarement étudiée. La plupart du temps, elle est liée à une anomalie chromosomique chez l’embryon qui stopperait son développement normal et aboutirait à son expulsion, selon le site d’Ameli.

Face au manque d’information sur la cause de leur fausse couche, certaines personnes (et leurs partenaires) ont tendance à se reprocher l’arrivée d’un tel évènement, comme le regrette The Lancet dans l’éditorial accompagnant le rapport paru en mai 2021.

« Le chagrin personnel et les idées reçues — par exemple, la croyance que la fausse couche peut être causée par le fait de soulever des objets lourds, ou qu’il n’existe pas de traitement efficace — peuvent amener les femmes et leurs partenaires à se sentir fautifs ou à se débrouiller seuls. […] 

Pendant trop longtemps, le fait de faire une fausse couche a été minimisé et, souvent, pas pris au sérieux […]. Il est temps de ne plus se contenter de dire aux femmes “Essayez encore”. »

À travers sa vidéo, Emy Ltr invite les personnes traversant cette expérience à ne pas porter le poids de la culpabilité : 

« Je veux aussi parler à toutes les femmes qui affrontent ça. Je trouve ça bien que l’on s’apporte de la bienveillance, et que l’on n’en fasse pas un tabou, parce qu’il n’y a aucune honte, ce n’est pas de notre faute, c’est comme ça et il faut l’accepter. »

La nécessité de ne pas rester seule

Perdre son bébé est traumatisant et en parler est une façon d’avancer : « Ça peut paraître bête, mais le fait d’en parler, de faire ce message, de dire qu’il a existé, que je l’ai porté et qu’il a été avec nous, ça me fait du bien », confie la vidéaste sur Instagram.

La souffrance physique et psychique pouvant être causée par un tel évènement nécessite en effet d’être accompagnée, par des proches et/ou du personnel médical. Les auteurs du rapport publié dans The Lancet recommandent que les personnes ayant vécu une fausse couche puissent bénéficier d’un « suivi minimum », avec notamment un soutien psychologique pour elles ou pour leur couple.

À l’heure actuelle, il n’existe pas de protocole pour l’accompagnement psychologique de l’arrêt précoce d’une grossesse en France

De son côté, Emy Ltr a décidé de prendre du temps pour « se réparer ». Elle tient à préciser :

« Ce message est pour les papas aussi. J’ai la chance d’être accompagnée par l’homme le plus extraordinaire que l’on puisse trouver sur Terre, et il souffre aussi. On parle souvent des mamans, des femmes qui perdent leur bébé, mais il faut se rappeler que c’est un deuil, un vrai deuil qu’on vit à deux. »

Sous son post, plus de 5000 commentaires remercient la vidéaste d’avoir parlé de ce sujet et lui apportent du soutien. Certaines abonnées partagent aussi leurs témoignages de fausses couches et évoquent le silence dans lequel elles s’étaient murées. 

Chaque année, 15% des grossesses dans le monde s’arrêtent prématurément. Cette réalité, il faut en parler.  

À lire aussi : Fausse couche : « Comment faire le deuil de quelqu’un qu’on n’a pas vraiment connu ? »


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Les Commentaires

7
Avatar de LolitaFlor
18 août 2021 à 11h08
LolitaFlor
Je suis toujours assez perplexe quand on parle de lever le tabou de la fausse couche, comme si on ne la mentionnait jamais alors que dès que je lis quelque chose sur le premier trimestre de grossesse, il en est question. Que ce soit sur internet ou dans des livres édités à différentes dates. Et récemment pas mal de personnes connues ont témoigné publiquement en avoir vécu ! Évidemment, cela ne les rend pas plus facile à vivre, malheureusement...
Perso, j'ai toujours su que ma mère avait fait une fausse couche avant de m'avoir, idem pour certaines de mes tantes. Après, je comprends que dans les cercles moins proches, on n'ait pas forcément envie d'en parler sauf si le sujet est abordé.
On a choisi d'annoncer la grossesse assez rapidement à nos proches (dès qu'on a eu le résultat de la prise de sang, soit à 6 semaines d'aménorrhée) car je préfère le dire plutôt que ce soit un secret de polichinelle car je ne bois plus d'alcool et que tout le monde le grille sans rien dire. On a une échographie "de viabilité" demain (à 8 semaines), j'espère que je ne vais pas regretter de l'avoir annoncé comme @Kettricken ... Après, normalement, comme la probabilité de FC diminue régulièrement avec l'âge gestationnel, et si tout va bien a 8 semaines, la probabilité de FC est assez réduite par la suite, je croise les doigts...
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