L’apparence est très importante au Japon, et la population féminine l’a bien intégré. Dans les rues, dans le métro, et spécialement à Tokyo, on a vite fait de se sentir « en friche » : les Japonaises sont maquillées, coiffées au cheveu près, habillées avec soin et juchées sur des talons en permanence. Loin des looks manga ou gothic lolita, qui existent essentiellement à Harajuku, le quartier le plus fashion et le plus exubérant de la capitale nippone, les executive women sont en noir et petits talons, l’équivalent du « costume noir chemise blanche » de rigueur pour les salary men. Les femmes dans une situation d’entre-deux se permettent plus de fantaisie… une respiration sans doute nécessaire après toute une scolarité en uniforme.
Pour dix centimètres de plus
Mon mètre 56 adore le Japon. Fini la sensation d’être trop petite ! Les femmes japonaises sont en moyenne moins grandes que les Françaises (même si on constate que la nouvelle génération fait bouger le mètre-ruban). Une réalité pas toujours commode pour les expatriées : au-delà de la taille 40, adieu les marques japonaises ! Mais pour celles qui sont au format nippon, les boutiques sont partout, proposent une grande variété de vêtements, à tous les prix, le plus souvent dans des centres commerciaux de 5 étages où les vendeuses hurlent leurs réductions et offres spéciales pour appâter le chaland.
Bien sûr les tendances ont traversé les frontières, genre slims et robes à col claudine, mais je vois au quotidien un goût très net pour les jupes à volants, les pulls dégoulinants ou à petits trous, la dentelle, les boutons nacrés, les perles de culture… et les fameuses chaussures à talons, escarpins, platform shoes et compensées – c’est simple, même les mères qui portent leur bébé en écharpe ne marchent pas à plat. Côté vêtements, les Japonaises empilent facilement, et le mix and match est souvent réussi ; il faut dire que le travail est parfois prémâché. Certaines enseignes vendent des kits « tenue complète parfaitement assortie » : pull ajouré, haut à petits motifs et sautoir, ou bien la robe et son écharpe, la robe longue et son pull…
Le culte de la blancheur : le règne des leggings et visières
Au Japon, il n’est pas indécent de montrer ses cuisses. L’uniforme des lycéennes impose la jupe plissée courte, assortie de bas sombres au-dessus du genou, laissant apparaître une bande de peau à connotation érotique pour les Occidentaux, mais assez banale ici. Si l’ultra-court est très bien toléré, en revanche, la peau nue est plus rare. Eh oui : la norme, en matière de beauté, exige d’avoir la peau claire. Le culte du visage blanc ne date pas d’hier mais d’une bonne dizaine de siècles, où il était signe de pureté et d’aristocratie – une tradition encore bien vivante. Les rayons cosmétiques débordent de crèmes « whitening », un produit développé par toutes les marques spécialement pour l’Asie. Le soleil n’est donc pas le bienvenu… et les immigré-e-s dont je fais partie ont de nombreuses occasions de sourire en coin à la vue de Japonaises littéralement camouflées malgré la chaleur. Affrontant courageusement les 35°C (courant l’été dans le Kantô, la région de Tokyo), les femmes se planquent sous une ombrelle ou une visière (oui), des manchons et des leggings pour protéger leur épiderme de toute coloration malvenue.
Plus t’en mets, plus t’en as !
Les femmes japonaises ont la réputation, pas forcément glorieuse, de se maquiller énormément… mais d’avoir un teint parfait, (a priori) dû à la technique du layering
qui s’est exportée bien au-delà de l’archipel. Annelise vous l’expliquait d’ailleurs dans son article sur le rituel beauté au Japon !
Petite séance de rattrapage pour celles du fond : le layering, comme son nom l’indique, est un empilage de produits sur la peau, une routine de soins pour le visage (démaquillage, nettoyage, lotion, lait ou sérum, crème, contour des yeux) qui entretient la peau et la prépare pour le maquillage. Si la technique est réputée pour donner un teint parfait, il faut dire que beaucoup de Japonaise maîtrisent très bien l’art du maquillage, ce qui facilite la chose !
Au rayon des produits spécifiques, on trouve notamment des épilateurs pour bras (le poil est un ennemi), des faux cils en veux-tu en voilà (dont le port n’est pas réservé aux soirées trop arrosées), des papiers poudrés pour faire disparaître tout sébum inconvenant, et des kilos de BB crèmes, qui ont commencé leur invasion par l’Asie.
Un peu de kawaii dans ce monde de brutes
Se maquiller en 12 étapes, ça n’est pas inné… On trouve dans les magazines féminins des tutoriels épatants, expliquant de A à Z comment se faire un maquillage complet. Ca dépend de la source, mais si on évite les publications lolita-kawaii, complexité ne rime pas avec vulgarité. Le rendu reste naturel : teint uniforme et lumineux (enfin, si on considère que c’est naturel), paupières soulignées d’un trait de crayon fondu, joues rosées et lèvres nude : mignon et discret, tout à fait l’idéal japonais ! Au Japon, il me semble qu’on n’attend pas des femmes qu’elles soient sexy. Ce qui compte, c’est qu’elles aient l’air mignonnes, kawaii en japonais – même si elles travaillent dans un bar à hôtesses. « Kawaii ! », c’est ce qui ressort de tout essayage – bottes cloutées, perfecto, robe léopard, tout est cute, il faut s’y faire, c’est un compliment.
En France aussi, on s’habille et se maquille par convention sociale : on s’habille « sérieusement » pour aller travailler, pour aller au resto, et les jeans sont minoritaires parmi les sièges rouges de l’opéra. La notion de « convention sociale » est-elle plus présente au Japon ? Je crois que oui. Les gens font très attention à ce qu’ils montrent aux autres. Le quotidien est rythmé par des phrases rituelles, des formules bien policées auxquelles tout le monde se plie ; et il est très important de ne pas s’exclure du groupe et donc d’agir et de parler comme les autres. La différence n’est pas valorisée : il ne faut pas prêter le flanc aux possibles reproches… et prendre soin de son apparence fait partie du jeu.
Je file, il faut que j’aille coller mes faux cils !
PS : et toi, pour qui tu te maquilles, tu t’habilles ? Pour toi ? Pour les autres ? Un peu des deux ? La beauté « à la japonaise », c’est un concept qui te parle ?
Les Commentaires
J'aime vraiment la "fraîcheur" des jeunes japonaises avec leur maquillage discret mais très travaillé, et les tenues Kawaii qui leurs sied parfaitement !
J'ai adopté par ailleurs un style similaire à celui des japonaises car cela me correspond très bien, c'est tout à fait en phase avec mes goûts et oui même à bientôt 25ans ! mais alors ? il n'y a pas d'âge pour être Kawaii ! bien évidemment par la suite il faut adapter en fonction..
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Je suis au Layering depuis un bon moment et ma peau s'en porte très bien ! pour celles qui ont peur du côté "mille couches de produits chimiques" vous pouvez toujours adapter cette technique ne utilisant des produits naturels et/ou bio !
J'aime également beaucoup les coiffures des japonaises, certaines sont très simples et l'on se dit "mais oui ! pourquoi je n'ai jamais pensé à attacher mes cheveux ainsi ?!" c'est comme ci elles savaient tout "mignonniser" ! (oui j'invente de nouveaux verbes ^^') j'achète pas mal de vêtements sur des sites spécifiques de mode japonaise, coréenne et chinoise seul hic ce n'est pas accessible pour toutes car il vaut mieux être petite et faire un petit "S".
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Pour le maquillage je suis très impressionnée lorsque je visionne des vidéo sur youtube de jeunes filles qui se maquillent beaucoup et qui en ressortent "naturelles" mais "transformée" !.