— Image d’illustration : Cosplay of Kill la Kill characters Satsuki and Ragyo, at FanimeCon 2014
Il y a quelques semaines, c’était la seizième édition de Japan Expo. Au programme : goodies, danses traditionnelles, concerts, et surtout… du COSPLAY !
En effet, comme chaque année depuis 2011 se tenait la finale de l’European Cosplay Gathering (ECG pour les intimes). Je suis ressortie de ce show de plus de deux heures avec des étoiles plein les yeux, et comme à chaque fois, l’envie furieuse de me mettre à la couture et de débarquer avec une armure qui déchire l’année prochaine (on peut toujours rêver).
Faut dire que le niveau avait été assez haut l’année dernière.
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Le cosplay, et tout le travail que cela implique
Le cosplay, comme vous l’explique très bien LadyDandy, vient de l’expression « costume play » et consiste à se déguiser autant qu’à jouer son personnage. Lors des shows, les cosplayeurs ne se contentent généralement pas de défiler : ils se mettent en scène en reproduisant ou en parodiant des extraits de l’oeuvre d’où vient leur costume.
Le tout peut aller assez loin : certain cosplayeurs portent leurs costumes, ont plusieurs armes différentes et même des décors qui évoluent pendant leur prestation. Tout est pensé minutieusement, puisqu’ils n’ont souvent que quelques minutes sur scène : leur chorégraphie, calée sur la bande-son, ne doit souffrir d’aucun accroc !
Ce sont donc des gens très polyvalents : ils doivent créer un costume complet, parfois à partir d’un unique dessin. Mais il y a aussi le décor, le montage de la bande-son pour leur présentation, la chorégraphie de leur passage, les bonnes astuces pour se changer rapidement (eh oui, une performance ne veut pas forcément dire un seul costume !)… Et surtout, ils font leurs propres chaussures.
Leurs chaussures.
Cette personne m’impressionne beaucoup trop. (source)
Lors des performances, même si on sent que tous les cosplayeurs ne sont pas à l’aise sur scène ou face à un public (après tout, ce sont souvent des amateurs ou des autodidactes), il est clair que ce sont des gens passionnés qui aiment ce qu’ils font et qui sont fiers de présenter leurs créations.
Enfin, il faut savoir qu’
on peut faire du cosplay sur autre chose que des mangas ou des jeux vidéo ! Par exemple, cette année, les trois Françaises qui ont remporté le prix de groupe avaient choisi le film Van Helsing. Certain•e•s adaptent également des personnages de jeux de rôle ou de romans.
Bref, tu l’auras compris, je suis fan de cosplay, et je respecte très très fort les cosplayeurs. Mais c’est loin d’être le cas de tout le monde…
Les conventions et les grands médias
Les événements et conventions qui tournent autour de la culture japonaise comme Japan Expo, Japan Touch ou Paris Manga sont souvent traités de manière méprisante par les grands médias. La communauté est encore aujourd’hui perçue comme infantile et un peu à côté de la plaque.
Le cosplay n’est pour ces journalistes qu’une activité étrange, un simple déguisement porté par des adultes qui sont restés des ados et qui refusent d’arrêter de « jouer ». Un reportage de France 3 avait notamment fait grand bruit fin 2014, en grande partie à cause du ton condescendant de la journaliste. Une partie importante de la communauté était montée au créneau face à tant de mépris…
Au-delà du fait que tout le monde ne connaît pas cette culture, je ne comprends pas pourquoi la mode et le cosplay sont traités si différemment. On n’est pas toujours tendres avec les modeux, mais j’ai l’impression qu’au moins on respecte leur travail. Personne ne s’étonne de voir des stars du monde entier se rendre aux défilés de prestigieux créateurs, quand bien même ils présentent des pièces plutôt particulières, et personne ne s’étonne de voir autant de monde apprécier cela.
Le cosplayeur, lui, n’est certes pas créateur ni styliste, mais il fait un travail tout aussi énorme ! Entre le choix des matières, les patrons, les tissus, la couture, le travail de modélisation… pourquoi, finalement, le considérer différemment ? Et puis, comme pour la mode, ces costumes ne sont pas « juste » des déguisements : avec les performances sur scène, on s’approche du théâtre. Tous les cosplayeurs ne sont pas des bêtes de scène, mais c’est leur manière de s’exprimer !
Et si, comme pour la mode, on voyait le cosplay comme de l’art ? Moi, je dis oui.
La bonne nouvelle, c’est que le cosplay est de plus en plus pris au sérieux — et c’est un peu normal quand on voit à quel point Japan Expo est mainstream. Bien sûr, on pouvait déjà trouver des reportages et interviews de qualité avant ça, mais ils s’adressaient surtout à un public de niche, et je trouve qu’on ne peut que se réjouir de voir des grands médias traiter le sujet sérieusement ! À commencer par l’excellent épisode du très bon web-magazine BITS sur ARTE que je te conseille bien fort si tu veux qu’on te parle intelligemment de pop-culture.
N’hésite pas à regarder les bonus, c’est très complet !
M6 a également fait un beau boulot à l’occasion de Paris Manga, avec un reportage neutre mettant en avant les qualités nécessaires aux cosplayeurs.
L’ECG et moi, à la vie à la mort
Même si je suis incapable de faire mes propres ourlets, j’ai toujours adoré le cosplay. C’est cool, ça claque, ça me rappelle les séries que j’ai vues et les jeux auxquels j’ai joué. Et puis, j’ai toujours envié ces gens qui ont trouvé le temps et la patience de s’investir dans un projet aussi cool…
J’adore me balader dans les allées de Japan Expo et admirer ceux qui passent. D’ailleurs la tentation d’arrêter chaque cosplayeur pendant de longues minutes pour le photographier est grande, mais il ne faut pas oublier qu’ils viennent eux aussi pour la convention (et qu’ils ont payé leurs billets… et aimeraient bien en profiter).
Si un•e cosplayeur•se refuse de vous laisser le photographier parce qu’il ou elle mange/sort des toilettes/est en train d’enlever son costume/n’a juste pas envie, alors laissez-le tranquille ! Vous aurez bien l’occasion de le/la recroiser pendant la convention. Même si cela paraît évident, on voit trop souvent des visiteurs les insulter juste parce qu’ils ne se tiennent pas à leur disposition. Alors, soyons respectueux et laissons-les aussi profiter de l’évènement !
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Cependant, les cosplayeurs ont beau prendre des poses magnifiques au coin d’une allée, le cosplay amateur a ses limites lorsqu’il n’est pas présenté sur scène.
Ce que j’aime avec l’ECG, c’est que c’est une vraie compèt’ : les cosplayeurs ont la scène pour eux tout seuls, et plusieurs milliers de personnes les regardent. L’ECG, c’est onze (treize pour la prochaine saison) pays qui s’affrontent dans deux catégories : groupe et solo. Ce sont vingt-deux performances de haut niveau et quasiment deux heures de show non-stop qui s’enchaînent. C’est la crème de la crème du cosplay européen ; l’ambiance est dingue, les gens sont survoltés, et chaque fois qu’une performance joue sur un twist de l’œuvre, t’as le coeur qui bat un peu plus fort…
En plus de la finale le samedi, les sélections françaises pour la saison suivante se tiennent aussi à Japan Expo le dimanche — autant te dire que pendant deux jours, j’en bouffe, du cosplay. C’est mon rendez-vous annuel d’amour, et c’est en grande partie ce qui motive mon retour à Japan Expo (plus que les stands de goodies).
Bref, je crie mon amour au cosplay et aux cosplayeurs. Je dis merci à l’ECG de continuer chaque année à nous proposer un concours de folie… et on se dit rendez-vous à Japan Expo 2016 pour la finale de la saison 6 !
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