Jane Birkin, née à Londres le 14 décembre 1946 et disparue à Paris le 16 juillet 2023, aura marqué les esprits par sa voix à l’accent britannique indéfectible, ses talents d’actrice, ses engagements sociaux, mais aussi ses looks devenus presque synonymes de l’esthétique des années 1960, 1970, avant de devenir intemporels. Des mini-robes et micro-shorts à la dégaine masculine oversize, en passant par son fidèle panier en osier et son mythique sac Hermès à son nom, rétrospective du style haute-hippie de l’inoubliable Jane Birkin.
La mini robe (supplément transparence)
Pour la première du film Slogan de Pierre Grimblat en 1969 (« année érotique »), Jane Birkin, qui y joue la protagoniste principale, a surpris le tapis rouge en arborant une robe particulièrement courte et transparente. Au sujet de cette fameuse « naked dress » emblématique, l’actrice et chanteuse a commenté auprès de Vogue France :
« Je n’avais pas réalisé que [la robe] était si transparente. C’est l’effet flash de l’appareil photo du photographe. Si j’avais su, je n'[aurais] pas mis de culotte ! »
Grande habituée des mini-robes, Jane Birkin a aussi marqué les esprits par un modèle tablier signé Paco Rabanne (grand couturier dont elle affectionnait particulièrement les créations, marquant durablement l’esthétique seventies). Sur une célèbre photo d’elle datant de 1972, on la voit porter une robe dont elle a retiré 25 cm de la cotte de mailles signature de la maison pour la rendre plus courte encore, comme elle l’a confié à Man Repeller :
« J’avais et portais une robe très courte de Paco Rabanne, seulement j’ai enlevé environ 10 pouces de métal du bas pour que vous puissiez voir ma culotte. Les Anglaises portaient des vêtements plus outrageusement courts que les prudents Françaises. Ces dernières voulaient toutes rester de bon goût, alors qu’on s’en foutait. Nous avions l’arrogance de la jeunesse, pensant que nous faisions tout beaucoup mieux. »
Le mini-short avec des longues chaussettes
Si elle détestait que ses amants portent des chaussettes ou même des sous-vêtements dans leur jean, il arrivait que Jane Birkin troque ses mini-robes pour des mini-shorts, à porter volontiers avec de longues chaussettes. C’est l’un des looks les plus marquants autour de la promotion de son premier album, Di doo dah, paru en 1973 : une blouse bohème, un short en jean microscopique, et des mi-bas noirs glissés dans des escarpins.
La dégaine oversize et masculine passée la quarantaine
Si une grande partie de l’imaginaire collectif visualise facilement les looks de Jane Birkin dans les années 1960-1970, toujours plus courts et transparents, c’est à partir de la quarantaine que l’artiste se trouvait la plus intéressante d’un point de vue stylistique, comme elle l’a confié à Vogue :
« Quand je vois des photos de moi de 1968, mes grands yeux de poupée soulignés d’eye-liner, frange, je trouve ça horrible. Je me trouvais le plus intéressant à quarante ans. J’ai commencé à porter des marcels de coton écossais, des chemises homme agnès b., des pantalons oversize upgradés d’une fine ceinture en cuir rouge et des baskets sans lacets. Les vêtements pour hommes surdimensionnés sont bons quand vous vieillissez. »
Le panier en osier en guise de sac de ville
Bien avant de donner son nom de famille à un sac Hermès, Jane Birkin était déjà légendaire pour le port d’un tout autre accessoire. C’est dans les années 1960 qu’elle se serait acheté un panier en osier portugais sur un marché à Londres, avant d’en faire la signature de la plupart de ses looks des sixties et seventies. Se balader en ville été comme hiver, voire fouler des tapis rouges dans des looks grands soirs avec un sac décontracté à la matière si rustique créait un contraste particulièrement frappant. Mais au début des années 1980, son mari Jacques Doillon a roulé volontairement sur le fameux panier en osier de Jane Birkin qui devait donc être bien contente qu’Hermès lui fabrique un sac en 1984.
Le sac Birkin
Dans le film qu’Agnès Varda lui consacre, Jane Birkin vide… son Birkin, et regarde la caméra pour demander :
« Alors, tu as appris quelque chose sur moi maintenant que tu as vu mon sac ? Même si on déballe tout, on ne dévoile pas grand-chose… »
Et la création de ce sac a tout d’une légende. C’est en 1981 que l’artiste se retrouve assise à côté du directeur général d’Hermès, Jean-Louis Dumas, dans un vol Paris-Londres, et qu’elle lui évoque l’idée de créer un sac plus grand que le Kelly. C’est ainsi que le Birkin se retrouve commercialisé à partir de 1984. Il s’en fabriquerait aujourd’hui environ 12 000 par an, ce qui est bien deçà de la demande, d’où la rareté de cet accessoire de luxe qui le rend d’autant plus collector et fait fructifier sa valeur dès la sortie de la boutique. Sa création nécessite 48h de travail, réalisées par un seul et même artisan du début à la fin. Mais c’est encore Jane Birkin qui le raconte le mieux :
« Je prenais l’avion pour Londres, on m’a surclassée, et je me suis retrouvée assise à côté d’un gentleman très poli, et j’avais mon agenda et un sac plein de papiers et d’affaires, et tout est tombé par terre. Alors il m’a dit que je devrais avoir des poches dans mon agenda. J’ai dit ‘Que voulez-vous, Hermès ne le fait pas avec des poches.’ Il m’a répondu : ‘Je suis Hermès.’ Alors plutôt que de créer un agenda à poche, j’ai suggéré de créer un sac plus grand que le Kelly, mais plus petit que ma valise qui pèse une tonne. Il me demande comment je l’imagine. Alors j’ai pris le sac à vomi de l’avion, et j’ai dessiné un croquis dessus. Il l’a pris avec lui et un mois plus tard, j’ai reçu un appel d’Hermès qui m’invitait à venir en voir le prototype. Quand je l’ai essayé, on m’a dit qu’il m’allait très bien et m’a demandé si j’acceptais que le sac porte mon nom. J’ai accepté, j’étais si flattée. »
La rumeur veut que, initialement, Jane Birkin ait uniquement été rétribué par son sac en guise de remerciement pour l’utilisation de son nom, puis elle aurait été payée 40 000 € / an, pour entretenir cette autorisation (qui a failli voler en éclat suite à un scandale autour d’une ferme de crocodile en 2015).
Depuis, son nom était tellement associé à celui de la maison, que c’est tout naturellement qu’elle a défilé pour la collection Hermès automne-hiver 2000-2001. La boucle était ainsi bouclée.
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