Le 20 octobre dernier, je me suis rendue à la convention Welcome to Sunnydale, consacrée à la série Buffy contre les Vampires et permettant aux fans de se rassembler autour d’activités diverses. L’attraction principale : la présence de trois acteurs de la série, James Marsters (Spike), Nicholas Brendon (Alex) et Clare Kramer (Glory/Gloria). L’occasion de constater que la série continue à rassembler des foules plus de dix ans après la diffusion du dernier épisode.
J’ai donc eu l’occasion de poser quelques questions à Nicholas Brendon et James Marsters : voici l’interview du second !
Alors, comment te traitent les fans depuis ton arrivée ?
Très, très bien. J’ai une chambre d’hôtel incroyable – et pour moi les critères sont simples : est-ce que les draps sont doux, est-ce que les oreillers sont bons, est-ce qu’il y a du wifi, et est-ce qu’il y a assez de calme pour que je puisse me reposer. J’ai voyagé dans le monde entier, et j’ai vu très peu de choses, parce que je bosse sans arrêt alors pour moi c’est simple : il me faut un endroit où dormir.
T’as eu le temps de faire un petit tour dans Paris au moins ?
Non ! Enfin, j’en ai eu l’occasion, mais j’ai préféré dormir douze heures d’affilée à la place… Mais j’ai pas eu de jour de repos depuis trois mois, alors avoir la chance de dormir douze heures, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse me faire… Mais j’adore Paris !
Ouais mais dormir, c’est mieux !
Haha ouais, il me faut un t-shirt « Je suis allé à Paris, je suis allé au lit »… Nan mais si y a une vie après la mort, je pense qu’on me punira pour avoir manqué autant d’occasions juste parce que j’avais du sommeil à rattraper…
Mais la dernière fois que je suis venu à Paris, je suis resté une semaine, dix jours… J’étais avec mon groupe, Ghost of the Robot, on a joué au Club Med, et ça c’était cool, j’ai pu voir Notre-Dame – d’ailleurs, j’avais les genoux qui tremblaient quand je suis enfin rentré dans la cathédrale. C’était tellement beau que j’en ai complètement perdu l’équilibre. On a joué sur le parvis de l’église, comme des musiciens de rue, tu sais, avec le petit chapeau pour demander de l’argent.
Y a des gens qui vous ont reconnus ?
Nan, nan, ils étaient là que pour la musique, ils se posaient pas de questions sur l’identité des musiciens… Et les gens ont apprécié, mais les flics sont arrivés au bout de 45 minutes pour nous dire de dégager. Mais c’était vraiment cool, en tant que groupe, de pouvoir simplement jouer notre musique sans la foule et l’excitation des concerts quoi.
Et d’ailleurs, vous avez prévu une tournée européenne pour Ghost of the Robot ?
L’été prochain. Charlie DeMars, le guitariste, m’a dit qu’il voulait bien faire une tournée européenne à condition qu’on passe par Paris.
Bon bah compte sur nous pour vous accueillir chaleureusement !
Cool ! Et mon fils sera avec moi. Il est teeeellement mignon…
Il a quel âge ?
16 ans, et c’est déjà un aimant à filles. Et il chante super bien, il chante sur deux chansons dans le prochain album, et il est vraiment bon.
Eh ben, il va en avoir des filles autour de lui…
Ouais… Mais sois gentille avec lui, il est nouveau à ce jeu-là…
Haha j’essayerai oui… Hum… Bon, et sinon, qu’est-ce que ça te fait de revenir sans arrêt à Buffy alors que ta carrière continue à avancer ? Ça te dérange pas ?
Non ! Mon dieu, non ! J’étais un acteur de théâtre fauché, j’avais du succès dans ce domaine, de bonnes critiques, et de bonnes pièces… mais j’étais toujours fauché. Et au théâtre, le public est limité. J’ai déjà énormément de chance de pouvoir vivre de ce métier… Mais le fait de faire partie d’un truc qui touche les gens d’aussi près, dans le monde entier, comme l’a fait Buffy, c’est un honneur. En tant qu’artiste, de faire partie de quelque chose d’aussi louable, dont tu peux être fier…
Et le thème principal de Buffy pour moi, c’est comment faire pour accepter le fait que le monde n’est pas parfait, que c’est un endroit bordélique, et ne pas lâcher l’affaire pour autant, ne pas laisser tomber face à tout ça. Et c’est un thème génial, qu’on peut faire durer longtemps, longtemps, longtemps… En grandissant, tout ce que j’avais à regarder c’était La Planète des Singes – et les deux premiers films sont plutôt bons – mais le thème, c’est « le monde est horrible, abandonnez tout espoir ». C’est très nihiliste.
Ouais, c’est assez déprimant comme film…
Très, très déprimant oui… Et grandir avec ça dans mes oreilles, ça m’a affecté. J’aurais aimé avoir quelque chose comme Buffy à cette époque là, pour me faire passer un message différent.
Ma génération peut effectivement en témoigner, grandir avec Buffy a été une expérience extraordinaire pour nous. Les thèmes abordés n’étaient pas spécialement uniques, ni originaux, mais la façon dont ça a été fait a tout changé… Il y avait de tout, et chaque épisode avait une intensité particulière, et un écho particulier en chacun de nous aussi. Et ton personnage reste quand même parmi les plus populaires – au début on avait Angel, c’était l’archétype du mec parfait-mais-pas-vraiment, qui nous faisait toutes rêver… Et d’un coup, Spike arrive, et tout le monde s’est dit, ok, nique Angel, il est TELLEMENT CHIANT à côté !
Hahahahaha, non mais le problème d’Angel c’était sa culpabilité constante, il fallait toujours qu’il se sente mal, et coupable pour tout, sans arrêt… Et moi je me sentais un peu triste pour lui parce que je pouvais me permettre de faire toutes les conneries possibles en gardant le sourire, j’en avais rien à foutre !
Et Angel devait toujours te raisonner, et rester sérieux, et profond… et c’était d’un chiant !
Le fardeau de la culpabilité !
D’ailleurs, je pense que Spike a l’une des meilleures transitions parmi les personnages de la série… Ils ont tous évolué au fil des saisons, certains plus que d’autres, mais Spike commence en méchant de base, puis en méchant forcé d’être gentil et en conflit constant avec son envie de tout péter et celle d’aider le Scooby Gang (et de se taper Buffy) et ça se termine en un énorme sacrifice que le Spike du début n’aurait jamais imaginé faire un jour.
Tu sais, la raison pour laquelle Spike est un personnage aussi intéressant est un accident. Joss Whedon ne savait jamais quoi faire avec mon personnage. Au début de chaque saison, il venait me voir en me disant « J’ai rien pour toi, j’ai des histoires pour tous les personnages, pour toute la saison, mais pour toi… rien, que dalle ». Et je lui répondais toujours « Tu vas trouver quelque chose Joss, ça va aller ». Donc il montait sa saison tranquillement, et il arrivait toujours un moment où l’un des autres personnages avait besoin d’être affecté par quelque chose – et c’est là qu’il choisissait de m’inclure, pour que Spike puisse affecter d’autre personnages.
Donc j’ai commencé en tant que méchant jetable, puis j’étais le voisin cinglé, puis le mauvais petit-ami, puis le héros. Et comme tout était parfaitement bien écrit, tout s’est enchaîné facilement, mais c’était pas vraiment calculé comme avec les autres personnages.
Et du coup, ça aurait peut-être moins bien marché si tout avait été parfaitement calculé depuis le début…
C’est ça ! Mais j’avais un peu de peine pour le personnage de Dawn, parce que je pense qu’avec elle ils voulaient créer un autre Spike… Et le truc avec cette série, c’est qu’elle a été écrite par des marginaux, tous les scénaristes étaient des marginaux quand ils étaient jeunes, moi aussi, et c’est écrit pour tous ceux qui se sont un jour sentis marginaux aussi – et c’est le cas d’à peu près tout le monde, finalement. Mais mon personnage était un marginal parmi les marginaux. Le Scooby Gang ne l’aimait pas, même les marginaux ne voulaient pas de lui.
Donc je suis devenu le méga-marginal, et sans que ce soit calculé, c’est devenu une sorte d’aimant pour l’attention du public. Et comme c’était pas prévu, c’était d’autant plus authentique – et quand ils ont essayé de le recréer consciemment avec Dawn, ça n’a pas eu le même effet.
L’arrivée de Dawn nous a tellement retourné le cerveau en plus, le fait de savoir qu’elle n’est pas censée être là et de voir tous les personnages agir comme si tout était normal, c’était horriblement frustrant…
C’était le petit truc de Joss, à chaque début de saison il fallait que les gens se demandent ce qu’il était en train de mijoter… Et d’ailleurs, il disait toujours « Ne donne pas au public ce qu’il veut, donne-leur ce dont tu crois qu’ils ont besoin ». Et ça a super bien marché.
Merci à James Marsters et à Spotlight Events !
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Les Commentaires
Non j'ai fait la trad à partir d'un enregistrement audio, j'ai pas la transcription en anglais.