Initialement publié le 22 mai 2020
J’avais sept ans lorsque j’ai fait ma première crise de jalousie, en même temps que mon premier caprice.
Ma toute première crise de jalousie
J’étais en balade dans un centre commercial avec ma mère et mon amie Marie, qui fêtait son anniversaire le lendemain.
Au détour d’une boutique de bijoux pas chers, j’ai découvert l’objet DE MA VIE. Enfin, c’était mon sentiment à ce moment-là. Il prenait la forme d’une boucle d’oreille à plume de paon. Une merveille parmi les merveilles, qui coûtait trois francs six sous, et gisait sous mon nez, attendant d’être cueillie et offerte par ma mère.
Marie, évidemment, a flashé sur le même bijou que moi, et ma mère lui a proposé de le lui offrir pour son anniversaire.
Déjà un peu vénère que l’on m’enlève le pain de la bouche, je demandais aussi calmement que possible si je pouvais moi aussi en avoir une paire. On m’a répondu que ce n’était pas mon anniversaire. Donc c’était un non.
Ivre de haine, renversée par un sentiment d’injustice, je cédais à la colère noire.
Ma mère n’a pas crié. Elle m’a simplement glissé à l’oreille :
« Tu seras punie pour t’être comportée comme ça. »
Calme comme l’eau qui dort… il fallait d’après l’adage que je me méfie d’elle ! Une fois rentrée à la maison, je ne reçus pas la moindre brimade. Le lendemain non plus, ni les jours qui suivirent.
La jalousie, un sentiment peu toléré chez moi
Quelque chose clochait, je le sentais. Et puis j’ai fini par oublier cette altercation.
Ça n’est qu’une grosse semaine plus tard, alors que ma mère devait m’emmener passer un week-end en Grèce avec elle, qu’elle m’a finalement déposée chez mes grands-parents, avec mon sac de fringues sur le dos.
Elle m’a glissé, amoureusement :
« Bon week-end mon chaton. »
Je compris que j’étais privée de vacances. C’était ma punition, et elle me l’octroyait sans une once de colère, juste avec un acte fort, qui allait m’apprendre la leçon. Par la suite, j’ai réfléchi à deux fois avant de céder à mes bas instincts, qui n’étaient décidément pas encouragés à la maison.
Toutefois, et bien plus tard, il m’est arrivé de retomber dans des schémas semblables.
C’est que, et sans chercher à justifier mon comportement… j’ai grandi toute seule. Fille unique, je n’ai jamais eu à partager avec d’autres enfants, non seulement matériellement mais aussi et surtout sentimentalement.
L’affection de mes parents m’était toute entière dédiée. Quant à l’amour de mes grands-parents et autres oncles et tantes, c’était pareil puisque j’étais la plus jeune de tous les petits.
J’ai donc longtemps évolué avec la douceur et le confort de l’exclusivité. Seulement, il faut bien sortir du cocon familial, se frotter au partage et même à la différence.
Ma première rencontre avec « l’adversité »
C’est en arrivant au collège, que j’ai pigé un truc douloureux : je n’étais pas la meilleure. Je n’étais pas la plus drôle, pas la plus extravertie, pas la plus belle ni la plus brillante.
Tous les jours, je regardais ces filles déjà superbes et hilarantes, qui faisaient chavirer d’un regard et d’une réplique chaque mâle prépubère en rut qui croisait leur chemin.
Moi, aucun mec ne me regardait… Alors je rêvais d’être comme elles. Ou en tout cas, je rêvais d’être en société comme j’étais à la maison : une ado bavarde et cérébrale qui palabrait avec les adultes.
À l’école, je me recroquevillais, écrasée par le charisme des autres. Ce qui aurait pu demeurer de l’admiration pour les autres s’est malheureusement transformé en jalousie crasse.
J’en étais venue à détester ces filles que je voulais être. Ce qui n’a bien sûr pas aidé à faire croître mes relations sociales ! Ça n’est qu’en arrivant au lycée que j’ai voulu renverser la vapeur.
Une jalousie tenace
J’ai commencé à traîner avec quelques meufs plus populaires que mes amies du collège, j’ai été invitée à des soirées, j’ai commencé à acheter des fringues en friperie, à me trouver un style, une identité visuelle.
Tout doucement, je devenais comme les meufs que j’enviais, et j’aimais cette sensation.
Mais la jalousie était toujours tenace, je ne parvenais pas à la soigner.
Pire, moi qui avais toujours été la star de tous mes cours de théâtre en-dehors de l’école, j’avais eu l’idée de m’inscrire à ceux du lycée, où beaucoup de filles se révélaient plus douées, et participaient même à des castings !
COMBLE DE L’ENFER.
Je n’avais même plus ce talent pour moi seule. J’étais privée de mon unique singularité. Un peu ravagée par cette ultime sensation d’injustice, j’ai eu un déclic.
Le problème n’était pas toutes ces meufs plus douces, plus belles, plus grandes, plus talentueuses que moi. Le problème c’était MOI, et l’aigreur que j’avais déjà dans l’estomac.
Le problème c’était mon manque de confiance en moi. En fait.
Le manque d’estime pour soi-même, un handicap
WAOUH LE CHOC QUI L’EÛT CRU. Dès lors que le mystère a été résolu, j’ai décidé qu’il était temps d’arrêter et de commencer à ME KIFFER.
Suffisamment en tout cas pour ne plus détester celles à qui j’aurais aimé ressembler. Un boulot qui m’a pris quelques années !
C’est qu’on ne peut pas passer du dégoût de soi à l’amour fou en seulement 24h… Pour me sentir mieux, j’ai dû apprendre à être bienveillante envers moi-même. Je te raconte d’ailleurs mon chemin dans un article intitulé : J’ai appris à m’aimer, à me trouver belle et tu peux le faire aussi.
Dedans, j’énumère les exercices qui m’ont aidée à traverser le long-chemin qui mène à l’acceptation de soi.
Désormais adulte et épanouie, j’ai compris que ne pas ressembler aux meufs que j’adulais ne m’empêchait pas d’avoir des potes en or, un mec génial, un appart cool, une vie pleine de fêtes, de rebondissements et d’amour.
Et j’ai surtout admis qu’il n’y avait pas qu’une forme et une couleur de beauté. Qu’il existe autant de beautés qu’il existe de femmes.
Maintenant, je suis mon propre idéal. Et ça fait un bien fou.
Les Commentaires
Je ne critique pas la mère, je critique le comportement de la mère.