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Voyages

« J’ai vécu la VanLife, et ce n’était pas joli du tout » : séduite par les photos Insta-friendly, elle déchante vite

Partir à l’aventure sans attaches ni contraintes, telles sont les promesses de la VanLife. Mais derrière la belle vitrine partagée sur les réseaux, sur le terrain, la réalité est parfois plus décevante… C’est en tout cas le récit esquissé par Caity Weaver auprès du New York Times.

« J’ai vécu la VanLife, et ce n’était pas joli du tout. »

C’est ce que publie l’autrice Caity Weaver dans les colonnes du New York Times, le 20 avril 2022. Elle a voulu s’essayer à la VanLife — « s’essayer » à sa façon, comme nous le verrons — et n’a pas été convaincue, c’est peu de le dire !

Hisser les voiles, prendre la route, sans pression et finalité… Aujourd’hui, la VanLife séduit de plus en plus d’aventuriers et aventurières en herbe. 

Début 2020, le séisme provoqué par la pandémie de Covid-19 a chamboulé des millions de Français et Françaises, les poussant à s’interroger sur leurs véritables motivations, sur leur conception de l’existence même. La VanLife propose une aventure au plus près de la nature en s’affranchissant des infrastructures rigides — la seule contrainte ? Trouver le « spot idéal », qui sera parfait à partager sur les réseaux sociaux. 

En France, selon la dernière étude Ipsos pour UniVDL relayée par Automobile-Magazine, le marché du van a progressé de près de 50% de 2020 à 2021, et la moitié de cette hausse est formée de primo-accédants. 95% de ces nouveaux adeptes envisagent de partir à l’aventure pour une durée indéterminée. Ces baroudeurs et baroudeuses sont notamment attirées par la promesse écologique du concept : 75% d’entre eux déclarent qu’un van permet de davantage respecter l’environnement. 

Les récits embellis des vanlifers sur les réseaux sociaux 

La VanLife apparaît comme la nouvelle épopée en vogue de notre époque. En février dernier, l’autrice américaine Caity Weaver a donc désiré comprendre cet engouement pour la vie « sans domicile fixe » choisie par de nombreux millennials… Le temps d’une semaine seulement. Niveau immersion, on a fait mieux, notez.

« Vivre à temps plein hors d’un véhicule est devenu une aspiration pour la génération Y et les Boomers — malgré le fait que, traditionnellement, résider dans une voiture ou une camionnette est une action prise en dernier recours, faute d’autres options pour se protéger des éléments. »

Avant d’entamer son roadtrip de sept jours en direction de la Californie, Caity Weaver a lancé des investigations sur TikTok et Instagram, s’en remettant à l’expertise de « vanlifers » célèbres. 

« Les récits de “vanlifers” populaires, comme on les appelle, sont un réservoir infini de paysages magnifiques et déserts que l’on ne voyait auparavant qu’en fond d’écran : canyons à l’aube, océans au coucher du soleil, autoroutes de midi qui s’étendent, sans voiture, pour toujours. »

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© Daniel J Schwarz – Unsplash

La VanLife, ça coûte combien ?

Aux yeux de Caity Weaver, la réalité semble bien diverger des récits fantasmés partagés sur la toile. Première désillusion : la VanLife n’est pas un loisir bon marché, puisqu’investir dans un van demande un certains budget. 

Si vous pouvez trouver des modèles d’occasion à partir de 4000 euros, face à l’engouement du public pour les vans, les options luxueuses fleurissent — et le prix des véhicules aussi. Des camping-cars personnalisés aux planchers chauffants et mille et une révolutions technologiques, c’est possible !

Caity Weaver s’est résolue à louer un van pour une semaine, un business florissant ces dernières années, et accessible. « Avec 1000 dollars, n’importe qui peut avoir la vie d’un voyageur fantaisiste s’il est prêt à louer », constate l’écrivaine. 

Après une prospection en ligne, Caity Weaver a choisi de faire confiance à la société de location Escape Campervans, et d’y réserver une Ford Econoline E-150 de 2013 à la carrosserie ornée d’une peinture mettant en scène une jungle psychédélique. 

« J’ai choisi cette société de location parce que son site Web semblait adapté aux nuls, sans expérience dans la conduite de camping-cars – offrant des « extras » comme un kit de cuisine à louer (40 $) et un grattoir à glace (5 $) – et parce que le site décrivait les camionnettes comme « premium », ce qui, à mon avis, semblait être du haut de gamme. J’ai été surprise et inquiète lorsqu’un employé remplissant nos papiers au dépôt de location de Los Angeles a décrit avec désinvolture l’entreprise comme ‘un service de camping-car pour petit budget’ »

Avec près de 400 000 kilomètres au compteur de la camionnette louée, Caity Weaver est prise de frayeurs sur la route. Les pédales de frein et d’accélérateur fonctionnent mal : « Parfois j’essaie de freiner et rien ne se passe, d’autres fois la voiture avance de façon incontrôlable », observe-t-elle avec inquiétude. 

La VanLife pour une femme seule

Caity Weaver fait très vite face à une seconde désillusion : les risques pour une femme seule de se lancer dans la VanLife. Alors que son mari décline son invitation pour cette expérience atypique, elle se renseigne sur les conseils des VanLifeuses en solitaire. 

« On recommandait de laisser des chaussures d’hommes à l’extérieur de la camionnette la nuit et de voyager avec une arme à feu, ou un chien, ou les deux. Cela ne ressemblait pas à un fantasme esthétique. J’avais besoin de trouver un autre humain. »

Caity acte sa décision : elle partira avec son ami Michael pour cette folle aventure en van sur les routes californiennes. Et à l’horizon se profilent de nombreuses complications… 

Un quotidien moins glamour que sur Instagram 

L’effervescence autour de la VanLife, ne la conduirait-elle pas à sa perte ? Alors que le couple d’amis est en route pour le célèbre parc national de Yosemite, ils se retrouvent bloqués dans des embouteillages monstrueux — un pare-chocs contre pare-chocs sans fin. 

À défaut d’entamer une randonnée dans la réserve naturelle, les deux aventuriers novices passent des heures dans la fourgonnette, essayant de dénicher une place de stationnement. En vain. 

« Nous étions des millennials poursuivant le destin manifeste de notre génération — une errance chic et sans racines — qui ont fini embourbés dans une heure de pointe pour boomers. Nous avions besoin de partir… »

Outre les mauvaises surprises concernant la santé du van, et ses dysfonctionnements ponctuels (des pédales, du GPS…) le manque de practicité du véhicule est décrié par les deux amis — une cuisinière difficile à installer, un frigo qui a gelé toutes leurs provisions ou encore l’impossibilité de se faire un lit confortable et chaud…

« À aucun moment notre fourgonnette n’a été configurée pour accueillir les superbes panoramas “portes ouvertes” qui caractérisent la VanLife. C’était, à tout moment, des portes condamnées par des bagages, des provisions, de la literie, des ustensiles de cuisine et la lourde échelle en métal pour accéder à la tente sur le toit, que nous avions tendance à jeter au hasard sur tout le tas. »

Quand la VanLife n’épargne pas votre santé 

Un lieu étroit, peu pratique et facilement vecteur d’angoisse… ça fait rêver !

Une nuit, les deux baroudeurs débattent sur la fermeture des rideaux miniatures suspendus autour des fenêtres de la camionnette, garantissant un semblant d’intimité et de chaleur, mais qui pourrait aussi donner une dimension claustrophobe à la zone de couchage. Ils tentent de les clore.

Deux heures plus tard, Caity suffoque, prise d’une crise d’angoisse. Elle doit se précipiter à l’extérieur, dans l’air glacial, pour enfin respirer. Et ce n’est pas la seule mauvaise surprise à laquelle est confrontée l’écrivaine…

Le dernier jour de leur roadtrip, l’autrice ressent une insoutenable douleur au dos ; incapable de marcher, elle se retrouve clouée dans un fauteuil roulant sur le tarmac de l’aéroport de Los Angeles. Les médecins sont unanimes : être assis durant plusieurs par jour dans un véhicule est redoutable pour le dos. 

Et pourtant, malgré toutes les péripéties lors de son « dépucelage » de la VanLife, Caity Weaver serait presque prête à déjà repartir sur les routes.

« En regardant les photos sur Instagram, je me suis retrouvée à avoir envie de me procurer une belle camionnette et de reproduire ces voyages — ces voyages exactement comme celui que je venais de faire. […] J’avais oublié à quel point je n’avais pas apprécié. »

La VanLife, à bien réfléchir

Bien sûr, les photos des VanLifers inondant la Toile ne reflètent pas la réalité du terrain… Mais en une semaine d’expérience, sans réellement grande préparation au préalable, le jugement de l’autrice américaine est-il réellement impartial et significatif ? Pas sûr.

Nina, lectrice de Madmoizelle, explique son projet (un peu plus bossé) : tout quitter pour la VanLife

Après tout, comme on dit, c’est dans l’aventure, aussi mouvementée soit-elle, que l’on parvient parfois à se connaître — à se trouver, même. Chacun sa route, chacun son chemin. Et autre poncif. Vous avez l’idée.

Alors si, vous aussi, vous êtes tentée par cette aventure au grand air, vous pouvez retrouver les conseils d’une lectrice de Madmoizelle partie faire le tour de l’Europe en van, alors qu’elle ne se considère pas comme étant une aventurière… Rien n’est impossible : il s’agit surtout de bien se renseigner, au lieu de croire tout ce qu’on voit sur Instagram !

À lire aussi : Découvrez Nina, bientôt en voyage dans un fourgon aménagé et gagnante de l’appel à projets Madmoizelle x N26

Image en Une : Kevin Schmid – Unsplash


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Les Commentaires

29
Avatar de Gringo
28 avril 2022 à 21h04
Gringo
Mais je +1 tout ce qui a ete dit sur les difficultes diverses de la vie en van et la vie nomade. Et de l'ambivalence / gentrification de ces modes de vie, ou de l'invisibilisation de celleux pour qui c'est pas tellement un choix...
Pour moi ce n'est pas un problème que ça se gentrifie et que ça devienne un mode de vie de riche, car il faut que nos modèles changent vu l'urgence écologique.
Si les riches commencent à arrêter de partir à l'autre bout du monde et qu'ils préfèrent promouvoir le camping, les petites routes et le minimalisme, ça fera du bien à la planète.
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Voir les 29 commentaires

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