Quand on est petite, on s’imagine toujours plein de métiers qu’on pourrait faire une fois qu’on serait grande et que nos poils pubiens auront poussés. Moi je m’imaginais être vétérinaire, psychologue, avocate, dessinatrice… Je n’aurais jamais vraiment pensé que finalement, aujourd’hui, je m’occuperais d’une boutique de sex-toys en ligne !
Comment on arrive là-dedans ? Alors là, franchement, j’imagine que le chemin est différent pour chacun. Pour ma part, bêtement, j’ai suivi mon amoureux dans son aventure. Il a créé un site en ligne sur la sexualité. Avec une boutique mais aussi un forum, une partie éditoriale, etc. Du coup, en plus de m’occuper de la boutique, des commandes, de la promotion, de faire vivre le forum… j’écris aussi très régulièrement pour le site ! Tous les sujets y passent, du moment que ça parle de fesse.
Je dois dire qu’au début, j’étais euphorique. Travailler dans le monde du sexe, pour peu qu’on aime un peu ça, ça paraît super cool ! Et ça l’est ! Tester les sex-toys, j’ai pas besoin d’expliquer beaucoup pour faire comprendre combien c’est fun, hein ? Écrire des actualités sur des sujets vachement sympa (oui, j’aurais pu être rédactrice pour un site qui vend des camions ou des tournevis, par exemple, tout de suite, ça en jette moins). Aider et conseiller les membres actifs du forum avec leurs problèmes de cul ou d’amour. Recevoir plein de bouquins et de BDs des éditeurs, j’ai toujours rêvé qu’on m’envoie des livres gratuitement ! Bon forcément, c’est que des livres seksuels, mais c’est déjà ça. Interviewer des gens super chouettes avec des histoires personnelles émouvantes. Envoyer des colis en sachant que la personne qui le recevra sera super contente et fera plein de cochoncetés avec… J’y exerce aussi un peu mon métier principal (graphiste) en aidant mon chéri avec le webdesign ou créant les images d’accueil ou des infographies chouettes sur les sex-toys. Bref, je fais pas mal de trucs, ce qui fait que je m’ennuie rarement !
Autre chose rigolote, je VIS parmi les sex-toys. En fait, notre bureau est aussi notre lieu de stockage. Du coup, on est entourés de tous les produits qu’on vend. Alors forcément, quand on reçoit Mamie à la maison, on évite de lui faire visiter le bureau… Mais c’est une atmosphère plutôt sympa. Bon par contre : frustration, j’ai pas vraiment le droit de me servir comme je veux dans le stock.
Mais ça n’est pas que des trucs cools qui roxxent du poney. Parfois, il faut écrire des articles sur des sujets un peu moins foufous ou pas vraiment à son goût. La fois où j’ai du écrire sur le fist-fucking, et bah, j’ai beau être très ouverte d’esprit et tout… J’étais un peu nauséeuse. Et allez trouver une photo pour illustrer le fist-fucking ou la sodomie ! Vous pouvez chercher sur Fotolia, y’a rien, va falloir se creuser les méninges. Et puis vient le jour, où tout à coup, t’en as marre. Tu fais une overdose de cul. Et de chattes et de poils et de seins. T’as juste envie de t’exiler dans un monastère pour qu’on te fasse plus chier avec le coït. Sauf que, bah, c’est ton boulot… Alors tu te tapes ta liste de flux RSS d’actualités de fesses longue comme un chibre de cheval et tu bosses.
Bon, heureusement, ces moments-là sont plutôt rares, et la plupart du temps c’est vachement chouette. En plus, j’ai appris plutôt pas mal de choses sur le sexe depuis que j’ai commencé ce boulot. Forcément, au fil de mes lectures, que ce soit les livres qu’on m’a donnés ou ma veille sur le Net à traquer la dernière actu de fesses, j’en ai pris de la graine. Je connais par coeur les étapes à suivre pour jouir par le point G, la prostate (ou pour faire un fist-fucking)… Je connais un nombre incroyable de sex-toys et je peux vous conseiller les yeux fermés (ça peut toujours être utile au cas où, dans un entretien d’embauche ou un dîner de famille, non ?).
Est-ce que ça a changé mes rapports sexuels personnels ? Bah forcément, un peu… Quand tu lis tout un bouquin sur « Comment faire une fellation réussie », après, t’es un peu plus douée (ou en tout cas tu te persuades de l’être). Avant Roomantic, j’ai honte, mais je ne connaissais ni l’existence du point G (enfin je savais qu’il était là, quelque part en chaque femme, mais je m’y intéressais pas plus que ça) ni celle de la prostate (qui est toujours plutôt mystérieuse pour moi, mais j’ai pas encore vraiment mis les mains dans le « cambouis », si j’ose dire). Et je parle même pas du « Front Deep Spot » et du « Back Deep Spot » que j’ai toujours pas réussi à identifier. Et puis ta collection personnelle de sex-toys évolue aussi. Mais sinon, je me sens pas plus pervertie ou changée. J’aime toujours les mêmes choses et j’ai beau parler de trucs chelous comme le fétichisme des poignées de porte, j’ai gardé mes propres goûts sans m’en être imposé d’autres.
Par contre, il ne faut pas croire : beaucoup s’imaginent que la vente de sex-toys est LE truc magique pour se faire du pognon. Que nenni, ça reste un commerce comme un autre, avec ses hauts et ses bas. C’est la dure loi de la concurrence, aussi. Si tu n’as pas forcément les moyens pour stocker et commander des sex-toys en masse, t’as forcément de moins bons prix et donc, si tu veux t’aligner sur les prix des concurrents plus importants, tu sacrifies un peu de ta marge. Donc financièrement, c’est pas vraiment le Nirvana, même si nous avons l’espoir qu’un jour ça décolle !
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
J'adore ton idée haha ! Si on sait pas quoi faire de nos vies, on à l'issue de secours c'est bon. (Madmoizelle est LGBT friendly :cretin