Je suis arrivée à Londres le 27 août 2011. Nous sommes le 8 juin 2012. J’ai déménagé cinq fois. Petit historique de mes tribulations, ou : pourquoi je suis la pire des colocataires.
Parée de mes dix-huit valises et de ma comparse de toujours, Ginette, je débarque à Londres. J’ai vu L’auberge espagnole 18 fois, je suis donc prête pour la colocation. Première étape : l’appart du copain d’un copain de la grand-mère d’une copine (on va l’appeler Tom, ca ira plus vite), le temps de trouver une chambre. Au bout du deuxième jour, j’ai senti que Tom et moi, on n’irait pas très loin ensemble, peut-être parce que j’ai dû le réveiller à 5h du matin pour qu’il m’ouvre la porte (ceci dit, tout aurait été plus simple si la clé qu’il m’avait donné était la bonne).
Consanguinité, Espagnols et vexations
Déménagement le 8 septembre. Comme je suis du genre à anticiper, je me suis mise à chercher un nouvel appart le 7 septembre au soir. C’est sûrement pour ça que je suis tombée sur la perle rare : une coquette chambre de 7m², un trou de 3m de diamètre dans le mur, un lit double à partager avec Ginette, le tout dans une cabane en zone 2 avec 12 colocs espagnols, et cherry on the cake : un proprio pakistanais marié à sa soeur et parents de deux beaux enfants. DING DING DING, on a touché le jackpot, Ginette.
La signature du contrat se fait sur un post-it devant Al Jazeera. Contrat stipulant bien qu’il nous est interdit d’amener des invités ou des animaux : c’est donc sans surprise que nous débarquions le soir même avec deux copains à héberger et deux chats. J’ai compris que les colocataires ne nous aimaient pas quand ils ont commencé à voler nos fringues dans la machine à laver, à jouer à cache-cache devant notre chambre à 5h du mat et à dire qu’on était moches en espagnol juste devant nous. En plus, comme dit Ginette, on est pas moches. Au pire, on est pas top. Il est hors de question que je vive dans une maison qui ne sait pas apprécier ma beauté à sa juste valeur : je prends Ginette sous le bras, et on se casse.
My fucking bullshit french attitude et l’Italien fou
Direction zone 4, Streatham. Il semblerait que les filles d’ici (2% de la population) vont toutes à une soirée avec
dress code burqa. J’ai rien contre, mais j’ai comme l’impression que mes couronnes de fleurs et mes tutus ne seront pas apprécié dans cette bourgade. J’ai vite compris que je n’avais rien à faire ici. La bonne chose, c’est que mon coloc, Marc, 41 ans, était d’accord sur ce point. Inviter des potos à manger des pâtes au pesto le deuxième soir, c’etait trop pour son petit cœur : il ne put s’empêcher de me gratifier d’un « You fucking French and your fucking bullshit french attitude, go fuck yourself » (« Toi, putain de Française de merde avec ta putain d’attitude de française, va te faire foutre« ). Le soir même, il appelait le proprio, et comme Marco fait 2 mètres et 150 kilos, le lendemain, on était virées.
Direction la zone 1 et la vue sur London Bridge. Moi qui avais toujours eu un petit faible pour les Italiens depuis Roberto, amour de ma vie (et celui des 2783 autres étudiantes de la fac), ce fut la débandade (ou le désappointement, comme ils disent dans les films doublés en canadien). J’ai compris que mon coloc italien était fou quand il m’a réveillée à 3h du matin pour aller nettoyer la buée que la casserole avait laissé sur la plaque chauffante. Quand il nous a accusées, au petit matin, de mettre du sang partout dans les chiottes, là j’ai eu peur pour ma vie.
Carnage à Notting Hill
Et là, Dieu nous vint en aide. Un matin pluvieux de décembre (comme tous les autres), Gumtree m’annonce une chambre libre à côté de Notting Hill. On la visite à 10h34, on signe à 10h35. HALLELUJAH.
Cette fois ci, Ginette, on se tient à carreau (bien que l’envie de peinturlurer les chiottes de mon sang soit très tentante). Mais faut quand même faire une fête d’arrivée hein ? Et puis y a Simone qui se barre dans trois semaines, faut fêter ça à la maison ? Et aussi l’anniversaire de Ginette, et celui de Paulette, et faut pas oublier la Saint-Patrick hein. 17 soirées, 1 extincteur vidé, 318 trous de cigarettes dans la moquette, un rideau de douche arraché et une plainte plus tard, nous recevons un avis d’expulsion.
Je suis le maillon faible, au revoir.
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Les Commentaires
Mais personnellement je ne l'ai pas trouvé brouillon, je pense avoir compris et j'aimais bien la dynamique de quartier en quartier en plus j'aime bien pouvoir découvrir l'aspect hum, chaotique de l'immobilier londonien ^^