Le 13 juillet 2012
Ô glamour, ô délicatesse. Vous êtes vous jamais demandé, dans un moment de fascination morbide, ce que ça fait d’avoir une maladie en-dessous du nombril ? Eh bien, ne vous questionnez plus… ça m’est arrivé !
Et je vais partager mon expérience avec vous (comme ça, si ça vous arrive, vous flipperez moins).
Une mycose vulvaire ou vaginale, c’est quoi ?
Commençons par le commencement, et posons les bases. Une mycose vaginale (ou une candidose, qui n’est pas exclusivement génitale : elle peut être buccale ou cutanée) est une infection des organes génitaux produite par un champignon microscopique.
Eh oui, plus c’est petit, plus ça vous emmerde — regardez les enfants par exemple.
Dans la plupart des cas le champignon en question est le candida albicans. Il faut savoir qu’il déjà naturellement présent dans votre flore vaginale (imaginez que votre vagin est un jardin). Un dérèglement soudain et hop, c’est le bordel et votre vagin fait une révolution dans votre culotte. C’est donc cette saloperie que j’ai chopée.
C’est une infection des plus courantes (d’après mon médecin) et 75% des femmes ont déjà été touchées. Il y a un TAS de raisons pour lesquelles vous pouvez attraper une candidose : porter des vêtements trop serrés ou un bas de maillot mouillé pendant trop longtemps, le stress, le diabète, la fatigue, la grossesse, l’arrivée de vos règles, la prise de la pilule, un mauvais système immunitaire etc.
Vous pouvez aussi avoir la pire poisse du monde (comme moi) et l’attraper grâce (à cause) de quelqu’un qui a déjà une mycose… Je vous le raconterai ça un peu plus tard.
La candidose n’est pas considérée comme une maladie ou une infection sexuellement transmissible, mais elle peut se transmettre sexuellement car les mycoses sont ce qu’on appelle des infections opportunistes, c’est-à-dire qu’elles sautent sur l’occasion de vous pourrir la vie.
Les symptômes de la mycose vulvaire
Tout commence un lundi. Ou plutôt, tout commence le vendredi, quand mon partenaire et moi faisons des folies de nos corps des heures durant. Innocente et complètement ignorante de la tragédie qui est en train se tramer plus bas, je passe le week-end sur un nuage post-coïtal et je ne pense qu’à une chose : recommencer !
Et là, c’est le drame ! Lundi donc, je me lève (et je bouscule… ok, je sors) et je sens que ça commence à me démanger, à me gratouiller, à me chatouiller au niveau de la culotte. Bizarre. Mais pour l’instant ce n’est qu’un chatouillis, je ne m’inquiète donc pas (trop).
Je prends ma douche et en sortant, me décide quand même à regarder ce qu’il se passe. Ma vulve est un peu rosée et mes pertes blanches sont un peu bizarres, comme si elles faisaient des petits morceaux mais je me dis que c’est peut-être parce que je vais avoir mes règles la semaine prochaine. Pas de panique.
Le matin se passe. Ça gratte de plus en plus. Ça en devient intenable. L’après-midi passe. Je vais mourir. Ça gratte, ça démange ! Je subis ma journée de travail et une fois chez moi, je décide de jeter à nouveau un coup d’oeil. Horreur ! Damnation !
La description qui suit va être graphique et peut choquer les âmes sensibles (ou les hommes), avancez à vos risques et périls.
Ma vulve et mon vagin ont été colonisés ! Envahis ! Mes lèvres sont rouges et enflées. Toute l’entrée (et l’intérieur aussi, je suppose) de mon vagin et ma vulve sont coagulées d’une substance blanchâtre qui colle et adhère en petits morceaux — surtout, qui ne s’en va pas, ni au lavage, ni avec un mouchoir. Ça y est, c’est la fin ! Je vais mourir ! J’ai attrapé un truc incurable ! Ô rage, Ô désespoir !
Pour mieux imaginer ce à quoi ça ressemble, cherchez « fromage cottage » dans Google Image et imaginez plein de petits morceaux de ça qui vous envahissent partout au vestiaire du rez-de-chaussée. Bref, c’est la panique.
La découverte de la mycose vulvaire
Comme toute bonne hypocondriaque du 21e siècle qui se respecte, je cherche mes symptômes sur Google. Pour être honnête, j’ai vite trouvé des réponses probables.
En langage médical, on parle : d’une vulvovaginite avec prurit (c’est ce qui gratte), de leucorrhées (pertes vaginales) blanchâtres et inodores qui adhèrent et d’un œdème vulvovaginal (c’est comme Vahiné, c’est gonflé).
Bref, c’est sûr à 90% que c’est ça. Tous les sites disent que c’est bénin et que ça se soigne très bien et très vite. Mais quand même, je n’ai jamais rien eu aucun problème gynécologique auparavant et je commence à psychoter. J’appelle mon médecin, pas de rendez-vous avant jeudi. Bon, d’accord pour jeudi. Je n’ai pas de fièvre, l’infection n’est donc pas bactérienne selon l’examen au téléphone de mon généraliste.
Maintenant la question reste de savoir comment j’ai attrapé ce truc. Je me persuade au bout d’un moment que c’était juste un mauvais concours de circonstances : grande période de stress et mes règles qui allaient arriver, le terrain était propice à un dérèglement soudain et arbitraire de mon jardin vaginal.
Je décide d’informer mon partenaire, puisque j’ai lu sur Internet que ça pouvait se transmettre sexuellement. Peut-être que je le lui ai refilé, on ne sait jamais, même si on se protège ? S’ensuit la conversation téléphonique la plus embarrassante de toute ma vie où je lui raconte ce qu’il se passe et où je lui conseille quand même d’aller voir son médecin pour être sûr que tout va bien.
Lui n’a aucun symptôme. Le truc viendrait donc de moi. Ce qui ne me rassure pas du tout car je ne suis habituellement jamais malade. Mon corps serait donc en train de m’abandonner de la pire des façons !
Je prends donc mon mal et mes démangeaisons affreuses et horribles en patience jusqu’à jeudi.
La mycose vulvaire et vaginale : le diagnostic
Mardi et mercredi passent. C’est intenable. Ça gratte tout le temps. Ça démange. C’est à la limite du soutenable et rien n’y fait. À part peut-être le jet d’eau glacée sur mes parties intimes endolories pour anesthésier les démangeaisons. L’état visuel ne s’est pas amélioré non plus. Ma zone vulvovaginale est un champ de mines, un tableau de Picasso, la planche à découper d’un boucher. Bref, c’est pas joli à voir.
Et surtout, depuis mes 15 ans (j’en ai 25), c’est la première fois de ma vie que ma libido est en berne. Plus de désir sexuel, rien. Mais vraiment. Rien que l’idée de me toucher ou que quelqu’un me touche à cet endroit me fait frissonner. Je suis traumatisée !
Et puis, viens le soulagement ! Non, non, pas de crème ou de médocs miracles pour le moment…
Mon partenaire m’appelle, il a été chez le médecin. Il a une candidose dans la bouche. Asymptomatique en plus ! En gros, ça veut dire que ça vient de lui. Une candidose s’est développée dans sa bouche mais sans aucun symptôme (sournoise, cette saloperie, hein ?).
Et vu que nous avons eu des rapports bucco-génitaux, en voulant me faire du bien, il m’a refilé sa mycose. C’est cher payé pour deux orgasmes ! Eh oui, on pense à se protéger durant les pénétrations mais que le message circule : on peut aussi choper des trucs par fellation ou par cunnilingus !
Je suis rassurée. Maintenant, je sais ce que c’est. Une candidose. Voilà, la chose qui colonise mes parties intimes a un nom. Bon, je n’en en veux pas du tout à mon partenaire. Il ne savait même pas qu’il était malade et puis, ça peut arriver à tout le monde. Enfin, l’injustice du monde quand même : lui a droit à des bains de bouche pendant 15 jours et moi, ma vulve est en feu. Parité mon cul, ouais !
Prendre rendez-vous chez le médecin pour une mycose vulvaire
Jeudi arrive. Ma candidose s’améliore. Ça gratte déjà moins, et (attention description graphique) les morceaux de la substance blanchâtre caséeuse (le joli mot pour dire que ça a la consistance du fromage) commencent à se décoller et à tomber. Même sans médicament, donc, ça se guérirait peut-être tout seul.
Je raconte tout au médecin. Il me fait un examen rapide, car mes symptômes sont si évocateurs que ça ne peut être que ça. Il me fait une ordonnance ! Ô joie, Ô soulagement.
Alors, voilà à quoi j’ai droit pour les dix prochains jours : toilette de tout le corps et des parties intimes avec un antiseptique tous les jours pendant dix jours, un ovule (c’est-à-dire une capsule à insérer dans le vagin) à mettre au coucher et qui agira pendant sept jours (en vérité, elle s’est dissolue en trois jours) et une crème à appliquer le soir, après la toilette au niveau vulvaire, pendant 10 jours.
Je lui pose quand même des tonnes de questions :
- Est-ce que je dois stériliser mes petites culottes, mes draps et mes serviettes pour éviter une réinfection ? Non, me dit-il, pas de risque si c’est lavé en machine.
- Est-ce que je suis autorisée à mettre des tampons pendant le traitement vu que mes règles vont arriver d’ici peu ? Il serait vraiment préférable que je mette des serviettes hygiéniques mais si je n’ai vraiment pas le choix, je peux mettre des tampons mais en faisant bien attention : les changer toutes les quatre heures et utiliser la plus petite absorption disponible. Je dois aussi continuer à appliquer la crème, même pendant mes règles.
- Quid des rapports sexuels (pas que j’en ai envie, mais bon…) ? Interdits jusqu’à la fin du traitement, pour moi comme pour mon partenaire pour éviter un risque de réinfection et surtout parce que l’ovule altère le latex du préservatif. Deux semaines à faire ceinture des deux côtés.
Je ressors toute guillerette. La guérison est proche ! Youpi !
Traitement et guérison d’une mycose vaginale
Là, ça commence à devenir drôle.
Je rentre vers 18 heures, je me lave avec l’antiseptique qui sent bon l’hôpital (ou le désinfectant pour toilettes, au choix). J’insère l’ovule sans trop de difficultés même si ça me dégoûte un peu d’aller mettre mes doigts dans mon vagin (et pourtant ça me dérange pas du tout en temps normal). Je mets la crème et bon sang, ça pique, ça brûle… Mais c’est normal d’après la notice.
Et puis, je fais l’erreur d’aller sur Google et je commence à flipper. Il faut VRAIMENT mettre l’ovule juste avant d’aller dormir et rester allongée pendant au moins une demi-heure avant de se relever pour être sûre qu’il commence à fondre et ne descende pas trop vite.
Bon, j’ai fait une boulette. Qu’à cela ne tienne ! Je fais donc le poirier sur mon lit, devant la télé pour être sûre que l’ovule ne redescende pas. J’ai l’air d’une conne et je ressemble aux nanas qui essaient de tomber enceinte, mais au moins, je suis rassurée.
S’ensuivent trois jours où l’ovule fond et répand son actif anti-fongique à l’intérieur de moi. Sauf que c’est pas marqué sur la notice, probablement parce que c’est logique, mais quand l’ovule fond ça coule de façon épaisse et dégueu dans la culotte. Pas de protège-slip ou de serviettes à la maison, tant pis, je changerai de culotte plus souvent. L’ovule fond donc en trois jours chez moi et entraîne avec toute la substance blanchâtre champignonneuse qui tapissait l’intérieur du vagin.
C’est dégueu mais au moins, ça fait effet. La crème marche très bien et même si ma vulve et mon vagin étaient un peu irrités au début, les démangeaisons s’arrêtent rapidement et tout commence à retrouver une couleur et une taille normale. YOUPI !!!!
Mais attention, l’aventure n’est pas finie : mes règles arrivent, formidable cadeau de mère Nature. Au début, je fais la bonne élève et je mets des serviettes hygiéniques… Mais voilà, ça faisait au moins dix ans que je n’en avais pas mis, et je me souviens soudain pourquoi : je ne supporte pas ça.
J’ai tenu pendant une journée désagréable. Ça a au moins eu le bénéfice de me faire apprécier les tampons comme au premier jour. Et aussi, je me suis demandé comment diable faisaient nos mères, nos grands-mères et nos arrière-grands-mères ?
J’ai donc mis des tampons en journée pour les trois jours d’après, mais j’ai fait l’effort de dormir avec une serviette pour ne pas pousser le bouchon.
Gare à la récidive de la mycose vulvaire et vaginale !
Il me reste maintenant deux jours de traitement mais tout est redevenu normal. Pas de démangeaisons, pas de gonflement, pas de rougeur et des pertes blanches qui sont redevenues normales. Et je commence enfin à retrouver ma libido !
Permettez moi de vous donner maintenant des conseils. Si vous vous retrouvez à votre tour dans cette situation et que c’est la première fois que cela vous arrive, il faut absolument aller consulter un médecin pour être bien sûre du diagnostic. Soit votre généraliste qui est habilité à faire un examen gynécologique de base, soit votre gynéco directement. On ne sait jamais.
Protégez-vous également à chaque rapport sexuel avec des préservatifs ! J’ai eu de la chance, je n’ai attrapé qu’une mycose qui n’est même pas considérée comme une IST, mais ça aurait pu être bien pire. Il y a des tas de trucs qui se transmettent de façon bucco-génitale : l’herpès par exemple et ça, quand vous le chopez, c’est pour le reste de votre vie… Faites attention.
Quand ou si ça arrive, ne pas hésiter à en parler à votre partenaire même si c’est un peu gênant ! Pour peu qu’il couche avec d’autres personnes que vous, il pourrait les infecter aussi.
Voilà, c’était donc ma première (et dernière j’espère) expérience avec une mycose vaginale. J’espère vous avoir informées et diverties. Et pas trop dégoûtées !
Crédit photo : Unsplash / Billie
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