Avant de débarquer chez madmoiZelle, j’étais prédestinée à bosser dans un bureau de style. Pour résumer rapidement mon parcours, j’ai suivi une formation assez commune : une mise à niveau d’Arts Appliqués à la Martinière Diderot de Lyon, un BTS Design de mode au Lycée de la Mode de Cholet puis une licence Mode et Hautes Technologies toujours dans la ville du mouchoir. C’est dans le cadre de cette fameuse licence que j’ai eu l’occasion de m’envoler étudier dans ma ville bien-aimée : Londres.
Comment postuler ? Pourquoi c’est différent des écoles françaises ? Est-ce que ça vaut le coup ? Partons de l’autre côté de la Manche, je vous dis tout.
Un grand privilège
Premièrement, il faut savoir que toutes les écoles de mode en France ne possèdent pas de programme Erasmus ou de partenariat avec des écoles étrangères.
J’ai eu la chance de tomber dans une école qui propose un partenariat de gros dingos puisque je suis partie étudier au London College of Fashion, école qui appartient à la Univeristy of The Arts de Londres qui héberge aussi la prestigieuse Central Saint Martins.
Le défilé de fin d’année du London College of Fashion (2013)
Pour étudier au sein du fameux LCF, les étudiants anglais doivent débourser la modique somme de £9,000 par an (l’équivalent de 10 000€) alors que le programme Erasmus m’a permis d’intégrer la classe gratuitement.
Autant dire que les places valent leur pesant en noix de cajou : sur une promo de 30 filles, quatre d’entre nous ont été sélectionnées sur dossier et lettre de motivation pour rejoindre le second semestre de la classe BA Fashion Sportswear, que nous n’avons pas choisi.
L’université propose tout un tas de cours dédiés aux métiers de la mode : long terme, court terme, mise à niveau, formations… chacun choisit la formule qui lui convient. Les cours sont aussi ouverts aux étudiants étrangers contre des frais de £13,000, ou un rein, c’est comme vous voulez.
Une expérience enrichissante
En arrivant pour la première fois dans les locaux, j’avais doucement l’impression de rêver : le bâtiment, digne des locaux d’un grand magazine, est situé en plein Oxford Street, LA rue du shopping de Londres (passer tous les jours devant Topshop = un exercice de
self control efficace).
En passant la porte de ma nouvelle promo, je dois vous avouer que je ne faisais pas trop la maligne : au-delà du fait de devoir sociabiliser avec quinze inconnus qui se connaissent déjà depuis trois ans, il a fallu que je sociabilise avec quinze inconnus dans une langue qui n’est pas la mienne. Moi qui pensais avoir un bon niveau d’anglais, j’ai vite déchanté devant le débit rapide du plus bel accent du monde (à mon goût).
Si je vous conseille vivement l’expérience à l’étranger c’est parce que, en plus de faire travailler votre oreille et de vous perfectionner dans la langue de Shakespeare, c’est le meilleur moyen pour développer votre vocabulaire technique. Quand on bosse dans la mode, on est toujours amené-e à communiquer en anglais, avec des fournisseurs ou des mannequins par exemple : matières, coupes, tissus, procédés… maîtriser le vocabulaire technique c’est un gros gros plus sur votre CV.
Concernant la formation, chaque semestre la classe collabore avec une grande marque pour se préparer au mieux à l’environnement pro. Dans le cadre du programme, j’ai donc créé une mini collection en partenariat avec la marque de boxe Lonsdale London.
Pour la réaliser, j’avais à ma disposition trois mois, une machine à coudre et un emploi du temps très très léger : à raison de douze heures grand max par semaine, j’avais beaucoup de temps pour bosser à côté et aller boire des bières dans des pubs avec ma coloc. Des salles de couture étaient mises à disposition et les profs venaient volontairement nous aider.
C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus marquée, ce rapport entre les profs et les élèves : en France, j’ai toujours vécu ça comme une relation de maître à élève alors qu’en Angleterre les profs te considèrent comme leur collègue.
Le climat est extrêmement détendu du slip et la classe ressemble plus à une jeune entreprise qu’à une classe proprement dite, ce qui est vraiment formateur pour apprendre à travailler en équipe.
Pour vous donner une idée, voici à quoi ressemble un plan de collection
En tant qu’étudiante française à Londres, j’ai découvert une nouvelle culture, une nouvelle façon de travailler, une nouvelle approche de la mode et de ce fait, je me suis beaucoup plus lâchée dans mon processus de création.
Et je ne vous cacherai pas que mon CV l’a vachement bien vécu : si on me reprochait de ne pas sortir d’une grande école parisienne, les choses ont bien changé après ça. Pour vous dire, lors de l’un de mes stages en bureau de style à Paris, ma boss ne m’appelait pas par mon prénom mais « la fille qui était à Londres » (non pas que je cautionnais ce nouveau blaze hein). Si vous avez l’occasion de faire un stage ou de bosser à l’étranger, foncez : ça ouvre vraiment des portes.
Quelques conseils avant de partir
- Avant de décoller pour Londres, prévoyez un budget suffisant. La capitale britannique coûte très cher, notamment en terme de loyers et de transports en commun (bizarrement Primark et Superdrug, ça va). Certaines régions fournissent des bourses universitaires mais parfois un petit job en tant que serveuse ou vendeuse est le bienvenu. D’ailleurs la chaîne de pâtisserie Paul recrute beaucoup de frenchies de l’autre côté de la Manche.
- Les stages en Angleterre ne sont pas rémunérés : pour se faire sa petite expérience c’est le bon plan mais ne comptez pas sur un stage en bureau de style pour faire rentrer les pounds dans le porte-monnaie !
- Si vous avez la chance de vivre ou de passer par Londres, notez que quasiment tous les musées sont gratuits. Et en terme de mode, le Victoria & Albert Museum est immanquable.
À ce jour, mon expérience à Londres reste sans doute la meilleure période de ma vie. Alors si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas, je pourrais vous parler de nos voisins londoniens toute la sainte journée !
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires