Live now
Live now
Masquer
Image d'erreur
Vie quotidienne

J’ai testé pour vous être couverture pour gay

Acte I, j’ai un copain qui a des mèches blondes.

J’avais un ami de lycée, Jonathan, qui était gay en ses tréfonds. C’était impossible de ne pas s’en rendre compte puisqu’il portait des jean’s pattes d’éléphant et passait son temps à fredonner du Mylène Farmer, mais va savoir pourquoi, ses parents n’étaient pas au courant.

C’était même pire que ça. Son père à moustache était un homophobe notoire, qui ne supportait pas l’idée même du pédoule, du pacs, de son fils au casting de la Star Academy. Rien. Dans sa tête était gravé le calcul suivant : homme + femme = enfants, le reste est contre-nature.

Comme tu peux t’en douter, Jojo se tapait le voisin dans la chambre de ses parents, juste pour faire la nique à son pater qui ne se doutait de rien, mais aussi parce que les parents du voisin étaient encore plus homophobes et qu’ils auraient fusillé fiston sans plus de procès s’ils avaient trouvé les sodomites dans leur lit à eux.

Mais un jour, Monsieur Moustache en se couchant a trouvé un poil dans ses draps et il est entré (je résume) dans la chambre de Jonathan précédé par une chaise qu’il avaient lancée au travers de la pièce, histoire de montrer qu’il était genre pas très happy face. (Une chaise qui vole, c’est très impressionnant, je sais pas si t’as déjà vu ça).

Le poil entre deux doigts, il a crié au scandale pédoulien, a cassé des disque de Mylène Farmer, les a jeté par la fenêtre. Jojo a pleuré, à démenti, a publié des communiqués, mais papa had lost sa confiance en [fist]on. Jojo a commencé à vivre un enfer, son père marchait devant lui en tortillant les fesses comme dans une mauvaise parodie, et surtout il l’emmenait au lycée. A 17 ans, la lose. Il fallait réagir. Et c’est là que j’entre en scène.

Jonathan commençait à me faire peur. Il écoutait Ainsi soit je en boucle et regardait loin pendant les cours. Je lui ai alors suggéré de trouver une fausse copine pour feinter ses parents et se taper le voisin sans vergogne. Et à la seconde où je me suis entendue mettre le point à cette phrase, j’ai regretté.

Il m’a lancé une oeillade comme une chanteuse R’n’B au moment où elle dit « he cheated on me ». J’ai essayé de trouver rapidement une excuse valable, mais je crois que ça s’est vu, parce qu’il m’a pris le bras et invité à manger dimanche midi. Sa mère viendrait me chercher chez moi, il n’y avait aucun problème. Ok. Super. Génial.

Dimanche matin, mon vrai mec venait juste de déguerpir (à la fin de Téléfoot, normal), quand j’ai entendu la 306 Iceberg de Madame la mère de Jonathan se garer devant chez moi. Et je sais pas si ça t’arrive aussi, mais tout à coup j’ai senti la déprime couler à l’intérieur de moi. J’allais mentir à des gens, rouler une pelle à un homo et sentir sa main sur mon genou, tout ça pour un connard qui débande quand il pense à des pédoules. Et surtout, j’ai pensé à madame, qui devait se taper ce mec-là encore régulièrement au vu des cernes qu’elle avait sous les yeux.

J’aime pas arriver chez les gens et découvrir directement leur intimité. Les chaussons dans l’entrée, l’odeur du Kub Or provenant de la cuisine et la petite soeur qui regarde la télé le dimanche matin, ça me donne envie de croquer dans de l’aluminium. Bon ben là j’ai été servie, d’autant que le meilleur m’attendait en chaussettes de sport dans des claquettes : beau papa.

On ne m’avait pas menti sur la moustache, mais Jonathan avait oublié de préciser un élément clé du personnage : la gourmette Or avec le prénom marqué en italique. « Moustache, 07/01/1962 ». Putain que c’est beau, on se croirait en 1987 j’ai eu envie de lui dire.

Les présentations se sont déroulées à base de je regarde si t’es bonne vs je joue le jeu et je mate ton fils avec une volupté non-feinte, + maman pas si dupe mais trop contente de pouvoir faire des photos à envoyer à mamy la bitch. Et puis il y eut le déjeuner, force de lapin et de Polenta.

J’ai bien failli exploser dix fois, non pas parce que Jonathan posait sa main sur la mienne comme l’auraient fait Patrick Fiori feat. Lara Fabian, mais à cause de la Polenta préparée par Moustache. Bordel de merde, tu fais pas de la polenta à quelqu’un que tu connais pas, c’est comme si au premier rencard tu cuisinais de la tétine de vache à ton date.

C’est con mais rien qu’à cause de ce manque de délicatesse (c’est vrai quoi merde, c’est dégueu la polenta), j’ai compris pourquoi Jonathan avait viré sa cutille. Pas facile de trouver sa place dans une famille entre une gourmette et de la farine d’orge bouillie.

C’est la question que je me posais quand je regardais mon bon Jonathan, alors qu’on fumait une cigarette en debriefant dans sa chambre. Il avait mis de la musique (si tu as suivi tu vois laquelle) et se roulait les cheveux en regardant vers le haut. Le gars fumait VRAIMENT comme Michel Serrault dans la cage aux folles et il avait un rire du type aigu + je me cache la bouche avec la main, comme la dame dans la pub Nicorette. J’allais lui demander quand et comment il avait senti monter la graine homosexuelle en lui, mais sa mère a frappé à la porte pour nous dire que le café était prêt.

Descente d’escalier, Moustache qui nous hèle. Et là putain, j’ai failli tomber de mes chaussures :

– Eh dites donc les amoureux, vous vous tripotez pas beaucoup je trouve.
– Jonathan : bah j’sais pas, j’vais pas lui lécher les oreilles devant la formule 1 avec toi à côté. (Tu sais comment je sais que t’es gay ?)
– Moi : non et puis bon, y’a les films spécialisés monsieur si vous êtes trop en chien ©
– Pardon ?
– Moi : non non, je dis, on se fait toujours des films sur la vie de couple des adolescents.

Et à nouveau je me suis imaginée monsieur et madame Moustache en train de se fréquenter l’intérieur, et j’ai eu un flash de lui en train de lui mettre une fessée. J’aimerais parfois fermer mon imagination à clé.

Après le café, l’Amaretto, le coup de fil solennel à la grand-mère qui demandait quand est ce qu’on lui enverrait les photos faites ce jour là, je suis rentrée chez moi. Et à 19h30, Jonathan m’appelait pour m’inviter à Noël, sur demande insistante de sa grand-mère qui avait eu cette idée brillante après avoir raccroché. (La scène se passe en Octobre hein). J’ai dit oui parce que j’entendais qu’il y avait le haut parleur et j’imaginais Moustache sur le canapé à côté, un oeil distrait sur l’access prime du dimanche soir, mais je te jure, je l’avais raide. Pire que Betty Mahmoudi je crois.

Le lundi matin, j’ai regardé Jonathan d’un regard mi figue mi afro-américain, alors il m’a assuré que ses parents prévoyaient un budget de 150 CHF par tête pour les cadeaux de Noël, et ça m’a calmée pour un moment.

A la mi-novembre, je commençais à me faire à l’idée de dormir avec Jonathan le soir du réveillon, et puis il m’a appelée en pleurant. Son père avait à nouveau retrouvé un poil et il avait posé une RTT pour comprendre. Planqué dans l’armoire, il avait surpris le fiston + le petit voisin (Gaétan, si ma mémoire est bonne) et à partir de là, Jonathan avait été plus ou moins obligé d’avouer qu’il préférait les garçons…

Alors je me suis assise sur mes 150 CHF de cadeaux de Noël de ma fausse belle famille et j’ai plus jamais remis une patte chez lui, de peur de tomber sur de la polenta ou la gourmette de Moustache.

Mais en guise de dédommagement pour cet acte de figuration, Jojo m’a prêté son scooter pendant deux mois et c’est comme ça que j’ai appris qu’il fallait jamais mettre de string pour rouler en hiver, sous peine d’avoir le cul congelé, Litt & Fi. Mais évidemment, ça c’est une autre histoire. 

Témoignez sur Madmoizelle

Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

13
Avatar de Mushii-Concept
28 octobre 2009 à 17h10
Mushii-Concept
Merci a toi pour l'article qui est a la fois drole car tres bien écrit mais aussi interessant car c'est une réalité assez rependue TT
J'ai beaucoup ris sur la replique a Moustache (deja rien que le blaze ^^) et sur ta replique comme quoi il a qu'a louer un film
Par contre pourrais tu faire une suite avec des nouvelles de ton amis , et savoir quand il a commençé a preferer le boxer a la culotte en dentelle
(parce qu'éduquer par Moustache sa a pas du etre evident --'')

En tout cas merci pour le moment de rigolade
0
Voir les 13 commentaires

Plus de contenus Vie quotidienne

[Image de une] Horizontale (26)
Vie quotidienne

Black Friday : le guide ultime pour trouver l’aspirateur laveur fait pour vous et enfin mettre le Swiffer au placard

Vie quotidienne

Ménage d'automne : la serpillère 2.0 existe, découvrez sans plus tarder notre guide ultime

Humanoid Native
Source : Renphotos / Getty Images Signature
Vie quotidienne

« J’ai commencé à ressentir des sensations étranges, comme si quelqu’un me frôlait » : vos histoires paranormales les plus flippantes – partie 2

Source : Fotokita / Getty Images
Vie quotidienne

« Je sentais continuellement une présence oppressante chez moi » : vos histoires paranormales les plus flippantes – partie 1

6
Capture d’écran 2024-09-06 à 16.28.20
Bien-être

« On souffre en silence » : 3 femmes nous parlent sans tabou de leurs douleurs menstruelles

Capture d’écran 2024-09-06 à 16.30.20
Bien-être

Douleurs de règles : et si on arrêtait de souffrir en silence ? Une experte nous explique pourquoi il est crucial de consulter

Anna Shvet / Pexels
Règlement de comptes

Rose, 2 356 € mensuels : « J’économise 2 000 € chaque mois »

84
Woman at home suffering from menstrual pain. Menstrual cramps, woman warming the lower abdomen with a hot water bottle, endometriosis, and diseases causing pain.
Santé

Non les filles, ce n’est pas normal d’avoir mal quand on a ses règles !

[Image de une] Horizontale (18)
Vie quotidienne

Ménage de rentrée : la serpillère 2.0 existe et avec elle, vous allez mettre le Swiffer au placard 

Crédit : Pixabay
Vie quotidienne

A vous les bons plans sans encombrer votre boîte mail avec Alternative ID

Capture d’écran 2024-07-25 à 11.39.38
Bien-être

On a la solution pour booster votre motivation à reprendre le sport à la rentrée

La vie s'écrit au féminin