Le week-end dernier, quelque part sur une plage de Normandie, une passante attentive aurait pu remarquer que sur mes joues, des larmes se mêlaient aux embruns.
Face aux vagues, au ciel gris et aux mouettes, je prenais une des décisions les plus douloureuses de ma vie : j’allais quitter mon compagnon.
Un homme doux, tendre, aimant et sincère, qui m’a fait vivre près de 3 années merveilleuses. Mais avec lequel je ne pouvais plus rester en couple.
Ce qui a motivé ma rupture
Il n’y a pas eu d’engueulade, pas d’infidélité, pas de cassure.
J’ai simplement passé une année éprouvante, émotionnellement ; j’ai vécu plusieurs types de deuils, changé de taf, vu partir de vieux amis et ouvert mes bras à de nouveaux potes.
J’ai changé. J’ai beaucoup changé. J’ai trop changé.
J’ai l’impression d’être devenue une personne trop différente, alors que mon compagnon reste le même. Et je ne veux pas le faire changer : je l’ai aimé, comme il est. Je ne veux pas le forcer à se réinventer.
J’ai l’impression d’avoir envie de choses qui ne font pas partie de sa personnalité — une forme de spontanéité, de passion, et de solitude, aussi, pour avoir le temps de découvrir cette nouvelle Mymy.
Ma relation ne me convient plus, et ça me rend très triste, parce que ce n’est de la faute de personne, et que je ne peux rien y faire.
Parce que c’était bien, c’était beau, alors j’ai essayé longtemps, de toutes mes forces, de croire que ça marcherait, ou de trouver une solution.
Sauf que mon chemin s’est éloigné, imperceptiblement, du sien ; j’ai avancé sur un invisible embranchement, et il est trop tard pour qu’il m’y suive.
Alors histoire d’être sûre, d’être bien sûre, d’être bien BIEN sûre, je suis allée voir la mer, toute seule. J’ai réfléchi, les pieds ancrés dans le sable froid, avec des larmes sur mes joues.
Quitte à briser le cœur d’un homme que j’aime, autant que je sois certaine de ma décision.
Le soir de la rupture, sans colère ni engueulade
C’est la gorge nouée et le coeur battant à mille à l’heure que je suis descendue du train pour envoyer à mon copain un message disant « Je suis revenue, je viens chez toi ».
J’avais très peur.
C’est que je n’ai jamais fait ça, chère Rockie. C’est une première.
Bien sûr, j’ai quitté et j’ai été quittée, mais c’était soit chaotique, soit d’un commun accord. Et ça fait très longtemps.
Là, il n’y a pas de rancœur, de haine, de colère. Il n’y a pas d’évidence non plus.
Il y a l’immense, l’indicible tristesse, la nécessité de se dire au revoir malgré toute la beauté de ce qu’on a vécu.
Je n’ai jamais quitté un homme auquel je n’ai rien à reprocher, et qui est toujours, à beaucoup d’égards, quelqu’un que j’aime
. Qui ne m’a fait que du bien.
J’avais réfléchi. J’étais sûre de moi. Alors je me suis assise sur son canapé, à côté de lui, et je lui ai dit que j’étais tellement, tellement désolée.
On a beaucoup pleuré. Presque autant qu’on s’est aimés.
Une rupture sans colère, dans le respect et la compréhension
Je ne savais pas à quoi ressemblait une rupture « propre », une rupture d’adultes ayant la maturité de se comprendre et de ne pas se déchirer.
Il a été parfait. Malgré nos cœurs en mille morceaux, il a été parfait.
Il a respecté mon choix et ma décision, m’a promis de ne pas m’embêter, de ne pas insister, de ne pas tenter de me retenir.
Il a pleuré pour tout ce qu’on a été et tout ce qu’on ne sera plus, m’a fait part de ses craintes et de sa peine, doucement, presque gentiment.
Il a respecté mon droit à ma propre peine, même si « c’est moi qui l’ai voulu ». Car rien n’est tout noir ou tout blanc, et j’ai beau avoir choisi, je suis immensément triste.
Paradoxalement, je ne suis pas sûre d’avoir eu beaucoup plus le choix que lui.
Je ne peux pas choisir qui je suis, pas plus que je ne veux qu’il change qui il est.
Ma rupture, sans colère et à la hauteur de ma relation
J’aurais aimé que ça marche plus longtemps, mais comme une lueur dans cette soirée assez sombre, je suis « heureuse » que cette rupture se soit passée ainsi.
Qu’elle soit à l’image de notre histoire, qu’elle ne salisse pas les souvenirs et l’amour qu’on a partagé.
Qu’elle ne soit pas souillée par des déchirements, des mesquineries, des réflexes de protection parfois hostiles.
On s’est aimés tendrement, et on s’est quittés tendrement.
J’aurais aimé savoir plus tôt dans ma vie qu’il était possible de mener un couple ainsi, avec beaucoup de communication, de sincérité, d’honnêteté et de douceur.
J’aurais aimé savoir plus tôt qu’il existe des hommes bons, qui savent écouter, respecter, partager.
Quelque part, cette rupture, comme la relation qui l’a précédée, me redonne foi. Pas en Dieu, mais en l’humanité, peut-être, en l’amour, en l’idée d’un couple qui fonctionne aussi bien que possible, même quand il ne fonctionne plus.
Foi dans le fait qu’il existe des hommes bien, vraiment bien, et que j’ai eu la chance d’en aimer un, qui m’a aimée aussi.
Alors même si écrire tout ça fait chuter des gouttes salées sur mon clavier, je voulais te raconter ce petit moment de vie, chère Rockie.
Parce que c’est important de se rappeler qu’il est possible d’aimer, de quitter, sans armes, ni haine, ni violence. Que l’amour et la volonté de respecter l’autre ne s’arrêtent pas quand la relation prend fin.
Un jour peut-être, je serai l’amie de cet homme bien. Si je continue à avoir de la chance. Et je viendrai t’en reparler.
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