« J’ai 32 ans et me voici à mon tour future maman. Pendant des années, je ne savais pas si oui ou non je me verrais un jour mère. Dernière d’une fratrie de trois enfants, je ne pensais que : « de toute façon les enfants ça t’empêchent de voyager et de dormir ! » En plus, j’avais en tête depuis toute petite le récit dramatique de ma mère me racontant ma mise au monde. « Alors tu vois tu faisais presque 5 kilos, le gynécologue était absent, tu n’arrivais pas à sortir par en bas, je suis tombée dans le coma et le personnel médical a demandé à ton père : on sauve la mère ou la petite ?» Finalement elle aura eu droit à une césarienne d’urgence, mal faite, qui lui laissera des séquelles toute sa vie..
J’ai aimé chaque moment de ma grossesse
Alors quand finalement j’appris ma grossesse, miraculeusement, j’ai été en paix avec le fait de devenir mère, je l’ai ressenti directement à l’apparition du deuxième trait bleu sur le test mais déjà l’idée d’accoucher me terrorisait ! J’ai adoré être enceinte, voir mon corps grossir comme un ballon doré, sentir mon bébé, caresser mon ventre de jour comme de nuit.
J’appréciais chaque échographie, je scrutais le moindre mouvement, j’écoutais son cœur battre, j’étais vraiment heureuse d’attendre ma petite fille. Une ombre au tableau persistait toutefois, malgré les cours de préparation à la grossesse, un projet de naissance bien pensé et écrit, des cours de sophrologie, rien y faisait je me faisais des scénarios catastrophes sur le jour de mon accouchement.
Un matin de septembre, je me lève avec quelques gouttes rosées dans ma culotte, j’appelle les urgences, on me dit de venir directement. J’avais fissuré la poche des eaux et on allait déclencher mon accouchement avec des cachets à prendre à un rythme régulier..
On monte en chambre et je prends mes premiers cachets censés me déclencher des contractions pour accélérer le travail. La journée file, rien à signaler, mon col ne bouge pas, je n’ai aucune contraction, on me dit de continuer les cachets. Fin de journée, je commence à souffrir niveau douleur.
J’avale mon dernier cachet à 23h, je suis pliée de douleurs, les contractions deviennent ingérables pour moi. Une sage femme passe dans ma chambre, m’annonce que mon col s’est un peu plus ouvert et m’emmène en salle d’accouchement. Elle se plaint de ma lenteur à marcher pour atteindre l’ascenseur..
On m’installe, je suis accueille par une autre sage femme de garde, elle lit mon projet de naissance, elle me regarde et me lance froidement « un accouchement physiologique, sur le côté ? Moi je n’aime pas les effets de mode mademoiselle ».
Je suis alors a 2,5 cm de dilatation, on me propose la péridurale, on me roule en boule malgré la douleur à peine supportable. L’effet commence à se faire sentir malheureusement que d’un côté. En effet la péridurale mal posée n’a anesthésié que le côté droit, la douleur était toujours terrible à gauche. On me laisse encore mariner dans cette douleur, le bébé étant mal positionné (visage vers le ciel), on le retourne dans mon ventre et on me demande de me reposer.
Je ne sens plus rien
Une heure plus tard, voyant mon état toujours souffrant, on me repique, cette fois-ci la péridurale efface mes douleurs, mais paralyse totalement le bas de mon corps. On me manipule les jambes, comme si j’étais un vulgaire édredon, qu’on engueule par-dessus le marché. « Mais voyons, faites un effort pour vous redresser » . On me fait pousser, c’est parti ! Je pousse les pieds dans le vide, je ne sens plus rien, on me crie de faire comme si je faisais de l’aviron avec les bras et des abdos.
J’ai beau souffler, crier, pousser de toutes mes forces, je me débats comme un animal à l’agonie, rien ne se passe. Le coeur de ma petite commence à montrer des signes de fatigue, débarquent alors 6 personnes dans la salle : 2 gynécologues se mettent alors face à mon col et commence à me triturer avec des spatules, rien à faire. Anouk ne veut pas sortir. Les 30 minutes réglementaires de poussée sont passées, un silence, un long regard échangé avec mon conjoint, on doit passer à une césarienne d’urgence.
Je suis là, mais sans l’être, je ne comprends pas ce qui se passe, je ne contrôle plus rien. J’entends juste, la voix de mon conjoint me criant : « coeur il y a eu une dernière contraction sur le monitoring, pousse de toutes tes forces, pense à elle » , devant l’enthousiasme contagieux de mon conjoint, les gynécologue reprennent les spatules, une sage femme m’appuie sur le ventre de toutes ses forces. Mon bébé sort enfin. On l’embarque directement vers le pédiatre pour contrôler si tout va, mon conjoint me crie elle va bien, elle a plein de cheveux !!! Je ne blâmerais jamais mon conjoint. Ses mots et son regard m’ont aidée à tenir tout le long de ce voyage douloureux.
« Vous avez un périnée complet »
À peine le travail terminé, on me fait pousser une fois pour la sortie du placenta. S’approche alors la gynécologue qui venait de m’accoucher, qui me glisse à l’oreille en mode confidence. « Vous avez un périnée complet ». Devant ma mine interrogative, elle m’explique simplement que tout a été déchiré en bas. Je reste médusée. 2h de peau a peau avec mon bébé me redonne toute la douceur que j’avais perdue ces dernières heures. Une sage femme me propose une chaise pour remonter en chambre, je refuse et souhaite rester allongée.
J’apprends qu’il peut y avoir 4 types de déchirures lors de l’accouchement, celle que j’ai eu c’est le stade 3 « périnée complet non compliqué » et le stade 4 c’est « périnée complet compliqué », cela veut dire que le sphincter est aussi touché.
La suite n’est pas simple. Je reste alitée durant 5 jours , sondée, ma vessie a été tétanisée par la péridurale, j’ai chopé un mauvais microbe qui me doit d’être sous antibio 3 jours. Je suis toute recousue jusqu’à mon anus. Passées quelques heures, lorsque la péridurale ne faisait plus effet, je prends conscience de mes points, la douleur est horrible. Je peine à marcher jusqu’aux toilettes. Je reste sous antidouleurs pendant 3 jours, avec des poches de glace pour me soulager mes hémorroïdes prises entre les fils de mes points. Le personnel hospitalier est aux petits soins après tout ça, et m’aide dans l’allaitement de ma fille.
Des mois de rééducation
Dans les mois qui suivent, je sens une pesanteur au niveau de mon périnée. J’insiste auprès de mon médecin qui me dit que ce n’est rien et que c’est dans ma tête. Finalement, je suis opérée, 1 an pile après mon accouchement. Le chirurgien m’enlève un morceau d’hymen qui se trouvait en bas de mon vagin depuis mon accouchement. On me met du botox dans les muscles à l’intérieur de mon vagin, car depuis l’accouchement j’ai des contractures musculaires. De la graisse de mes cuisses a été aussi intégrée dans mon périnée pour le repulper, car les rapports sexuels avaient entraîné une fissure au niveau de la fourchette du vagin.
Ces déchirures ne sont pas dangereuses, mais désagréables lors des rapports, et ensuite ça brûle quand je fais pipi pendant 2/3 jours. Un an après, vu que je fissurais toujours, le chirurgien a cette fois injecté de l’acide hyaluronique dans mon périnée, toujours dans l’idée de créer comme un coussinet, pour éviter que cela ne se fissure encore. Depuis, je fissure toujours malheureusement, mais moins, alors je laisse le temps en espérant que cela finisse par partir complètement. Les opérations sont assez désagréables et coûtent chères en plus, car c’est considéré comme de la médecine esthétique et non réparatrice …. Un comble !
On a jamais su la cause de cette complication
Je n’ai jamais su vraiment pourquoi j’ai eu ces complications, ma fille a mis du temps à descendre et à force d’attendre et de pousser visiblement ça a « pété d’un coup », mon périnée n’a pas tenu. De manière générale, je ne cicatrise pas bien, l’utilisation des spatules n’a rien arrangé non plus, mais je n’ai pas eu d’explication médicale pure. On m’a dit : ça arrive, c’est comme ça. Avec le recul, je me dis qu’il y’avait de la place ce jour là pour que j’accouche et qu’au lieu de laisser mon corps travailler tranquillement, en me laissant rentrer chez moi (droit que nous avons après une fissure et que j’ignorais à l’époque), ils ont forcé les choses avec les cachets et mon corps n’a pas suivi..
Malgré tout ça, j’ai eu envie d’un deuxième enfant. Je suis aujourd’hui enceinte du petit frère. Oui, j’ai peur d’accoucher, mais cette fois-ci, on m’a vivement encouragée à choisir une césarienne vu mes antécédents. Je suis rassurée, car je ne m’imagine plus du tout accoucher par voie basse. Et même si la césarienne me stresse aussi, je la préfère à l’idée de revivre tout ce que j’ai vécu.
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Les Commentaires
Je pense que le titre veut dire qu'elle a passé un cap, elle se sent capable de raconter et ça fait du bien?
C'est mon interprétation.