Article publié initialement le 24 juillet 2020
On se connaît un petit peu vous et moi maintenant, et vous êtes au courant de certains aspects de ma vie personnelle. Je vous ai parlé de la mort de mon père, du rapport que j’ai à mon corps qui a changé depuis que je suis avec mon mec, et de toute l’ambivalence que je ressens face au fait d’être mère.
Je vous ai déjà raconté qu’il m’arrivait d’en avoir marre, que je n’en pouvais plus, que je pouvais regretter « ma vie d’avant », et bon sang, qu’est-ce que je ne donnerais pas pour me taper une bonne grasse mat’ après avoir joué aux Sims toute la nuit ou binge-watcher pour la 12ème fois l’intégrale de Buffy contre les vampires !
Non pas que le fait d’être mère m’empêche de faire tout ça, mais soyons honnête deux minutes : c’est quand même vachement plus chaud depuis que mon utérus a été squatté.
Le paradoxe de la maternité
Je me suis rendue compte, en vous parlant de tous les aspects « moins fun » que je pointais du doigt dès que j’abordais le sujet de la parentalité, que j’avais quand même pas mal omis de te dire qu’en vrai, ça me plaît grave d’avoir un enfant.
Quand j’ai appris que j’étais enceinte, je suis passée par une multitude d’émotions, toutes plus nouvelles les unes que les autres, mais qui se résumaient globalement à : joie, panique, re-joie, re-panique.
Joie parce que j’allais être mère, et que c’était un réel désir chez moi. Panique parce que… Bordel, dans quel monde vit-on ? Dans quel monde ma fille va-t-elle naître ? Est-ce que ce n’est pas complètement égoïste et franchement couillon de vouloir me reproduire quand on voit l’état de la planète ?
Ce qui est paradoxal, c’est que je me considère comme étant une personne impliquée dans l’écologie, pour ne parler que de ça (c’est le sujet de mon article, je vais pas traiter d’un seul coup TOUTES les raisons qui m’ont fait paniquer à l’idée d’enfanter), et que ça ne m’a pas empêchée d’avoir ma fille.
Mais oui, ma peur numéro un était : est-ce vraiment raisonnable de fabriquer un enfant, là maintenant ? Est-ce qu’on est complètement à côté de la plaque ?
Spoiler : oui mais non, pas trop.
Avoir un enfant et être consciente de l’impact écologique
Quand je dis que j’ai l’impression que je suis une personne impliquée dans le combat écologique, c’est que je fais tout ce que je peux pour détruire la planète le moins possible. Je ne suis pas parfaite, j’ai des automatismes que je dois encore changer, mais je fais de mon mieux.
Je ne mange pas de viande, mais je ne me déclare pas végétarienne pour autant, je trie mes déchets et j’essaye d’en générer le moins possible, je ne prends l’avion que rarement, uniquement si la distance à parcourir est infaisable en train, je n’ai pas de voiture (et pas de permis, comme ça, c’est réglé)…
J’utilise le moins de plastique possible, je chope uniquement des fringues et des objets de seconde main, je consomme des fruits et légumes bio achetés en circuits courts, je fabrique tous mes produits ménagers et je fais pipi sous la douche. J’ai l’impression d’être sur la bonne voie, même si je pourrais encore faire mieux, je le sais.
Mais ces dernières années, j’en ai eu marre d’avoir l’impression de porter tout le poids du monde sur les épaules, et même si, à mon échelle, je suis persuadée que mes actions peuvent réduire mon empreinte sur la planète, j’attends aussi des actions de ceux qui sont les vrais pollueurs, les vrais consommateurs des ressources, les responsables, ceux qui ont le pouvoir et les moyens de faire en sorte qu’on ne crève pas tous prochainement à cause du réchauffement climatique.
J’en ai eu marre de culpabiliser alors que j’agis comme je le peux, que je me tape des kilomètres de marche dans des manifestations, pancarte à la main, que j’engueule les gens qui jettent leur mégot de clope dans la rue ou qui ne coupent pas l’eau quand ils se brossent les dents.
Est-ce que j’ai conscience de ce qu’implique le fait de mettre un enfant au monde en terme d’empreinte carbone ? Oui.
Est-ce que j’allais oublier un de mes désirs les plus profonds, celui d’avoir un enfant, parce que je me dois de ne pas participer à la déforestation et à la surpopulation ? Non.
Je généralise bien évidemment, mais j’imagine que vous voyez ce que je veux dire. Alors oui, j’ai fait un enfant, je ne le regrette pas, mais ce n’est pas pour ça que je n’essaye pas tous les jours d’élever ma fille en connaissance de cause, en limitant la casse au maximum.
J’admire sincèrement celles et ceux qui refusent d’enfanter pour préserver la planète. J’ai beau essayer de me « racheter une conscience » en étant irréprochable sur de nombreux points, mon désir d’enfant ne peut pas être réprimé.
Avoir un enfant, et continuer de faire attention à mon impact écologique
Plus on avance dans le temps, plus il y des initiatives cool et intéressantes qui se développent autour de l’écologie, mais aussi de la parentalité.
Il est plus facile aujourd’hui d’élever un enfant sans détruire l’habitat des ours polaires, contrairement aux années 80 ou 90. Nous sommes plus conscients de l’état de la planète, du mal que nous lui faisons, et il est moins probable de se faire traiter de marginal ou d’allumé parce qu’on dit qu’on utilise des couches lavables pour son bébé.
Les mentalités évoluent, heureusement et les initiatives se multiplient. Il est donc de plus en plus facile aujourd’hui de faire en sorte de consommer moins, même avec une nouvelle bouche à nourrir.
Couches lavables, baignoires de seconde main et jouets en bois
Comme je te le disais, pour ce qui est de la consommation de ce qui deviendra un déchet, il y a la solution des couches lavables, dont Virginie te parlait il y a quelque temps.
Elles représentent une bonne alternative à la consommation de couches classiques, mais si vous ne vous sentez pas de passer le cap, il y a aussi de nombreuses marques qui se sont mises à la fabrication de couches jetables fabriquées à partir de matières renouvelables, qui ont en plus l’avantage non négligeable de ne pas être bourrées de matières toxiques et polluantes.
Par exemple, pour ce qui est du matériel de puériculture, comme les poussettes, transats, baignoires de bébé et autres tables à langer, j’avais décidé personnellement de ne rien acheter de neuf, mais uniquement d’occasion.
Ainsi, je ne participe pas à une nouvelle production de matériel, je préfère acheter ce qui a déjà été commercialisé et qui a été utilisé par d’autres personnes avant moi. Quand on voit la durée d’utilité de ces objets à l’échelle de vie d’un enfant, ça ne sert, à mon sens, absolument à RIEN d’acheter du neuf !
C’est la même chose pour les vêtements : vu la vitesse ahurissante à laquelle pousse un bébé, j’ai préféré, par souci écologique et aussi financier – ce n’est pas du tout un point négligeable, quand on sait à quel point les fabricants de vêtements pour enfants se touchent la nouille sur les prix — de ne rien acheter de neuf à ma fille, et de ne choisir que de la seconde main.
Les sites de reventes de fringues pullulent sur la Toile, les plus connus étant Vinted et Le Bon Coin, et même si vous ne voulez pas passer par Internet, il reste toujours la solution magique des brocantes et vide-greniers, ou des dons entre amis ou famille.
Franchement, acheter de l’occasion n’a jamais été aussi facile qu’en 2021. Et comme je vous le disais plus haut : les enfants grandissent vite, et les vêtements sont généralement peu portés et sont en bon état. La seconde main, c’est la solution idéale pour tout le monde.
Pour ce qui est des jeux et jouets, je n’achète rien qui soit en plastique, et si je n’ai pas le choix parce que ma fille me tanne pour avoir des figurines La Reine des Neiges, je tape encore une fois dans l’achat d’occasion.
Je suis devenue une experte dans la découverte des trouvailles sur Vinted ; en plus, ma fille ne voit absolument pas la différence entre un jouet qui a déjà appartenu à un autre enfant et un venu tout droit du magasin. Le jour où elle percutera, je lui expliquerai simplement pourquoi je ne préfère pas lui acheter des objets neufs.
Ce qui m’amène à un autre point : l’éducation de ma fille et sa sensibilisation à l’état de la planète sur laquelle elle vit.
Éduquer les enfants à l’écologie, dès le plus jeune âge
C’est un de mes grands piliers de l’éducation, tout comme la sensibiliser au consentement, à la bienveillance envers les autres et à la liberté de sa parole : préserver la planète.
Elle a aujourd’hui 4 ans ½, et elle sait qu’on ne jette pas de détritus dans la rue, qu’on ne laisse pas couler l’eau du robinet, qu’on éteint la lumière en sortant d’une pièce et qu’on trie ses déchets.
Quand elle voit un masque jetable traîner sur un trottoir, je dois la retenir de ne pas foncer dessus pour le mettre à la poubelle, et elle peste contre celui ou celle qui l’a jeté par terre.
Plus elle grandira, plus elle pourra être sensibilisée, pour que ça soit un état d’attention naturel, des principes de vie qui feront partie de son quotidien, comme ceux que mes parents m’ont inculqués quand j’étais plus jeune.
Parce qu’en-dehors de l’action et des mesures que doivent prendre les dirigeants en urgence, nous pouvons aussi, en plus du reste, contribuer à changer les mentalité en élevant des enfants conscients du monde qui les entoure, et de l’urgence climatique dans laquelle nous sommes.
Attention, je ne fais la morale à personne : je te parle ici de mon expérience personnelle et de ce que je mets en place au sein de ma famille. En aucun cas je ne fais des injonctions ou donne la meilleure des manières de faire, là n’est pas mon intention.
Je sais parfaitement aussi, qu’en faisant naître ma fille dans un pays capitaliste comme la France, elle contribuera, quoi qu’elle fasse, à la destruction de la planète. J’en ai conscience, nous n’avons pas la même consommation, même si on fait attention le plus possible, qu’un pays qui n’a pas les mêmes moyens qu’ici.
Avoir des enfants en pleine crise écologique, une lueur d’espoir ?
Personne n’a le pouvoir de savoir comment sera le monde d’après. Si ça se trouve, des enfants qui viennent de naître seront les chercheurs de demain, ceux qui pourront trouver des solutions pour qu’on ne claque pas tous sous les pluies diluviennes, les chaleurs écrasantes, la montée des eaux ou la pollution de l’air !
Oui je sais, c’est utopique de penser de cette manière, peut-être naïf et parfois même franchement égoïste, une manière de plus de me rassurer quant au fait d’avoir voulu faire un enfant dans un monde violent et en perdition…
Mais je reste optimiste, sinon à quoi bon ? Je ne regrette pas d’avoir fait une fille en ces temps compliqués, parce que j’ai une profonde croyance en l’avenir, en l’esprit d’initiative de l’être humain. J’essaye de ne pas regarder que le mauvais, le fourbe et le désespoir. Quand je vois le nombre de personnes jeunes qui militent dans les manifestations ou dans les associations écologiques, quand je vois le mouvement EELV gagner des voix en France, je me dis que tout n’est pas perdu.
C’est pas gagné, c’est certain, mais ce n’est pas foutu.
Peut-être que ma fille, en grandissant me demandera des comptes, peut-être qu’elle me demandera pourquoi j’ai voulu avoir un enfant en sachant dans quoi je la faisais naître. Et je pense que ma réponse sera : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
Elle est la vie, elle est l’espoir, et je ne le regrette pas.
À lire aussi : Vous faire rire en parlant du dernier rapport du GIEC sur le climat, c’est possible sisi
Crédit photo image de une : Akil Mazumder / Pexels
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Les Commentaires
Tout pareil ! Si seulement, j'avais dix ans de plus.
C'était déjà un vrai problème mais une fin heureuse (me) semblait possible !