J’aimerais tellement que vous m’aimiez, si vous saviez, mais je suis à peu près certaine qu’à la fin de cet article vous voudrez, sinon ma mort — ce qui semble un peu extrême — au moins ma démission.
Parce que j’éprouve autant d’affection en ce jour pour La Chronique des Bridgerton saison 2 que pour mon voisin du 3è qui utilise sa perceuse à 4h du matin.
La Chronique des Bridgerton saison 2, l’ennui faite série
Pourtant, croyez-moi, j’ai mis toute la bonne volonté du monde à regarder cette nouvelle saison, mise en ligne le 25 mars sur Netflix. Par exemple, j’ai essayé de croire très fort que Jonathan Bailey jouait bien la comédie et que le château des Bridgerton ressemblait pas à la salle des fêtes de Bobigny.
En vain.
Il s’avère qu’en dépit des (nombreuses) qualités du programme, parmi lesquelles ses tentatives de discours féministe et son casting qui fait la part belle à la diversité ethnique — j’aimerais souligner quand même que les deux actrices principales de la saison (talentueuses Simone Ashley et Charithra Chandran) sont d’origine indienne, ce qui est ma foi beaucoup trop rare, pour ne pas dire totalement exceptionnel —— le programme entier est malheureusement chiant comme un dimanche de pluie à Ouistreham.
Alors qu’est ce qu’il s’y passe, dans cette saison 2 ? Eh bien… attendez j’essaie de me souvenir.
Ah oui voilà, le Vicomte Anthony Bridgerton cherche une épouse. Qui s’en fout ? À peu près personne, car le type a plus de succès qu’un vendeur de parapluies en février.
Et comme il n’est pas exigent du tout, il cherche une épouse douce, belle, intelligente (mais pas trop) qui serait balaise en musique, lirait toute la sainte journée, et lui pondrait des enfants à tour de bras.
La seule chose qui le désintéresse, c’est l’amour.
L’amour lui, il s’en fiche. Ou plutôt, il en a peur. C’est que voyez-vous, sa mère a mis du temps à faire le deuil de son époux et qu’Anthony a dû assister, impuissant, à la longue détresse de sa mère suite au décès de l’ancien Vicomte.
Ainsi, il recherche une épouse « parfaite », peu importe ses sentiments à son égard.
De leur côté, les sœurs Sharma font leur apparition à la cour, escortées par Lady Danbury (voilà une bonne raison de regarder le programme). Si la plus âgée des deux est considérée, à l’âge de 26 ans, comme une vieille fille, la cadette est vite remarquée par la Reine, qui l’élit comme le Diamant de l’année.
Ce qui signifie que tous les jeunes (et moins jeunes) hommes du royaume vont la courtiser pour espérer gagner sa main. Edwina, de son prénom, est immédiatement attirée par le Vicomte Bridgerton. Celui-ci entreprend donc de faire d’elle sa femme.
Seule ombre à l’horizon ? Sa grande sœur qu’il trouve désagréable et orgueilleuse. Hôpital, charité, Anthony.
Évidemment, leur haine réciproque va vite muter en passion ardente, bla bla bla, vous connaissez le topo.
Vous avez l’impression d’avoir vu cette intrigue 206 mille fois au cinéma ? C’est sans doute parce que vous l’avez vue 206 mille fois au cinéma.
Un homme et une femme qui masquent leur enclin réciproque derrière une haine mondaine, c’est le pitch de 80% des romans anglais du XIXè siècle. Bon ok, j’exagère peut-être un peu, mais c’est au moins le pitch d’Orgueil et préjugés de Jane Austen.
Quoi qu’il en soit, il découle de cette saison un désastreux manque d’enjeux puisque chaque élément auquel on s’attend… finit par arriver.
La Chronique des Bridgerton saison 2, des personnages sans profondeur aucune
Oui, j’ai une dent contre Anthony Bridgerton, qui est résolument nul en tous points. Ok, j’ai compris qu’il était triste d’avoir perdu son papounet alors qu’il n’était qu’un ado, mais est-ce une raison pour être un sombre connard ? Bien sûr que non, regardez Harry Potter !
Anthony, c’est un macho de base, à qui tout le monde passe ses caprices. D’ailleurs, tous ses frères et sœurs savent pertinemment qu’il est imblairable, mais plutôt que de l’envoyer bouler, ils préfèrent arguer : « Oh, c’est Anthony, il est comme ça».
Euh… oui d’accord, mais à ce compte-là tout c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres.
« Oh, vous savez, c’est Poutine, il est comme ça ».
Non vraiment, c’est pas ok d’être un connard, même si on est vicomte et qu’on est fort en escrime.
Heureusement, les scénaristes du show, qui ont tafé avec Chris Van Dusen, le créateur, ont pris soin de faire évoluer ce personnage du début à la fin de cette seconde saison, mais sans le départir d’une certaine absence de nuance qui le rend absolument méprisable et antipathique.
Sans compter que son histoire avec Kate Sharma est strictement dépourvue de crédibilité. Je vous assure qu’il y a plus de tension sexuelle entre mon nouveau fer à lisser et moi qu’entre Anthony et Kate.
D’ailleurs, les mécaniques scénaristiques de progression de leur relation sont systématiquement les mêmes, ce qui confère à la série une impression désagréable de redondance. Leur « passion » n’évolue que lors d’activités, comme la chasse ou le cricket, sans que rien de profond, à part une vague histoire de mariage posée au milieu, ne les empêche réellement de vivre leur histoire.
On ressort donc de Bridgerton saison 2 avec l’impression de s’être tapés 8h d’un seul et même film qu’on aurait mis en boucle.
Même l’affaire de fond, qui relie tous les personnages entre eux, sur la quête de l’identité véritable de Lady Whistledown, débarque dans les épisodes avec ses gros sabots, et on devine du coup tout ce qu’il va se passer 4h avant que cela se passe.
Alors ok, je regarde par Bridgerton pour son suspens, je suis bien consciente que ça n’est pas 24h Chrono, mais il y a des limites à ce que mon cerveau peut endurer en termes de prévisibilité.
Et tout ça, c’est vraiment dommage, car une écriture plus musclée du scénario aurait pu rendre hommage à la belle intention de la société de production Shondaland : celle de faire jouer une histoire ancrée pendant la Régence anglaise du XIXe siècle par des acteurs aux origines plurielles, auxquels beaucoup d’individus différents peuvent s’identifier (même si tous sont des canons de beauté).
Mais non, l’intrigue, fondue dans le sucre, n’est rien de plus qu’une énième histoire parfaitement anecdotique qu’on aura oublié dans 2 semaines.
Désolée. Pitié, aimez-moi quand même !
Voir La Chronique des Bridgerton saison 2 sur Netflix
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Crédit photo à la Une : La Chronique des Bridgerton via allociné
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Les Commentaires
Je trouve vraiment que la psychologie d'Anthony était beaucoup plus creusée que celle de Daphné et Simon, et j'aime beaucoup ce qu'ils ont fait de son personnage. Je ne trouve pas ses motivations spécialement cliché dans le sens où je trouve que la manière dont c'est présenté et raconté va au-delà du trope et rejoint le comportement amoureux de plein de gens de la vraie vie. C'est vrai que ça aurait pu être cliché mais je trouve que c'est suffisamment creusé pour qu'on puisse s'identifier à lui et le comprendre sincèrement. Alors que Simon, j'avais de l'empathie pour lui parce que l'acteur investissait les émotions du personnage, mais le récit était un peu plus "grossier" je trouve.
Et ce que j'ai trouvé intéressant, c'est que je ne pouvais vraiment pas encadrer Anthony dans la saison 1, mais ça m'a donné envie de revoir la saison 1 pour regarder ses actions et son comportement sous un autre jour. Bon après, je suis pas sûre que Bridgerton soit écrit avec la subtilité de Game of Thrones, donc je sais pas si le personnage était joué avec tout ça en tête dès la saison 1 , et peut-être que ça reste le même mec insupportable, mais ça m'a donné l'impression que je comprenais mieux certains trucs de gros relou qu'il a pu faire dans la saison 1.
Et franchement la passion romantique Kate/Anthony, j'ai vraiment kiffé, ça faisait hyper longtemps que j'avais pas vu une romance comme ça, à la fois joyeuse et ultra romantique passionnée. D'habitude, c'est soit une passion tragique où on souffre avec les personnages, ce que j'aime pas spécialement, soit une romance en mode bon pote ou amour tranquille, ce qui est bien aussi, mais je me souviens encore du sentiment que j'avais ressenti quand j'étais au collège en voyant A tout jamais avec Drew Barrymore où on a la fois le côté joyeux de la comédie romantique et le côté passionné/fait l'un pour l'autre des romances plus prises de tête, j'avais été complètement captivée et je n'ai jamais cessé d'aimer ce film, je me repassais des scènes dans ma tête pendant des jours, etc. Kate/Anthony m'a un peu rappelé ça car le drame n'est jamais franchement pesant ou menaçant dans Bridgerton, et j'avais pas spécialement ressenti ça en voyant Daphné/Simon.
Par contre, quand je lis les résumés des livres, je me dis que j'espère qu'ils vont pas tout suivre à la lettre car ça a l'air un peu répétitif, pas toujours hyper progressiste et pas forcément hyper cohérent avec les personnages tels qu'ils ont été développés jusqu'à présent