Je peux me douter de ta réaction en lisant le titre de mon témoignage : elle est sans doute à peu près semblable à celle de la grande majorité de mon entourage proche lorsque je leur ai parlé de cette décision. Mais attends un peu, que je te raconte plus longuement mon histoire.
Je suis une étudiante de 24 ans qui a mis du temps à trouver sa voie, et dont l’avenir professionnel est encore indéterminé. Je suis l’aînée d’une famille qui s’est recomposée il y a peu, et je me suis attribuée un rôle de maman de substitution pendant longtemps pour gérer le divorce de mes parents (spoiler : ça ne marche pas).
Cette propension à vouloir prendre soin des gens, voire les « sauver » par extension, m’a valu quelques déconvenues dans mes premières relations amoureuses. Le fameux syndrome de l’infirmière, on connaît ; je suis tombée en plein dedans, malgré des études en psycho (c’est toujours moins évident quand on est au premier plan, n’est-ce pas ?).
Et quand les mecs que je rencontrais s’en rendaient compte avant qu’on ne sorte ensemble, ils en profitaient souvent (ce que je peux comprendre, en me mettant à leur place). J’ai mis du temps à savoir prendre ma place, à ME « sauver » en priorité et de là, savoir ce que je voulais, dans tous les domaines de ma vie.
Une rencontre lors d’une soirée entre amis avec un homme plus âgé
Après deux relations plutôt longues, une rupture difficile, une dépression, une phase d’errance sur un site de rencontres et une révélation sur ce que je recherche vraiment chez quelqu’un, j’ai été invitée un soir à l’anniversaire d’une amie où je rencontre mon futur barbu.
Je remarque tout de suite qu’il a de l’allure, du charisme et qu’il se détache des autres invités. Physiquement, ça matche (la barbe, j’adore). Il ne parle pas beaucoup mais observe son environnement : un comportement que je connais bien puisque c’est ma façon de m’acclimater également. Une ou deux anecdotes plus tard, on échange deux mots et je remarque également sa vivacité d’esprit, son sens de l’humour précis, sarcastique mais bienveillant à la fois.
En partant de la soirée, je n’en sais pas beaucoup plus sur lui, mais j’en garde un souvenir intrigué. Un bon mois plus tard, l’amie dont c’était l’anniversaire m’invite à la rejoindre au resto avec d’autres amis de la soirée… et le barbu est présent.
Je suis plus à l’aise avec les gens que je connais déjà : ayant la vanne facile, je fais profiter tout le monde de mes talents oratoires (lol). Le repas se passe tranquillement, avec quelques regards en coin et rapides échanges banals avec la tablée.
Tous les prétextes sont bons pour passer du temps ensemble
En sortant, tout le monde va prolonger la soirée chez Monsieur barbu (on va l’appeler John), sauf moi : j’ai une semaine d’exams importants qui arrive. Alors que John me chambre sur mon mode de vie trop sage, je trouve une bonne répartie : sans être méchante, elle fait mouche. Il est intrigué et obtient de moi la promesse de venir à sa prochaine soirée, fixée après mes partiels exprès.
À cette soirée, on parle pendant des heures. Je sors d’une rude semaine de partiels et d’insomnies, mais mon éveil intellectuel face à lui efface ma fatigue aussi sûrement qu’un café-techno au milieu d’une nuit de bachotage. Je dors chez lui et le lendemain matin, on se remet à parler autour de viennoiseries comme si on se connaissait depuis peu et depuis toujours en même temps.
À partir de ce moment-là, ça se passera comme ça à chaque fois qu’on se verra. Et on se verra souvent : balade, ciné, resto, sessions de World of Warcraft (pas de jugement)… Tous les prétextes sont bons pour passer du temps ensemble.
Est-ce que je peux sortir avec un homme plus âgé ?
Notre relation reste cependant platonique et (en apparence) amicale. C’est pas faute pour lui d’avoir tenté un ou deux moves, mais même si j’apprécie la séduction subtile entre nous, je tiens à prendre mon temps parce que je sens que ça peut vraiment donner quelque chose.
Je pense que c’est le bon moment pour te dire que, pendant « tout » ce temps (qui a dû durer deux mois), j’ignorais son âge. Je sais qu’il est considéré comme le daron de la bande de potes, mais je ne sais pas à quel point… Il blague beaucoup là-dessus et quand on lui demande son âge, il répond invariablement des valeurs entre 174 et 354.368 ans.
Quant à moi, je lui donne 30, 35 ans maximum. J’en ai 23 à ce moment-là, et j’ai donc conscience qu’il existe un écart d’âge, mais ça ne me gêne pas. Nous avons des caractères différents, mais très similaires à la fois (j’aime à dire que nous nous retrouvons sur les choses importantes pour nous, mais que nous nous complétons ailleurs).
15 ans d’écart avec un homme : un sacré décalage ?
Nos expériences ont beau être très différentes elles aussi (moins nombreuses en ce qui me concerne) elles nous ont apporté des valeurs similaires. Nous avons tous deux nos casseroles, que nous avons appris à traîner sans que ce soit trop handicapant à force d’introspection.
Nous tenons tous les deux à notre indépendance, notre espace vital, ce qui nous amène parfois à passer des après-midis à lire/geeker l’un à côté de l’autre, sans que ça soit source de gêne ou d’ennui. En fait, on est vraiment sur la même longueur d’ondes.
Un soir, au détour d’une soirée avec d’autres amis, je veux clôturer mon investigation et savoir quel âge a John. Au détour de la conversation, j’apprends l’air de rien qu’il va avoir 38 ans. Mon cerveau calcule lentement : 15 ans d’écart. C’est aussi l’âge de ma belle-mère, qui a deux enfants et avec qui j’ai un sacré décalage.
Sortir avec un homme plus âgé : les réactions négatives de l’entourage
Quand je descends dans le Sud pour les vacances familiales, j’en parle à mes proches, à qui j’avais déjà teasé ma potentielle future relation. Presque à l’unanimité, on me dit « Fais gaffe ! », « Un mec de quasi 40 balais qui veut pécho une étudiante, c’est pas normal » ou encore « Tu vas souffrir, ça ne peut te mener nulle part ».
Des réflexions pas très encourageantes, que je prends parfois un peu comme des remarques paternalistes : personne ne me fait confiance sur le fait d’être lucide et de savoir me défendre en cas de personne toxique (ce que j’aurais aisément pu déceler au vu de mes expériences passées).
Même ceux qui me disaient « Vas-y, lance toi ! » quelques jours auparavant reculent maintenant derrière cet obstacle que représente pour eux cette différence d’âge. Et quelque part, je les comprends : après tout, moi aussi j’ai un peu buggé sur ces années d’expériences en plus, sur ce quotidien qui n’est pas le même…
J’ai confiance : en moi, en lui, en la vie
Pourtant, j’ai un bon pressentiment, et mon instinct me trompe rarement. Je garde en tête tout ce qui nous rapproche et tout le plaisir que je ressens quand on passe des moments ensemble. Finalement, on veut tellement se revoir qu’il me rejoint carrément chez ma mère, où j’ai la maison pour moi toute seule quelques jours avant de remonter dans le Nord où j’étudie.
Et ce qui devait arriver arriva : après avoir parlé pendant des jours et des jours, senti cette électricité entre nous, observé une pluie d’étoiles filantes et écouté du classique pendant toute une nuit, on finit par se sauter dessus. C’est la consécration d’une belle période de séduction et pour moi, faire l’amour avec lui revient à lui déclarer ma flamme. Je sais ce que je veux, et j’ai confiance : en moi, en lui et en la vie.
On remonte le lendemain dans le Nord où nous habitons tous les deux et à partir de là, c’est bien simple : on ne se quitte plus. Il devient extrêmement rare que je dorme chez moi, c’est-à-dire dans la colocation où je vivais avec mon petit frère. Je n’y passe que pour prendre des vêtements, puis mes affaires de cours lorsque la rentrée arrive.
S’installer ensemble après trois semaines de relation : une bonne idée ?
Avec la rentrée, la fin du bail de notre colocation arrive et alors qu’on cherche un nouvel appart avec mon frère, il me sort : « Mais pourquoi on cherche une coloc’, tu ne vas pas vivre avec John ?! ». Et là, réflexion intense. OK, je passe ma vie chez lui. OK, pour la première fois de ma vie, je peux passer plus de deux heures d’affilée seule avec quelqu’un sans avoir envie de lui arracher la tête (j’exagère à peine).
Cette aisance entre nous n’est pas liée aux vacances, car même le quotidien avec lui me plaît. Quand on se dit « je t’adore », notre façon de sourire le traduit en un « je t’aime » pudique. Nous nous retrouvons tant sur le plan physique que mental, tous les deux hyper importants pour moi.
Finalement, de la même manière que l’obstacle de la différence d’âge, celui de l’ancienneté de notre relation s’efface bien rapidement, au profit de tout ce positif à vivre avec lui. J’en arrive à un « Eh ben pourquoi pas ? » auquel ne pourrait se heurter qu’un refus de sa part.
Un emménagement qui se passe sans vagues
Cette fois-ci, je n’en parle à personne : je ne veux pas faire face à nouveau à des remarques négatives, comme un mois plus tôt. J’ai confiance en moi et en mon jugement. Grand bien m’en prend : lorsque j’en parle à John (assez maladroitement pour être honnête, avec la fameuse peur de déranger), il me voit venir à 100 km, mais surtout il me rassure. Nous sommes, encore et toujours, sur la même longueur d’ondes. Tout ce bien qu’on s’apporte mutuellement, il le ressent aussi, et il a aussi confiance en notre futur ensemble.
Une semaine plus tard, j’apporte mes meubles et on décore l’appartement pour que je m’y sente chez moi, qu’on s’y sente chez nous. Nous nous entendons si bien que même mon déménagement se passe sans vagues, et je m’habitue assez vite à dire « chez moi » au lieu de « chez John ».
C’est ainsi qu’aujourd’hui, je vis des moments fabuleux avec l’homme que j’aime (et une petite chatte adoptée depuis). Notre quotidien est toujours aussi riche en discussions, en rires, en petites attentions et autres surprises. Et la vie commune n’a pas du tout tué notre période « honeymoon » : c’est plutôt comme si on ne l’avait jamais quittée.
Alors bien sûr, parfois nous sommes fatigués, impatients ou stressés, mais jusque là, nous n’avons eu aucune dispute, juste deux ou trois discussions (mais c’est dans notre nature de réagir calmement). Nous avons rarement besoin de trouver des compromis, et quand c’est le cas, c’est toujours des solutions gagnant-gagnant.
On s’est pacsés cet été, et quand on parle de l’avenir, d’une maison avec un jardin, d’enfants et éventuellement d’un mariage, l’un comme l’autre, nous n’avons pas peur.
Ce témoignage t’a interpellé·e ? Tu as aussi été confronté·e à la différence d’âge au sein d’un couple ? Rendez-vous dans les commentaires pour en parler !
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