Article publié initialement le 29 mai 2020
J’en entends déjà me dire : « Ah, mais faut pas tomber enceinte si tu n’aimes pas ça ! »
Ce à quoi je réponds : mais comment j’aurais pu le savoir ? Je n’ai pas de machine magique qui me permet de voir le futur, hein.
C’est comme pour les tomates cuites : comment savoir que ce n’est pas bon, sans jamais avoir goûté ? Bah maintenant je peux le dire : je n’aime pas les tomates cuites, et j’ai détesté être enceinte.
La grossesse, ce moment idéalisé par beaucoup
Depuis que je suis gamine, j’ai toujours vu les femmes enceintes autour de moi adorer ces longs mois avec un gros ventre. Elles semblaient épanouies, en phase avec elle et leur futur bébé, bref un pur moment de joie. Enfin ça, c’est ce qu’elles voulaient bien montrer, peut-être.
Du coup, même si je savais que ça n’allait pas forcément n’être qu’une partie de plaisir (ça se termine avec un accouchement où on doit expulser un rôti de son vagin tout de même, ce n’est pas rien), je me disais que globalement, la grossesse, ça n’avait l’air pas si terrible.
Eh bien je me suis mis le doigt dans l’œil jusqu’au… jusqu’à l’utérus ? BREF, vous avez compris l’idée.
Contrairement à ce que j’avais comme exemple autour de moi, ma grossesse n’a pas été un long fleuve d’épanouissement et de bonheur fait de gazouillis d’oiseaux et de licornes toutes douces. J’extrapole à peine.
Non, j’ai vraiment vécu ces neufs putains de longs mois comme un calvaire, tant physiquement qu’émotionnellement.
Le calvaire physique de la grossesse, difficilement supportable
Une grossesse, c’est long. Encore plus long il paraît quand c’est son premier enfant, parce qu’on a le temps de se regarder le nombril pousser.
Commençons par le premier trimestre de grossesse. Oui je sais, tout le monde n’a pas les mêmes symptômes et ça dépend d’une femme à l’autre, voire d’une grossesse à l’autre. C’est la loterie.
Pour ma part, je n’ai pas été hyper épargnée, même si je sais que ça aurait pu être pire. Je vous avais déjà parlé de ma phobie du vomi, eh bien disons que passer 3-4 mois à avoir la nausée dès le moment où j’ouvrais les yeux le matin n’a pas été le meilleur des moments, vous vous en doutez.
J’ai tout essayé pour calmer ces nausées : la cuillère de miel au réveil, les plantes, l’acuponcture : rien n’a marché.
J’ai pris mon mal en patience jusqu’au jour où ça a disparu comme par magie, sans crier gare. Et encore, je suis chanceuse : je n’ai pas vomi une seule fois. Youpi youpi.
Le deuxième trimestre, c’est soi-disant celui où on se sent le mieux dans ses baskets parce que les symptômes des premiers mois sont passés, et où on kiffe un peu son état de demi-ballon.
Que nenni sister, c’était tout pourri. Je commençais à avoir du mal à me déplacer sans être essoufflée (alors que j’ai l’habitude de marcher pendant des heures), j’avais envie de fumer en permanence, et en plus c’était en plein milieu de l’été, avec les chaleurs horribles, les jambes qui gonflent, les malaises vagaux et l’envie de picoler un verre de rosé ou deux.
Coucou, c’est le début de la frustration.
Le troisième trimestre fut le pire, je crois. J’arrivais plus à voir mes pieds tant mon ventre était énorme, je dormais mal parce que la nuit était le moment préféré de ma fille pour faire des cabrioles dans l’espace réduit de mon utérus, et caler ses pieds dans mes côtes semblaient être son petit jeu favori.
Rajoute à ça des lumbagos, des sciatiques à répétition et des poteaux à la place des jambes et on est bien.
Non franchement, c’était tout pourri comme truc, je ne recommande pas hein.
Le calvaire émotionnel de la grossesse, insupportable
Parce qu’il n’y a pas que les points physiques nommés ci-dessus qui sont relous, sinon c’est trop facile. Je crois que ce que j’ai détesté encore plus que l’aspect physique qui se barre en vrille, c’est ce qui se passait dans ma tête.
J’ai mis beaucoup beaucoup de temps avant de réaliser que j’avais une occupante dans mon ventre, même si ce dernier grossissait de jour en jour.
Je n’arrivais pas à admettre mon état de grossesse, et je gérais très mal la frustration et les attentions mielleuses et pourtant pleine de bonnes attentions de la part de mes proches.
J’avais l’impression qu’on me considérait comme une petite chose fragile qu’il fallait protéger et soigner, et ça me faisait royalement iech. J’étais enceinte, pas malade, ni en sucre nom di diou !
Je voulais continuer à vivre ma vie comme d’habitude, sauf que j’étais vite rattrapée par la réalité et j’étais donc ultra frustrée.
Et surtout, je n’existais plus. Moi, la femme, je n’étais visiblement plus présente pour ceux que je côtoyais, j’étais juste « la future maman », la « femme enceinte ».
On ne me parlait plus que de ma grossesse, toujours et tout le temps, de ce que j’allais faire quand ma fille serait née, si j’allais l’allaiter, si elle allait dormir dans notre chambre ou dans la sienne, si j’étais plus couches lavables ou jetables, tétine ou pouce…
Bref, merci, mais non merci. Je n’avais plus d’intimité dans mes pensées et mes projets, toutes les questions qu’on pouvait me poser ne tournaient qu’autour de la grossesse et de la parentalité.
J’avais l’impression qu’on me forçait à rentrer dans un rôle que je ne visualisais pas du tout comme tout le monde. Pour moi, notre vie allait certes changer, mais ma personnalité resterait la même, sur les mêmes rails. Je n’allais pas soudainement devenir ce qu’ils semblaient attendre que je sois.
Du coup, je ne correspondais pas aux attentes, je faisais soulever des sourcils interrogateurs et quelque peu jugeant, et ça me saoulait.
J’avais hâte d’accoucher et que ma fille soit là, pour ne plus être uniquement considérée autour de cette grossesse, mais aussi pour moi.
Sans compter qu’une fois née, plus personne n’essayerait de me toucher le ventre sans même me demander l’autorisation. Non mais on s’en parle de cette manie ? Ça me fait enrager.
La libération de l’accouchement, enfin
Quand ma fille est née et une fois que j’ai pu digérer ma dépression post-partum bien sévère, j’ai kiffé. J’avais eu des doutes sur le fait de réellement vouloir un enfant quand j’ai pu voir à quel point je détestais être enceinte, alors que c’était une période qui était censée être si cool et épanouissante.
Je n’avais pas été épanouie du tout, je n’avais pas du tout aimé ces neuf mois. Mais maintenant qu’elle était enfin là, que je pouvais reboire un coup et fumer une clope sans culpabiliser parce que mon utérus avait repris sa forme originelle et que l’occupante avait dégagé les lieux, ça allait mieux. J’extrapole bien sûr, mais vous avez l’idée.
Je me sens tellement mieux dans mon rôle de maman maintenant que ma fille ne vit plus dans mes entrailles ! Et je vous avoue que je ne suis pas sûre de vouloir remettre le couvert et de lui faire un petit frère ou une petite sœur.
Pour l’instant du moins, je ne me sens pas du tout prête à ça, parce que je sais par quoi je vais devoir passer. Et ce, même si chaque grossesse est différente, il reste tout de même le fait que ça impliquera encore une fois d’héberger une ou un squatteur pendant quelques mois. L’adoption n’est pas dans nos projets, donc on verra bien pour la suite !
Mais on n’y est pas encore, loin, très loin de là, il va me falloir encore du temps pour oublier tout ça.
J’envie presque celles qui s’épanouissent et trouvent que ces longs mois sont cools, même s’ils peuvent être relous sur bien des aspects !
Crédit photo image de une : film Un heureux évènement
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Les Commentaires
Trouve des soutiens solides.