La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés d’une louche d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question de la semaine
Chère Daronne,
Il y a quelques semaines, mon mec m’a donné accès à ses comptes sur les réseaux et moi j’ai fait de même, parce qu’on voulait un peu se donner ce gage de confiance.
Il est clean niveau fidélité, pas de soucis pour ce point-là mais, en farfouillant un peu, j’ai découvert des critiques plutôt déplaisantes à mon égard dans une conversation avec son meilleur ami.
Nous en avons discuté par la suite pour mettre les choses à plat et je lui ai pardonné, mais parfois ça continue de tourner en boucle dans ma tête.
Qu’est-ce que je suis censée faire ?
La bisette,
Lilou
La réponse de la Daronne
Ma petite tranche de jambon aux herbes,
Tu sais ce qu’on dit hein : « quand on cherche, on trouve ». Je ne sais plus qui a dit ça, mais ce n’est pas complètement déconnant comme proverbe, pour une fois. Enfin, c’est toujours mieux que « l’habit ne fait pas le printemps » ou « il ne faut pas mettre la charrue avant les œufs dans le même panier ». Quoi ? C’est pas ça qu’on dit ? Bon, foutez-moi la paix.
Je m’égare, je le sais, mais tout ça pour te dire que, même si tu as été rassurée, j’imagine, de voir de tes propres yeux sur l’écran que non, ton mec ne te trompait pas, il était presque certain que tu allais trouver quelque chose qui aurait pu te déranger. Pourquoi ? Parce qu’on ne vit pas dans un Disney, et que les vrais êtres humains ont des failles, des émotions, des ressentis, des réactions à chaud, et qu’ils ne s’expriment pas (tous) en poussant la chansonnette quand ça ne va pas.
Ce que je veux dire par là, c’est qu’il arrive à tout le monde d’avoir besoin de se décharger, de bitcher, comme disent les jeunes, de vider son sac ou que sais-je encore, lorsqu’on est contrariée. Certains et certaines écrivent dans un journal intime, d’autres en parlent de vive voix avec un proche, et peut-être que dans le cas de ton mec, il avait besoin de se soulager l’âme sur Facebook avec son meilleur ami. Un meilleur ami, c’est un peu comme un journal intime, non ?
Je me souviens, de mon temps où les réseaux sociaux et internet n’existaient pas, j’envoyais des missives enflammées à mes copines qui vivaient loin, pour me plaindre de mon Jean-Roger et de la manie qu’il avait de mastiquer bien trop fort les aliments, jurant que j’allais un jour lui prémâcher moi-même son steak façon oisillon pour qu’il arrête de faire ce bruit de l’enfer.
Est-ce que ça veut dire que je ne l’aimais pas ? Non. Est-ce que ça me faisait du bien de l’écrire ? Bien évidemment. Est-ce que je le pensais vraiment, lorsque je disais que j’avais envie de lui foutre de la purée directement au fond de la gorge pour ne plus jamais l’entendre mâchouiller ? Sur le moment oui, mais c’est vite passé (et puis il a passé l’arme à gauche, ça aide).
Peut-être que c’est la même chose pour ton Jean-Roger à toi. Peut-être qu’il avait besoin de bitcher un peu sur ta pomme, parce que ce jour-là, tu l’avais soulé, ou tu avais dit un truc relou, avais lâché un pet foireux sous la couette, ou que sais-je encore. Ça ne t’es jamais arrivé d’appeler ou d’écrire à tes ami-es pour leur dire que là, à l’instant T, ton mec te gavait ?
Bien évidemment, si tu continues de faire tourner ce que tu as pu lire dans ta tête encore et encore, tu peux faire deux choses :
- Te demander pourquoi ce qu’il a écrit te perturbe tant. C’est une petite introspection à faire, entre toi et toi-même, pour essayer de comprendre pourquoi ces critiques déplaisantes ne passent pas. Est-ce qu’elles touchent quelque chose chez toi qui te rappelle des mauvais souvenirs ? Est-ce que ce qu’il a pu écrire est si faux que tu te sens incomprise, ou si vrai que tu te sens jugée ?
- Même si tu lui en as déjà parlé, ce n’est pas pour ça que tu dois te taire. Si ça continue à te perturber, eh bien continues à en discuter avec lui, jusqu’à ce que tu arrives à mettre le doigt sur ce qui te fait mal dans cette histoire.
- Tu peux aussi demander à ton mec d’être particulièrement attentif, rassurant, aimant pour les prochaines semaines. Ce que tu as lu a abîmé la confiance que tu avais en lui (ou en toi ?) et il va falloir retricoter tout ça et que tu te sentes aimée et valorisée grâce à lui.
- Comme après une bonne choucroute, laisse-toi le temps de digérer. Ce n’est pas parce que tu lui as dit que tu lui pardonnais que c’est forcément acté dans ta tête. Laisse-toi un peu de temps, bois un peu d’eau gazeuse avec du citron pour faire descendre le truc, et après on verra. Une chose après l’autre, tu n’es pas une ardoise magique, ce n’est pas en te secouant un bon coup que tu vas oublier ce qui a pu te blesser.
Bon courage ma petite belette et laisse-toi le temps de prendre une bonne respiration !
Je t’embrasse, j’ai une lettre à écrire,
Ta Daronne
Voilà, c’était le 32e épisode de notre courrier du cœur qui parle d’amour bien sûr, mais aussi de relations humaines compliquées, de parentalité et de galères du quotidien !
Nous répondons à VOS questions avec une grosse louche d’humour et d’autodérision, un petit peu de bienveillance et quelques conseils plus ou moins foireux de la daronne, le cas échéant.
Retrouvez tous les Chère Daronne ici !
Si vous voulez participer à la rubrique, écrivez-nous sur daronne[at]madmoizelle.com, en précisant en objet « Chère Daronne » !
Crédit photo image de une : RODNAE Productions / Pexels
Les Commentaires
J'ai vécu une situation où une amie a eu une amie avec qui elles partageaient absolument tout. Elles vivaient ensemble (jusqu'à dormir dans le même lit, pas en colocation à chambre séparée, c'est important pour la suite), elles mangeaient ensemble et elles étaient en cours ensemble. Leur quotidien était H24 à deux, sauf que moi je n'étais pas ami avec cette seconde personne, je ne la connaissais pas.
J'ai fini par couper les ponts avec mon amie car je ne supportais plus cette dynamique fusionnelle. Quand je parlais à mon amie, l'autre lisait forcément ce que j'écrivais et la réponse était des deux ! J'ai tenté d'expliquer à mon amie que je n'avais rien contre cette relation amicale (elles font ce qu'elles veulent au demeurant), mais que pour moi elle brisait une confiance tacite entre nous que ce que je lui raconte n'était dit qu'entre nous. Surtout que je ne pouvais lui parler que de cette façon, car nous étions trop loin pour nous voir régulièrement. Elle s'est toujours justifiée du fait que ce n'était pas grave car son amie était quelqu'un de confiance, mais personnellement je m'en fichais car je n'avais pas de relation avec cette personne. Je n'avais plus accès à des conversations avec mon amie uniquement, juste des conversations avec une fusion des deux.
Je suis donc de l'avis que c'est important de voir comment pense l'entourage de cet accès et ce que l'accès implique. Je ne comprends d'ailleurs pas très bien en quoi lire des conversations privées augmentent la confiance dans un couple. J'ai des personnes de mon entourage qui n'ont aucune existence sur mon téléphone, ça ne m'empêcherait pas d'être infidèle, tout ne se passe pas sur le téléphone unno: