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Psycho-sexo

J’ai 40 ans, je suis vierge et asexuelle, et tout va bien pour moi

À 40 ans, Raphaëlle* n’a jamais eu de relations sexuelles, malgré l’existence d’une vie amoureuse. Longtemps honteuse de cette situation, elle a fini par découvrir son asexualité et à faire la paix avec elle-même.

Je suis une femme vierge de 40 ans. Ces quelques mots sont d’apparence banale, mais ils ont été en réalité peu faciles à dire pour moi au début et encore moins évident à admettre.

L’une des raisons qui font que ça n’a jamais été évident de le reconnaître ouvertement, c’est tout simplement de par notre société. Le sexe fait partie intégrante du couple ; c’est ce que j’ai toujours pensé. Je pourrais pointer du doigt le cinéma, qui avait déjà la fâcheuse tendance à montrer des scènes de sexe quand j’étais petite, même si c’était très implicite – beaucoup se souviendront certainement de ces moments particulièrement gênant où une scène devenait un peu plus osée durant un visionnage en famille. La littérature moderne également, qui a pourtant l’avantage de s’adresser à des adolescents en pleine découverte de leur corps et de leur sexualité.

Toutefois, ce serait mensonger de ma part de dire que c’est uniquement à cause du cinéma et de mes lectures que j’ai finalement ressenti un peu de honte en réalisant que j’étais toujours vierge alors que je fêtais mes vingt ans.

Être vierge, une étiquette que je pensais gênante

Ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, pourtant. La première occasion que j’ai eu était avec un homme qui avait presque le double de mon âge et que j’avais rencontré sur un site de rencontre ; parce que jeune, naïve et fort bien irréfléchie à cette époque-là, je voulais me débarrasser de cette étiquette de « vierge » assez rapidement. On s’était même rencontrés dans une chambre d’hôtel pour l’occasion. Ça ne s’était pas concrétisé parce que j’avais purement l’impression d’être un bout de viande en dépit de ses caresses sur des zones normalement érogènes. Il n’y avait aucun désir ; pire, je ressentais même un léger dégoût à l’idée d’aller plus loin, à le toucher. Mais qu’on se rassure néanmoins, il a été très classe et a parfaitement accepté que je retire mon consentement, sans tenter du chantage affectif ni sans essayer de me convaincre de continuer. Il m’a simplement déposée dans un coin pas trop loin de chez moi et espérait qu’il avait pu me donner un peu confiance en moi malgré tout.

J’ai eu d’autres occasions également ; des personnes avec qui j’ai été en couple. L’un de mes ex en particulier a renforcé cette idée que le sexe était un indispensable dans un couple ; car c’était sa vision d’être en couple. Pour lui, un couple était « des amis qui couchent ensemble ». Il n’était pas le seul à penser de la sorte. Pour beaucoup de gens autour de moi, être en couple signifiait « coucher avec » ; et pour tout autant de personnes dans mon entourage, être dans une relation platonique était considéré comme de l’amitié, puisqu’il n’y avait pas de sexe.  

En dépit de toutes les occasions que j’ai pu avoir, avec plusieurs petits amis, j’ai longtemps blâmé mon inexpérience – à tort – de m’avoir empêché de passer le cap. Le plus difficile pour moi a été de reconnaître mon manque de désir sexuel envers autrui, mon envie inexistante voire parfois, mon dégoût de la chose, parce que j’ai longtemps perçu la sexualité comme une chose normale dans un couple, quelque chose que tout le monde ressent.  

C’est aussi quelque chose dont mes amis ne se sont jamais douté. Je ne corresponds pas à ce cliché de la vierge que beaucoup de personnes semblent imaginer, parce que j’ai appris à parler et plaisanter assez librement et ouvertement sur le sujet de la sexualité. Je ne voulais tout simplement pas avouer ma virginité et mon inexpérience sur le sujet, autant auprès de mes amis que de mes flirts. Malheureusement, c’est aussi pour cela qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes ne me croient pas ou difficilement quand je leur avoue être encore vierge, et asexuelle de surcroît. 

À lire aussi : Je suis asexuelle, et j’aimerais bien qu’on me foute la paix

La découverte de mon asexualité, un soulagement

Je pense aussi que mon déclic a été en discutant de tout cela avec des personnes sur internet il y a tout juste deux ans. L’absence de jugement de personnes qui étaient des inconnues, et qui m’ont permis de complètement vider mon sac. C’est ce qui m’a permis de prendre conscience de faits pourtant particulièrement évident, comme mon asexualité, au travers de regards extérieurs. Jusqu’alors, je n’avais jamais réfléchi au pourquoi du comment ; pourquoi je ne ressentais aucune envie sexuelle, pourquoi je ne me sentais pas émoustillée quand d’autres que moi l’étaient, ou l’auraient été à ma place. Ça m’a fait énormément de bien de pouvoir enfin mieux me connaître et de comprendre comment je fonctionne, ou comment je ne fonctionne pas. 

L’asexualité n’était pas quelque chose que j’avais envisagé. Je suis capable de me donner du plaisir en solitaire, parce que je peux ressentir un plaisir plutôt « mécanique » en dépit de mon désir sexuel inexistant envers autrui. Néanmoins, je pense que ça aurait été plus simple pour moi dès le début si on m’avait dit quelques petites choses, que j’aimerais transmettre avec ce témoignage.

D’abord, le sexe n’est pas une norme par défaut dans un couple. Certains fonctionnent avec, d’autres sans, et c’est important de le souligner.

Ensuite, une relation platonique n’est pas « juste de l’amitié ». Une relation platonique est soit non-sexuelle, soit non-romantique. Je trouve cependant dommage de résumer l’idée par « c’est de l’amitié ». Ça reste un lien plus fort qu’une simple amitié dans les deux cas. J’ai déjà vécu une relation platonique, qui était assumée comme telle – contrairement à mes autres relations où je n’avais pas su dire que j’étais vierge, pas plus que je ne savais que j’étais asexuelle. C’était une très belle relation, dans laquelle j’ai pu m’épanouir, et les sentiments ressentis n’étaient en rien « purement amicaux ».  

Enfin, être vierge n’est pas une étiquette gênante ni quelque chose « à corriger ».

Dans mon cas, j’ai cessé de ressentir de la honte ou de la gêne dès l’instant où j’ai compris que j’étais asexuelle, parce que je considère désormais que c’est simplement la preuve que je me suis écoutée et que je continue de le faire. J’ai 40 ans, je suis vierge et asexuelle, et je ne me suis jamais forcée à quoi que ce soit. Dire que je suis complètement heureuse serait un demi-mensonge. Je suis heureuse comme je suis, mais je le serais évidemment davantage si la virginité et si l’asexualité pouvaient être davantage perçues comme des éléments tout à fait normaux dans notre société, voire davantage représentés dans les médias.

* Le prénom a été modifié.

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Les Commentaires

8
Avatar de DamePatience
2 mars 2024 à 10h03
DamePatience
Si y'a des gens que ça intéresse, je poste la vidéo. Je l'avais regardée il y a un moment mais je ne me souviens plus exactement mais il me semble qu'un des témoignages m'avait vraiment touchée (sinon je ne m'en souviendrais probablement plus).
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