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Culture

Transphobie : 5 dates clés pour comprendre la polémique autour de J.K Rowling, de 2018 à 2023

Le 10 février 2023 marque la sortie du jeu vidéo Hogwarts Legacy qui fait l’objet de nombreux appels au boycott de la part de personnes dénonçant la transphobie de J.K Rowling. Voici les dates clés pour tout comprendre de la polémique provoquée par la créatrice de Harry Potter.

Ça y est : ce vendredi 10 février, Hogwarts Legacy est sorti. Depuis des mois, les créateurs de ce jeu vidéo immergé dans l’univers de Harry Potter sont très clairs : l’autrice de la saga, J.K. Rowling, n’a pas été impliquée dans la création du jeu.

Pourtant, par les thèmes qu’il aborde, par les appels au boycott dont il est l’objet, mais aussi parce qu’il met en valeur un monde imaginé par une écrivaine accusée de transphobie et d’antisémitisme, Hogwarts Legacy cristallise de nombreuses polémiques entourant J.K Rowling.

À travers un récapitulatif étendu sur ces cinq dernières années, Madmoizelle vous propose de faire le point sur une autrice devenue porte-parole d’une idéologie transphobe.

Comprendre le problème avec J.K Rowling en cinq dates clés

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© creative commons

19 mars 2018 : J.K Rowling like « par accident » un tweet transphobe

Tout a commencé en mars 2018, lorsque J.K Rowling a liké un tweet dont l’autrice affirmait être victime de misogynie au Parlement britannique, contrairement aux femmes transgenres. L’utilisatrice avait alors nommé ces dernières des « hommes en robes », niant ainsi leur identité de genre.

Accusée de transphobie, J.K Rowling s’était alors défendue en déclarant avoir liké le tweet par erreur, pensant avoir fait une capture d’écran. L’autrice a affirmé qu’elle était alors à la recherche de ressources afin de s’informer sur les gender studies.

jk rowling tweet transphobe

19 décembre 2019 : J.K. Rowling apporte un soutien public à Maya Forstater, une femme transphobe

En 2019, J.K Rowling est passée à la vitesse supérieure dans l’affirmation d’une idéologie transphobe. Sur Twitter, l’écrivaine est revenue sur l’affaire Maya Forstater, une chercheuse estimant avoir été licenciée d’une association de lutte contre la précarité à cause de ses positions transphobes, explicitement affichées. J.K Rowling lui avait alors apporté un soutien public dans un tweet :

« Habillez-vous comme vous le souhaitez. Appelez-vous comme bon vous semble. Couchez avec n’importe quel adulte consentant. Vivez votre meilleure vie dans la paix et la sécurité. Mais forcer les femmes à quitter leur travail pour avoir maintenu que le sexe est réel ? »

6 juin 2020 : « Fammes ? Fommes ? Fimmes ? » : J.K Rowling poste des tweets transphobes

En 2020, J.K Rowling s’est de nouveau retrouvée au cœur d’une vive polémique, après avoir réagi à un article intitulé « Opinion : créer un monde post-Covid-19 plus égalitaire pour les personnes à menstruations ». Ironisant sur cette formule inclusive, qu’elle accuse d’invisibiliser les femmes cis genre, J.K Rowling avait alors publié un nouveau tweet transphobe :

« Les personnes qui ont leurs règles ». Je suis sûre qu’on avait un mot pour désigner ces personnes, avant. Que quelqu’un m’aide. Fammes ? Fommes ? Fimmes ?

Dans la foulée, l’autrice avait publié une série de tweets niant le ressenti et le vécu des personnes trans, développant une rhétorique profondément transphobe, tout en affirmant ne pas l’être :

« Si le sexe n’est pas une réalité, alors il n’y a pas d’attirance pour les personnes de même sexe. Si le sexe n’est pas une réalité, alors ce que vivent réellement les femmes à travers le monde est effacé. Je connais et j’aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences. Dire la vérité, ce n’est pas tenir un discours de haine.

L’idée que des femmes comme moi, qui sont en empathie avec les personnes trans depuis des décennies, qui se sentent connectées à elles parce qu’elles partagent une vulnérabilité en tant que femmes (vulnérabilité face à la violence masculine), « haïssent » les personnes trans parce qu’elles estiment que le sexe est une réalité et a des conséquences sur nos vies… c’est un non-sens.

Je respecte le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable. Je manifesterais à vos côtés si vous étiez victime de discrimination à cause de votre transidentité. Et en même temps, ma vie a été façonnée par le fait que je suis de sexe féminin. Je ne pense pas que ce soit « haineux » de dire ça. »

La publication de ce thread avait entraîné la prise de parole des stars de la franchise Harry Potter. Daniel Radcliffe avait apporté son soutien à la communauté queer avec un billet mis en ligne sur le site du Trevor Project, une association de soutien aux personnes LGBTQI+.

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© Warner Bros

5 mars 2022 : J.K Rowling s’oppose à un projet de loi de réforme soutenant les personnes trans en Écosse

En mars 2022, J.K Rowling s’est une nouvelle fois attaquée aux personnes transgenres, en militant cette fois contre la progression de leurs droits en Écosse. En réponse à un projet de loi visant à simplifier le processus de changement de genre à l’État civil porté par la première ministre écossaise Nicola Sturgeon, la romancière s’est exprimée sur Twitter, niant une nouvelle fois l’identité de genre des femmes trans :

« La loi que Nicola Sturgeon tente de faire adopter en Écosse nuira aux femmes les plus vulnérables de la société : celles qui cherchent de l’aide après des violences ou des viols commis par des hommes ainsi que des femmes incarcérées. Les statistiques montrent que les femmes emprisonnées sont déjà beaucoup plus susceptibles d’avoir déjà été maltraitées. »

10 février 2023 : de nombreux appels au boycott entourent la sortie de Hoghwarts Legacy

Quand des spécialistes du jeu vidéo appellent au boycott

Dans une vidéo cumulant plus de deux millions de vues sur les réseaux sociaux, le streamer et ancien employé de studios de jeux vidéo Will Overgard a invité ses « amis et collègues » à « ne pas soutenir » Hogwarts Legacy. Cet appel au boycott implique notamment de ne pas acheter Hogwarts Legacy et de ne pas créer de contenu streaming ou YouTube autour du jeu. « Il ne s’agit pas de savoir si ce jeu a du contenu répréhensible – mais de se dire que soutenir ce jeu valide en quelque sorte les positions très très douteuses (de J. K. Rowling) » a expliqué le streameur, connu sous le nom de VikingBlonde.

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© Warner Bros

Cet appel au boycott est également d’actualité en France. Sur Twitter, Gamekult, un site web français spécialisé dans le jeu vidéo a annoncé son refus de « donner un écho à une marque dont le poids économique et médiatique profite à une femme érigée en figure de proue d’un mouvement de haine. Une femme dont l’activisme vise au recul des droits des personnes trans déjà constamment déshumanisées. »

Un personnage transgenre vivement critiqué

Pour donner un aspect plus inclusif au jeu, Hogwarts Legacy marque l’arrivée du premier personnage transgenre dans l’univers Harry Potter. Mais, d’après les premiers témoignages, le personnage de Sirona Ryan ne serait que très peu présent et occuperait un rôle de second plan dans l’aventure. Il s’agirait par ailleurs d’un personnage non-joueur – le joueur ne pourra donc pas le contrôler.

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© Warner Bros

Le scepticisme du public a également été justifié par le nom du personnage. Sur Twitter, la journaliste Laura Kate Dale, spécialisée dans les liens entre transidentité et jeux vidéos, a accusé les créateurs du jeu d’avoir donné un nom stéréotypé au personnage :

« Lol. Bien sûr ils ont donné au personnage trans un nom commençant par Sir et se terminant par un nom masculin genréC’est un tel trope des conventions d’appellation des personnages trans dans les médias»

Fan d’Harry Potter, mais en lutte contre la transphobie ? Les réflexions éclairantes de Lexie

Acheter et jouer à Hogwarts Legacy, est-ce soutenir J.K Rowling ? Est-ce valider, de manière tacite, une idéologie transphobe ? Faut-il renoncer à un univers imaginaire qui nous a par ailleurs aidés à nous construire et nous passionne pour lutter contre cette idéologie discriminante et mortifère ?

Dans un post Instagram, la militante féministe et trans Lexie a apporté des pistes de réponse particulièrement riches et précieuses face à ces questionnements complexes liés à la transidentité, à l’influence de la culture et du soft power d’une autrice parmi les plus influentes du monde. Tout en rendant hommage à certaines figures féministes et progressistes de l’univers Harry Potter, comme Hermione Granger, Tonk ou encore Luna, Lexie a expliqué :

« Les militantes féministes ont réussi à amener dans l’espace publique l’idée qu’un artiste ne peut pas être dissocié de ses créations et des biais violents ou discriminants que ses œuvres diffusent.

J.K Rowling ne doit pas être l’exception parce qu’elle est une femme. Ses idées transphobes, sa vision hétéro traditionnaliste des femmes, des relents antisémites, une construction réductrice et raciste des personnages non blancs, un système suprémaciste aidé par des institutions politiques… Tout ça c’est aussi dans son oeuvre littéraire, pas que des tweets sur le côté. »

Crédit de l’image à la Une : © interview BBC de J.K Rowling


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Les Commentaires

97
Avatar de RainyMood
20 février 2023 à 09h02
RainyMood
J'ai terminé le jeu, et je confirme le commentaire plus haut. La date 1612, est mentionnée une fois dans tout le jeu et l'intrigue ne se base absolument pas sur ça.
Je trouve que les gens essaient de trouver absolument tout et n'importe quoi pour avoir une raison de cracher sur le jeu.
Que ce soit ça ou le nom de Sirona Ryan.
9
Voir les 97 commentaires

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