“C’est ça, c’est ça, c’est çaaaaaaaaa putaaaaain !!!!!!”. Ce que c’est, c’est une bonne grosse marave rock’n’roll dans la gueule, le tout de la part d’une chanteuse et d’un groupe qui lâchent les chevaux sur un disque que je n’avais, mais alors vraiment, vraiment pas vu venir. Sachant que la chanteuse en question est une fille de ma génération, fille du chanteur préféré de mon père, je me suis dit que j’avais une chronique toute prête, tout simple à écrire, à base de confits de génération et d’héritages paternels, avec plein de seconds sens lesbiens à faire mouiller toute la blogosphère et puis… Et puis j’me suis dit que ce disque vaut quand même mieux que ça.
Grosse marave dans la gueule, disais-je. C’est ce que j’ai eu envie d’hurler dans les cages à miel de mon voisin de bus finlandais au bout de la première minute du premier album éponyme d’Izia, le groupe d’Izïa Higelin. Riffs de guitare efficaces (Sébastien Hoog, le guitariste, est visiblement fan des mêmes guitaristes que moi) (t’as aussi un poster de Jimmy Page et Angus Young dans ta piaule ?), batterie puissante (Vincent Polycarpe, également membre de l’excellent groupe Gush), et une énergie qui m’a fait écarquiller les yeux pendant à chacune des envolées électriques et vocales du groupe. C’te baffe j’vous dis. Je crois que si j’avais voulu faire partie d’un groupe de rock, je voudrais faire partie d’Izia.
Ce groupe balance un rock’n’roll efficace, sans fioritures, sans se poser 35 000 questions. Comme si MC5 avait copulé avec AC/DC un soir de défonce, le tout propulsé par la voix au potentiel infini d’Izïa Higelin. Je parle de potentiel, ce n’est pas innocent, elle a encore une marge de progression assez incroyable. Je ne sais pas à quoi ressemblait la voix de Janis Joplin quand elle avait l’âge d’Izïa Higelin, mais quelque chose me dit qu’elles ont un destin musical similaire. Izïa compense ses petites faiblesses vocales (à 18 ans, avoir une voix aussi profonde qu’Alice Russell ou Janis, c’est pas possible) par une rage et une attitude punk à vous donner des frissons un peu partout. Non, tout partout en fait.
Je ne peux pas m’empêcher de me demander comme cette fille s’est décidée à faire un rock de cet acabit. Son génial père lui a vraisemblablement transmis tout ce qu’il savait, elle aurait pu faire de la pop, de la folk (avec son nom de famille et son joli minois, ç’aurait été facile), de la chanson française, mais non, elle est partie dans les contrées bruyantes, suantes du rock’n’roll. Bon Dieu ça nous change de ces types de 40kg tout mouillé, lookés tous de la même manière, avec leurs chaussures pointues, leur Perfecto acheté chez Tati et leurs jeans slim troués avec soin.
Bon, passée l’excitation, il faut se rendre à l’évidence… c’est vraiment très bon.
Oui, je vais avoir du mal à les critiquer car ils font vraiment tout ce que je “demande” au rock. C’est accrocheur, primal, jamais bourrin, intense à souhait… Leurs concerts doivent être absolument dithyrambiques avec ce qu’ils ont sous le capot, une espèce de V10 chromé qui fait “ROOOOAAAAARRRR!!!!” à la moindre accélération électrique. Les 4 premières pistes sont à tomber par terre, c’est un PUR bonheur. Quand en plus ils me balancent un riff funky sur “Blind”, que voulez-vous que je fasse ? Et puis cette ligne de basse sur “Disco Ball” ?
Pointer leur manque d’originalité ? Qu’ils marchent sur des sentiers battus et rebattus par des gens meilleurs qu’eux ? Que le revival seventies y-en-a-marre-à-la-fin ? Que des pseudo-Janis Joplin on en croise tous les ans à la Nouvelle Star ?
Izia est original car ce qu’ils font, même si ça a déjà fait, ils le font avec un talent aussi inédit que celui des Arctic Monkeys quand ils ont remis l’indie-rock sur les rails. Leur influences rock, hard rock, soul, ce sont les choses que j’écoute à longueur de journée et que j’essaye de vous faire découvrir quotidiennement sur ce site. Quand à la comparaison avec Joplin, qu’Izïa Higelin va se prendre dans les dents à longueur de critiques parce que oui, elle a les cheveux longs et hurle “I’m burning !!” sur de la musique rock en les secouant comme une démente, oubliez-la vite fait car la fille risque de vous mettre son pied dans les couilles. C’est ce que je ferais à sa place.
Et si vous osez sortir une remarque cynique sur son âge, je vous en mets une. Oui, ce genre de disque me rend un peu camionneuse.
Gigantesque potentiel de jouissance rock’n’roll, premier album solide en tous points, je vois pas trop ce que je pourrais vous dire de plus pour vous convaincre d’acheter Izia, sous forme digitale le 8 avril (ou dans les bacs le 8 juin), et d’aller voir le groupe en concert, pourquoi pas le 25 avril prochain au Printemps de Bourges ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Dailymotion - Izia : mon école c'est la scène - une vidéo Musique