Ce n’est pas pour me la jouer grande aventurière, mais j’en ai vu, des horreurs à l’écran. Il faut plus de trois esprits frappeurs pour me faire sursauter, plus d’un seau de boyaux pour impressionner mon petit coeur de mercenaire. Je reste là, les yeux grands ouverts et le dos droit, dans mon fauteuil de cinéma.
Pourtant, il y a peu, j’ai failli. Installée devant It Follows, j’avoue, j’ai cillé. Le frisson a parcouru mon échine et je n’ai rien pu faire pour l’en empêcher.
S’inspirant d’un cauchemar récurent de son enfance, le réalisateur instaure à ce film une ambiance et une esthétique glaçantes. L’inconscient, cette foutue source inépuisable d’abomination, lui a soufflé à l’oreille de construire son long-métrage autour d’une appréhension d’enfant, qui parfois nous poursuit jusque dans les ruelles sombres, celles qui mènent jusqu’à notre rassurante porte d’entrée : l’impression d’être sans cesse suivi•e.
Bande-annonce garantie sans jump-scare (et dont l’image de cover YouTube est moins vendeuse qu’un pied, je vous l’accorde).
Si tu n’es pas contre quelques sensations fortes, tu pourras rencontrer Jay, une jolie adolescente dont le quotidien paraît fort tranquille. Après avoir donné de son fruit défendu à son nouveau copain, elle se trouve face à des hallucinations qui la perturbent et la poursuivent. Problème : il ne faut absolument pas se faire toucher, et le virus se refile… Entourée de ses amis, Jay va chercher à échapper à l’horreur. Bonne ambiance.
Une esthétique différente
Il suffit de jeter un oeil au trailer d’It Follows pour se rendre compte qu’il est loin des blockbusters horrifiques à la mode The Conjuring ou Sinister. Bien que ceux-ci soient super-efficaces, il leur manque parfois le charme de l’authentique, le vernis qui les rend différents. Le film de David Robert Mitchell se bat du côté indépendant de la force, un peu comme l’a récemment fait Jennifer Kent, avec son Babadook en pop-up.
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L’image est froide mais l’ambiance n’est pas aseptisée, simplement brumeuse, onirique. Contrairement à ce à quoi le spectateur est habitué en matière de films d’épouvante modernes, la façon de filmer ici est parfois très lente, les panoramiques et travelling s’étirent en longueur et ne suivent pas toujours l’action en son épicentre. La musique, également très forte et parfois pesante, donne au tout un style très rétro (façon synthé des années 80) et original. Enfin, It Follows n’est pas vraiment ancré dans une époque particulière : bien que des indices soient dissimulés un peu partout, impossible de véritablement le situer dans le temps.
Ce sont tout autant de parti-pris et de détails qui ancrent It Follows dans un univers à la fois réaliste et chimérique… donc, trois fois plus inquiétant.
Un regard travaillé pour une panique originale
En général, les cinéastes d’horreur ont pour habitude de nous plonger au coeur de l’action. Les têtes ne tombent pas avant que la caméra soit assez près pour les voir atterrir mollement sur le sol. C’est du sensationnel.
Ici, le spectateur est placé dans deux positions différentes : celle du voyeur et celle de la victime. Parfois, la prise de vue est lointaine. On regarde Joy et ses amis évoluer avec de la distance. On observe plus qu’on n’étudie. Puis les plans se rapprochent pour finir directement à la place de l’héroïne. Le sentiment d’être épié•e est constant… Et ça, ça met vraiment mal à l’aise.
Je te laisse les découvrir en détails dans le film, mais les apparitions, sortes de zombies avec renfort de matière grise, sont glaçantes. La scène dans le lycée m’a donné plus que du fil à retordre : les yeux humides et une image qui reste un de mes premiers grands effrois. Leur manière de procéder est horrible, l’idée même de ce film est affreuse.
L’impression que tout se passe en hors-champ crée une paranoïa qui s’accentue en même temps que celle des personnages. C’est une sensation aussi déstabilisante que grisante.
I’m not a girl, not yet a woman…
It Follows est un teen-movie. Ses héros sont des adolescent•e•s, des potes qui agissent en groupe dans lequel chacun•e apporte sa propre personnalité. Le sexe et la nudité sont au centre du film. Certains voient en l’idée même du scénario l’allégorie d’une certaine forme de tabou vis-à-vis des premières relations sexuelles. Le passage à l’âge adulte est un thème récurrent.
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Les acteurs sont tous bons, en particulier Maika Monroe (Jay) dont le naturel, l’air mélancolique et les phases de terreur sont remarquables.
Finalement, la seule faiblesse du film reste sa fin, un peu classique et presque bâclée, par rapport au niveau du reste de la séance. Malgré un clap final un peu décevant, rien n’atténue le charme de cette heure et demie de totale psychose. Autant l’avouer : je n’ai jamais marché aussi vite après une séance de cinéma.
It Follows de David Robert Mitchell, sort le 4 février 2015 !
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Les Commentaires
Désolé mais je crois que j'a pas tout compris de ce film...