Le rapport du labo est tombé, mauvaise nouvelle, vous avez une IST ! Ne passez pas par la case départ, mais plutôt par celles de l’appel à un·e ami·e. Se pose en effet la question de devoir passer les fameux coups de fil ou SMS à d’anciennes conquêtes pour les mettre au courant. Malheureusement, encore trop de personnes préfèrent zapper cette étape pourtant essentielle, car trop peur. Entre honte sociale et nécessité de santé publique, retour sur cette pratique pouvant paraître humiliante, alors qu’elle s’avère thérapeutique.
Des maladies bénignes mais honteuses
« J’ai appris que j’avais un clam (chlamydiose) en janvier 2022, j’ai tout de suite rappelé les deux personnes qui auraient pu être concernées par cette transmission. J’ai appelé le premier en pleurs, je n’arrive pas à parler, j’étais déjà sous le choc de la nouvelle. Je me sentais sale, je culpabilisais (pour moi, mais aussi pour l’autre) », relate Romane, jeune femme hétéro à propos de cette expérience l’année passée.
Une chlamydiose est une infection due à une bactérie, la Chlamydia trachomatis, une IST (Infection Sexuellement Transmissible) très facile à dépister. Bénigne si elle est détectée tôt, elle se soigne aisément grâce à des antibiotiques. La chlamydiose, plus communément appelée chlamydia est une des IST les plus communes. Toute personne sexuellement active peut se retrouver infectée, via des rapports vaginaux, anaux ou oraux, à l’instar de la gonorrhée ou de la syphilis.
Honteuse, Romane a tout de même rappelé ses deux anciens partenaires pour les prévenir et leur demander de se faire dépister. Un petit geste exemplaire que beaucoup préfèrent éviter, malgré la facilité de la démarche. Maëlle Guichard, animatrice de prévention au Checkpoint Paris, explique :
« À titre individuel, il est important que ses partenaires soient au courant qu’iels ont probablement été en contact avec une IST et prennent les mesures nécessaires. En effet, comme l’indique le Conseil National du Sida (CNS) cela permettrait de dépister plus rapidement les personnes qui auraient été exposées à des infections sexuellement transmissibles (IST). »
Le Checkpoint Paris est un Centre de Santé Sexuelle d’Approche Communautaire (CSSAC) et un Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) qui propose une offre de santé sexuelle gratuite et inclusive dédiée aux personnes LGBTI+ et aux travailleur·euses du sexe. Là-bas, le dépistage est facile et gratuit. Et il existe sûrement d’autres CeGIDD près de chez vous : vih.org géolocalise tous ceux présents en France hexagonale. Existe aussi l’option de demander à votre médecin traitant une ordonnance pour faire un dépistage alors remboursé par la sécu dans un laboratoire d’analyses médicales de votre quartier.
Une stigmatisation des IST
De son côté, Iris relate :
« Ça m’est déjà arrivé il y a quelques années, pour… la gale. C’est considéré comme une IST, entre autre chose, parce que ça se transmet via contact très rapproché notamment. J’avais grave honte. Ma médecin m’a informé que c’était courant, qu’il y a une épidémie en ce moment, mais quand même… Ça sonne un peu d’une autre époque ‘gale’. »
Effectivement, le nom fait peur et reste associé à une maladie repoussante que l’on aurait attrapée par malpropreté. Pourtant, il n’en est rien. N’en déplaise au slutshaming (car c’est aussi à cause de la crainte que révéler qu’on a une IST ne nuise à notre réputation qu’on se tait parfois), les IST ne sont pas sales en soi, ni dues à un manque d’hygiène, mais bien à une absence de dépistage, qu’on ait une sexualité très active, avec plusieurs partenaires ou non. Iris n’a cependant pas hésité à contacter son partenaire régulier :
« Je l’ai carrément appelé. Il a rigolé et m’a dit qu’il connaissait, que des potes à lui l’avaient déjà chopée. Il a pu se traiter en préventif et donc éviter les galères de la maladie, qui arrivent après une longue période d’incubation, auxquelles j’ai eu droit. Rien de fou, en soit. J’ai pris sur moi, et tout s’est bien passé. Le mec était cool, je n’avais pas envie de le laisser avec ça. Pour certains autres, je n’aurais peut-être rien dit. »
Pourtant, ne pas prévenir en cas de risque peut entraîner des complications.
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Des efforts de santé publique
Pour faciliter la démarche de prévenir ses partenaires actuel·les ou passé·es, le Checkpoint Paris a mis en place un instrument pratique, nous explique Maëlle Guichard :
« Nous avons développé un outil accessible depuis notre site internet : permettant d’envoyer un SMS de manière anonyme à ses partenaires. Pour cela, il suffit d’entrer le numéro de téléphone des personnes à contacter. Le numéro de l’expéditeur·ice n’est pas demandé et ne peut, de fait, pas être divulgué. »
Grâce à cette initiative, la personne potentiellement infectée est notifiée sans devoir passer soi-même par le fastidieux message.
Au-delà de la simple démarche personnelle, casser les chaînes de contamination est un rouage essentiel dans la lutte contre les IST à l’échelle collective. « Du point de vue de la santé publique, il est primordial de mettre un terme aux chaînes de contamination le plus vite possible. La proposition systématique de la notification à la personne dépistée positive pour une IST doit être réalisée en respectant les droits des patients et de leurs partenaires. Cette stratégie est efficace pour cibler les personnes qui ignorent avoir été exposées à un risque d’IST », conclut Maëlle Guichard du CheckPoint. Un seul conseil : dépistez-vous régulièrement !
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