Article initialement publié le 19 mars 2021
Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects féministes. Dans notre nouvelle rubrique Règlement de comptes, des personnes viennent éplucher leur budget et nous parler de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Iscambe (c’est un pseudo) qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Pseudo : Iscambe
- Âge : 30 ans
- Métier : en CDI dans le domaine du social
- Salaire mensuel : 1.500€ net (sur 14 mois, donc environ 1.800€ par mois en lissant sur l’année)
- Famille : Sa fille de six ans, son chien, ses deux chats, et son copain qui ne vit pas avec elles
- Lieu de vie : Un appartement HLM de 3 pièces dans Paris
Les revenus d’Iscambe
Iscambe est en CDI à temps plein depuis 3 ans et demi dans le domaine du social. Elle gagne 1500€ net mensuels versés sur 14 mois. Ce qu’il lui permet d’avoir deux rentrées d’argent supplémentaires chaque année pour mettre du beurre dans les épinards.
Pour autant, la jeune femme ne s’estime pas bien rémunérée pour le boulot qu’elle fait.
« J’ai une grosse charge de travail de base et j’ai pris des missions qui ne sont, à mon goût, pas reconnues à leur juste valeur ni rémunérées. Mais bon le social, en même temps… »
En plus de son salaire, Iscambe reçoit 200€ de pension alimentaire mensuelle versée par le père de sa fille de six ans, dont elle est séparée. Elle reçoit aussi des allocations familiales versées par la CAF.
Au total, elle a donc un budget de 1.760€ net par mois (sans compter les 13e et 14e mois versés ponctuellement).
Iscambe s’est remis en couple, mais son nouveau compagnon ne vit pas avec elle et sa fille au quotidien. Leurs revenus et dépenses sont donc totalement séparés, même s’il participe de temps en temps en faisant quelques courses.
L’organisation financière d’Iscambe
En matière financière, Iscambe est très organisée.
Elle a ouvert différents comptes dans des banques en lignes sans frais, avec chacun une fonction spécifique.
Son salaire et la CAF tombent tous les mois sur le premier compte, et les factures régulières (loyers, électricité, abonnements, etc.) sont prélevées directement dessus.
Elle vire ensuite un montant mensuel destiné aux courses sur le deuxième compte.
Et elle a un troisième compte sur lequel elle met de l’argent de côté pour des dépenses destinées à un futur proche (frais dentaires, vacances, etc.).
En plus de ses trois comptes courants, elle a ouvert des comptes pour épargner à plus long terme : un livret A, un livret de Développement Durable, un PEA (Plan Épargne Actions). Elle a aussi fait preuve de prévoyance pour sa fille :
« Je lui ai ouvert un livret A à son nom que j’alimente de temps en temps. Sinon, elle est bénéficiaire de tous mes autres contrats. Son livret A lui servira quand elle sera majeure, elle en fera ce qu’elle veut (même si j’espère qu’elle ne le dilapidera pas bêtement). Sinon, de moi-même, je mets de côté pour ses études si elle veut en faire, ses frais si c’est dans une autre ville, etc. »
Les dépenses d’Iscambe
Iscambe a la chance de bénéficier d’un logement HLM de 3 pièces dans Paris intra-muros depuis trois ans. Cela lui permet de ne pas dépenser trop d’argent pour se loger, contrairement à de nombreux Franciliens. Son loyer s’élève à 590€ par mois. Le même logement dans le secteur privé lui coûterait probablement au moins le double.
À ce loyer, viennent s’ajouter 45€ chaque mois de factures de gaz et d’électricité, 17€ d’assurance habitation et 31€ d’abonnement Internet et téléphone.
La cantine et la garderie de l’école pour sa fille de six ans lui coûtent environ 75€ par mois.
Côté alimentation, elle dépense environ 120€ par mois dans les courses d’alimentation pour elle et sa fille, auxquels il faut ajouter 45€ de croquettes pour son chien et ses deux chats.
En dehors de ces dépenses incompressibles, la trentenaire ne consacre pas vraiment de budget à ses loisirs ou au shopping.
« Je n’ai pas de budget particulier pour ça et j’utilise mes chèques vacances, cadeaux et culture distribués par mon entreprise en priorité. »
Elle a tout de même une enveloppe mensuelle de 100€ environ qui est consacrée à des dépenses non régulières : vêtements pour sa fille, laverie, pension et frais vétérinaires, vacances…
Et quand je lui demande si elle aimerait encore réduire certains postes de dépenses, elle me répond sans hésiter :
« Je trouve mon budget équilibré. Je l’ai optimisé au mieux selon mes besoins, mon mode de vie, donc non, j’en suis satisfaite ! »
Le rapport à l’argent d’Iscambe
Iscambe a une organisation financière rodée et c’est sans doute lié à son rapport particulier à l’argent.
« J’ai un rapport un peu compliqué à l’argent. J’ai peur d’en manquer alors qu’il n’y a aucune raison à ça, car je viens d’une famille au sein de laquelle je n’ai pas du tout manqué, bien au contraire.
Je suis control-freak par rapport à l’argent. J’ai besoin de savoir de combien je dispose, combien je dois payer par mois, combien il me reste, combien je peux épargner… »
Pourquoi Iscambe épargne autant d’argent ?
Chaque mois, Iscambe parvient à épargner entre 40% et 60% de ses revenus, soit environ 8.000€ par an.
« Si on lisse à l’année, ça fait environ 700€ par mois. J’ai mis une épargne de sécurité en place, elle est complète. Ensuite, je mets de côté pour les dépenses non mensualisées de l’année qui tomberont occasionnellement. Et enfin, avec le reste de l’argent, j’investis ! »
L’objectif pour Iscambe est d’atteindre une certaine forme d’indépendance financière d’ici quelques années. La jeune femme est en effet une adepte du mouvement FIRE (Financial independence, retire early) qui signifie : Indépendance financière, retraite anticipée.
Voilà comment elle le définit sur son blog consacré aux finances personnelles :
« Le principe de base, c’est de travailler suffisamment longtemps, de réduire suffisamment ses dépenses, et de gagner suffisamment d’argent pour pouvoir s’arrêter de travailler avant l’âge de la retraite, et ainsi profiter de son temps pour faire ce dont on a vraiment envie : un boulot différent avec moins d’heures, du bénévolat, de l’artisanat, s’occuper de sa famille, voyager, etc.
Les économies réalisées et les intérêts/revenus tirés de ses investissements permettent de pallier l’absence ou la diminution de revenus initialement tirés du travail. »
Si Iscambe n’imagine pas arrêter complètement de travailler, elle aimerait bien pouvoir se constituer un immense filet de sécurité qui lui permettrait de passer à temps partiel, voire de quitter son boulot pour créer son entreprise. Et surtout, de dégager du temps pour d’autres activités : faire de la permaculture, passer du temps avec sa fille, pratiquer des activités artistiques, marcher dans la nature, lire beaucoup, faire du bénévolat…
Merci à Iscambe d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
À lire aussi : Jeanne, 2606€ par mois et séparée du père de ses enfants : « L’argent a joué dans notre rupture »
Photo tirée de la série Good Girls
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires