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Règlement de comptes

Isabelle, 11 295 € à deux : « J’ai une mauvaise tendance à investir dans l’immobilier »

Comment gérer son argent quand on dispose de deux salaires (très) confortables ? Est-ce qu’investir dans l’immobilier est une valeur sûre ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons cette semaine dans Règlement de comptes.

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Isabelle* qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.

  • Prénom : Isabelle* 
  • Âge : 39  ans 
  • Profession : Directrice financière 
  • Salaire net avant prélèvement à la source : 7 750 € pour elle et 3 510 € pour mon mari 
  • Salaire net après prélèvement à la source :  6 587,5 €  et 3 210 € 
  • Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : son mari et leurs 2 enfants 
  • Lieu de vie : en région parisienne

La situation et les revenus de Isabelle

Isabelle, 39 ans, occupe le poste de directrice financière. Fonctionnaire, elle exerce en tant qu’opérateur de l’État mais a aussi des collaborations privées d’enseignement et de conseil. Son travail l’amène à voyager beaucoup et à interagir avec de nombreux collaborateurs et collaboratrices. 

« J’aime mon métier. J’ai besoin de me nourrir de challenges, de nouveaux défis. J’ai désormais envie d’intégrer un corps pour participer au plus haut sommet de l’État. »

Mariée, elle vit avec son époux et leurs deux enfants de dix et quatre ans dans une maison de 180 m2 en Île-de-France dont ils sont propriétaires depuis huit ans. 

Pour son emploi de directrice financière, mais aussi ses collaborations privées, Isabelle touche un salaire net de 7 750 €, ramené à 6 587,5 € après prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. De son côté, son mari touche un salaire net de 3 210 €, déduction faite des impôts. 

Pour leurs deux enfants, la CAF leur verse chaque mois 35 € d’allocations familiales. Soit, un revenu total pour le couple de 11 295 €.

« J’estime que par rapport à mes fonctions, je ne suis pas véritablement bien payée au regard de mon diplôme de doctorat et de mon expérience professionnelle mais c’est un choix de vie parfaitement assumé. »

RDC (3)

Self-made woman qui s’est faite « toute seule, à la force de son travail », Isabelle dit cependant ne pas être « mécontente de sa situation au regard de la position qu’elle occupe au sein de son organisation ». Elle reconnaît par ailleurs que ses collaborations dans le secteur privé « portent ses revenus à un niveau intéressant »

« Cela me permet de réaliser des projet et d’offrir à mes enfants une autre vision du monde et d’autres possibilités. »

Le rapport à l’argent de Isabelle et son organisation financière

Isabelle a grandi auprès de parents qui avaient un rapport à l’argent diamétralement opposé. 

« Mon père était panier percé tandis que ma mère avait une gestion de l’argent rigoureuse, quasi militaire. » 

« Minimaliste » selon ses propres mots, Isabelle se définit aussi comme un « mélange de ses deux parents » : elle ne se prive de rien, mais rien ne lui fait spécialement non plus envie

« Mon rapport aux choses est particulier : j’ai un sac de tous les jours acheté il y a déjà trois ans chez Longchamp, un vieux sac bandoulière de dix ans pour le week end et cela me suffit. J’achète des vêtements et des chaussures qui durent et je les renouvelle quand ils tombent en miettes, quelquefois je fais réparer chez le cordonnier. J’ai vraiment horreur d’entasser, d’avoir trop d’affaires, d’avoir une maison surchargée. »

À lire aussi : Faire rapiécer ses vêtements et chaussures deviendra moins cher, grâce au bonus réparation textile proposé par l’État

En revanche, elle avoue avoir « une mauvaise tendance à investir dans l’immobilier ».

« J’ai plusieurs bien immobiliers qui s’autofinancent quasiment, ils ne font donc pas partie de mes revenus et dépenses. »

Selon elle, « cette absence d’envies et de besoins la conduit tout naturellement à une maîtrise budgétaire facile, sans frustration ». Jamais à découvert, elle « dépense ce qu’elle a », mais n’a rien contre l’idée de contracter une dette si cela lui permet, sur le long terme, d’agrandir son patrimoine. D’où ses investissements dans l’immobilier. 

Concernant leur organisation financière, Isabelle et son mari disposent d’un compte commun avec lequel ils règlent leurs dépenses communes. 

« Je paie seule le crédit immobilier car mon salaire est le double du sien, ce qui permet de faire un équilibre et nous partageons de moitié les charges et dépenses courantes. Je pilote et finance la grande majorité des gros travaux et mon mari paie les travaux de l’ordre du bricolage. »

RDC

Les dépenses de Isabelle

Pour leur maison de 180 m2 en région parisienne dont ils sont propriétaires, Isabelle et son mari remboursent chaque mois un prêt de 2 300 €. Il s’agit de leur plus gros poste de dépenses. 

Les factures courantes (électricité, chauffage au fuel et au bois et eau) leur reviennent à 344 € par mois, tandis qu’ils payent 141 € d’assurances (pour leurs deux voitures, l’assurance habitation et scolaire). 

Autres postes récurrents : l’abonnement internet (52 € par mois), trois abonnements téléphoniques, qui reviennent à 35 € par mois ou encore les frais bancaires, d’un montant de 10,8 € mensuels. 

En tant que propriétaires d’une maison en Île-de-France, Isabelle et son mari doivent s’acquitter tous les ans de la taxe foncière. Non mensualisés, ils ont dû verser cette année 3 407 €, soit 284 € lissés sur l’année

Les frais de transport du couple et de leurs deux enfants sont quant à eux estimés à 365 par mois

« Cela comprend 3 pleins d’essence : 2 pour mon mari (240 €), qui utilise sa voiture pour aller travailler ; un pour moi (83 €) pour faire les courses et sortir le week-end, et enfin la carte de transports parisiens remboursée par mon employeur à hauteur de 42 €. »

Isabelle et son conjoint font aussi appel à des aides pour s’occuper de leur maison : 300 € pour 10 heures de ménage, réparties sur trois jours dans la semaine, et 42 € par mois de jardinage d’avril à novembre. Ces deux sommes sont leur reste à charge après réduction d’impôt. 

« Je suis attachée à la qualité des aliments »

Pour se nourrir à quatre, Isabelle et son mari disposent d’un budget confortable : 600 € par mois environ. 

Autrefois adepte des magasins de produits bio, la mère de famille préfère aujourd’hui se rendre dans les enseignes de grande distribution type Carrefour. Elle complète en se rendant chez Grand Frais pour les fruits et les légumes, et chez le boucher pour la viande. « Mon mari est un gros mangeur de viande. » Elle continue en revanche d’acheter des produits ménagers écologiques. 

« Pour le reste, ayant horreur du shopping, j’achète tout en ligne. Je ne privilégie pas le prix, je suis attachée à la qualité des aliments, je n’achète quasiment jamais de plats préparés, j’ai à cœur de maîtriser et de diminuer les conservateurs dans la consommation de mes enfants. D’ailleurs, dans leur petite enfance j’ai toujours préparé leurs petits pots, yaourts et j’ai toujours été aux couches lavables. Bien sûr, cela implique une organisation particulière. »

En plus de ce budget nourriture, ils faut compter 300 € mensuels de cantine, pour les enfants et pour le mari de Isabelle. Cette dernière préfère emporter à manger sur son lieu de travail ou aller au restaurant. 

La famille s’acquitte aussi de frais de garde : 131 € de garderie et 50 € pour du baby-sitting ponctuel. 

Les dépenses dites « féminines » pèsent environ 35 € dans le budget d’Isabelle – qui s’en acquitte seule. Cette somme – lissée sur l’année – comprend son achat de crème pour le visage, de lotion et crème pour le corps et de produits d’hygiène menstruelle. 

Enfin, Isabelle souligne qu’elle dépense en moyenne 500 € par mois pour rénover sa maison

« Nous ne sommes pas très bricoleurs et on a fait faire quasiment tout faire par des entreprises. L’année dernière, par exemple, nous avons dépensé 20 000 € pour rénover la salle de bain et les WC, et cette année 1 500 € pour finaliser les peintures. »

RDC (2)

Les dépenses loisirs de Isabelle

Isabelle et sa famille disposent d’un budget loisirs d’environ 455 €. 200 € sont entièrement consacrés aux loisirs des enfants : des cours d’équitation, le conservatoire pour la fille du couple, et pour les deux enfants des cours d’anglais dans une école privée et des cours de natation. 

Le conjoint de Isabelle dépense environ 100 € par mois pour la pêche en mer et le tennis. De son côté, Isabelle dit avoir peu de passions payantes : elle pratique la marche à pied et emprunte ses livres à la médiathèque. Elle doit dépenser environ 5 € par mois pour elle-même. Les 150 € restants du budget loisirs sont consacrés à des sorties au restaurant et à des spectacles pour les enfants. 

« Je trouve important de proposer à mes enfants des activités en dehors de l’école. Ils sont sûrs d’eux, très ouverts, très chaleureux, ils connaissent beaucoup de choses, et s’expriment bien. Oui je suis assez contente de la manière dont ils évoluent et espère continuer à leur ouvrir d’autres horizons. »

Si Isabelle dépense peu pour ses loisirs au quotidien, elle reconnaît qu’elle a une passion : les voyages. 

« J’adore voyager et j’y suis un peu contrainte car ma famille est éparpillée dans le monde. »

Cette année, la famille a dépensé 10 000 € pour se rendre deux semaines au Canada, 2 000 € pour une semaine en Italie où elle est allée voir les parents de Isabelle, 2 000 € pour des séjours en France et encore  1 500 € pour se rendre à l’étranger. Soit, lissé sur l’année, 1 291 €.

Quant au budget vêtements, lissé sur l’année, il correspond à un poste mensuel de 130 € environ. 

« Je dépense environ 1 000 € par an pour les deux enfants. Je fais les courses une fois par an pendant les soldes chez Jacadi, Cyrillus et Sergent Major. Mon mari dépense 400 € par an et moi très peu, environ 150 € par an. »

À lire aussi : Nawal, 32 ans, 300 € de shopping mensuel : « En vide-grenier, je fonce aux stands des petites mamies »

Si Isabelle n’est pas très dépensière pour elle-même, elle reconnaît un craquage récent : une Volkswagen Coccinelle « pour son plaisir »

« Je roulais avec une vieille guimbarde de vingt ans. J’estime avoir mérité le droit de me faire un petit plaisir. »

L’épargne de Isabelle et ses projets d’avenir

Chaque mois, Isabelle parvient à mettre de côté environ 3 500 €. Elle investit cette somme dans l’immobilier. 

« J’ai pu acheter deux appartements que je destine à mes enfants, et le banquier m’invite à continuer l’expérience. »

Elle alimente aussi régulièrement l’assurance vie qu’elle a ouvert pour chacun de ses enfants. 

« Cela leur servira pour leurs études. J’ai mis 10 000 € pour chacun sur un compte assurance vie. Mais ma stratégie est véritablement immobilière pour assurer le financement de leurs études. »

Pour l’avenir, Isabelle réfléchit surtout à de futurs voyages à faire en famille. 

« Cet automne, nous irons à Londres. L’année prochaine, mon fils aura cinq ans, et on ira sans doute à New York. De cinq ans en cinq ans, je marque les anniversaires par un voyage. C’est une tradition que j’ai instaurée. »

Enfin, la mère de famille aimerait acheter une résidence secondaire sur l’île d’Oléron. « J’ai eu un vrai coup de coeur il y a deux ans quand on y est allés. »

Merci à Isabelle* de nous avoir ouvert ses comptes ! 

* Le prénom a été modifié.

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Les Commentaires

264
Avatar de Aesma
23 mars 2024 à 11h03
Aesma
Je découvre cet article tardivement (j'ai tendance à me faire les épisodes Règlements de Compte par période)
J'ai bien lu tous les commentaires du coup je voulais ajouter quelques petites choses qui n'ont pas été soulevées :
J’ai plusieurs bien immobiliers qui s’autofinancent quasiment
Alors non ils ne s'autofinancent pas, ce sont ses locataires qui remboursent le crédit immo d'Isabelle, soit des personnes qui ont des revenus très certainement bien inférieurs aux siens.
Je ne vais pas reprendre la formule provocante et méprisante de "J'investis par jeu" mais la phrase d'accroche de l'article :
J’ai une mauvaise tendance à investir dans l’immobilier
Mauvaise tendance pourquoi ? Parce qu'elle sait que ce n'est pas très éthique ? Ou plutôt "Ohlala j'achète pour 150€ de fringues par an mais de temps en temps je fais une petite folie et je me prends un petit studio ou un T3 lolilol, vous savez comme c'est risqué si jamais mes locataires payent mal ou si il faut sortir 2000€ pour la chaudière alors que c'est plus de la moitié de mon épargne mensuel" Parce qu'on peut pas vraiment dire que ce soit une "mauvaise tendance" d'investir dans l'immobilier au sens où c'est très très lucratif.
Parce que oui sinon avec tout cet argent il y a largement moyen d'investir ailleurs, par exemple en prenant des parts d'entreprises et là pour le coup on peut choisir de prendre des parts chez Total (c'est très très lucratif !) ou dans des petites fermes bios (personne vous demande de foutre les pieds dans la terre), la question étant est-ce que tu préfères que ton argent finance des puits de pétroles ou des vergers pour pour produire des fruits bios pour tes enfants et pour ceux des autres ? Les investissements éthiques sont souvent moins rémunérateurs que ceux qui ne le sont pas mais privilégier ce genre d'investissement a un réel impact sur la planète.
Rappelons également que lorsqu'on parle de multi-propriétaires on ne parle pas de ma mère qui s'est brièvement retrouvée propriétaire de sa maison et de celle de ses parents et qui avec l'argent de revente de la première envisageait d'acheter un petit appartement dans la ville étudiante à côté pour compléter sa retraite d'infirmière amputée car anticipée (elle a passé ses dernières années en arrêt longue maladie) par contre on peut largement parler de mon ex-proprio (au demeurant charmante) qui vivait dans le 16e à Paris et possédait tout l'immeuble dans lequel je vivais - soit 6 ou 7 appartements - elle était tellement contente de l'état dans lequel on lui avait rendu l'appart qu'elle en avait proposé un autre à ma coloc qui n'était pas encore relogée et lui avait fait une ristourne sur le loyer (elle avait prévu de l'augmenter de 100€ suite à des travaux et ne l'a du coup pas fait) mais c'était aussi la même qui lorsqu'on lui avait signalé que la salle de bain était humide et qu'il commençait à y avoir de la moisissure nous avait expliqué que non non il suffisait de laisser ouvert entre la salle de bain et la fenêtre de la cuisine après chaque douche.
Perso j'aime bien l'idée d'un voyage pour fêter les 5 ans mais comme beaucoup d'autres je condamne assez fermement le choix de se rendre à New York, c'est pas comme si depuis Paris y avait pas moyen d'accéder à quasiment toutes les capitales européennes ou même soyons dingues de prendre le ferry pour traverser la méditerrannée ou la mer du Nord, surtout qu'il s'agit de l'anniversaire d'un petit enfant, si c'était pour les 15 ans de l'ado qui rêve d'aller aux USA à la rigueur mais je pense pas qu'un gosse ait choisi cette destination, dans le même genre y a Londres accessible en 3h de train et pour changer de paysage y a moyen d'aller à Oslo, Vienne, Barcelone, le voyage est + long mais si on compare à un Paris-NY pas tant que ça, d'autant qu'on voit revenir les trains couchettes, si les riches ne prennent pas le train comment on fait pour relancer le ferroviaire qui est bien meilleur pour l'environnement ?
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