À la naissance, nous avons tous et toutes été assignées à un genre — en règle général celui qui correspond à l’aspect de nos organes sexuels externes. Mais il faut savoir que tous les bébés ne viennent pas au monde avec un sexe distinctement défini : certains sont d’ailleurs opérés, et ré-assignés à l’un ou l’autre genre. Ces enfants intersexes découvrent parfois en grandissant qu’ils ne se reconnaissent pas du tout dans le genre qui leur a été assigné à la naissance.
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D’autres enfants, nés avec un vagin ou un pénis distinct, peuvent aussi se découvrir d’un genre différent de celui qui leur a été assigné. Parce que le genre n’est pas binaire (le sexe non plus), il est tout à fait possible d’avoir un vagin, et d’être un garçon, par exemple.
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C’est peut-être difficile à comprendre pour les gens qui se reconnaissent parfaitement dans leur genre d’assignation, mais ça peut être une véritable souffrance que d’être sans arrêt renvoyé à une identité qui ne nous correspond pas du tout. Pensez par exemple à Arya, dans Game of Thrones, qui affectionne les activités très masculines, déteste tout ce qui a trait au féminin (comme la couture), qui va jusqu’à adopter une apparence masculine, mais qui répète continuellement « Je ne suis pas un garçon ! » à chaque fois qu’on « la confond ». Pour Arya, pas de problème : il suffit qu’elle le demande, et on accepte de lui parler au féminin.
Imaginez que vous soyez à la place d’Arya, mais qu’on refuse de respecter votre souhait. Qui sommes-nous pour décider à la place des autres le genre qui devrait leur correspondre ?
Pour comprendre les réalités qu’affrontent les personnes trans (qui ne se reconnaissent pas dans le genre qui leur a été assigné à la naissance), allez lire les explications de Sophie Labelle, à travers sa BD pédagogique Assignée garçon !
Le changement d’état civil, ce parcours du combattant
En France, et dans de trop nombreux pays européens encore, les personnes trans qui désirent changer de genre sur leurs documents d’état civil doivent passer par un véritable parcours du combattant, ainsi que le racontait Laurent dans les colonnes de Rue89.
Il faut encore obtenir des avis médicaux favorables, et en passer par une opération de changement de sexe et une stérilisation. Oui, en France, en 2015, si par exemple vous êtes une femme mais que avez été assignée garçon à la naissance, vous ne pouvez pas obtenir une carte d’identité ni un passeport indiquant que vous êtes une femme, à moins d’en passer par la stérilisation.
« Pour obtenir un changement d’état civil, les personnes trans doivent en passer par un « parcours
du combattantde soins », qui inclut notamment :
- un suivi psychiatrique obligatoire
- le suivi d’un traitement hormonal
- une opération de changement de sexe (pour que le sexe de la personne corresponde à son genre) et de stérilisation
Cette liste est non exhaustive, et l’obtention du changement d’état civil est conditionnée par l’appréciation d’un juge administratif.
…ça va sinon ?! Personnellement, aucun•e juge ni agent de l’État ne s’est jamais préoccupé•e de savoir ce que j’avais entre les jambes, ni si mon appareil reproducteur était en état de marche. »
L’arrêt de ces mutilations et de toute la procédure humiliante qui entoure le changement d’état civil figurait en bonne place des revendications en faveur du respect des droits des personnes trans, lors de la dernière marche Existrans.
L’Irlande permet un changement à la demande
L’Irlande vient d’adopter une loi permettant aux personnes majeures qui le désirent de procéder à un changement d’état civil sans avoir à obtenir un accord médical ni subir de chirurgies mutilantes.
L’adoption récente du mariage pour tou•te•s avait posé les bases de cette avancée, puisqu’une fois que l’union civile était devenue légale pour les couples de même sexe, il n’y avait plus d’obstacles légaux au changement de genre sur l’état civil, qui aurait entraîné de fait des couples homme/homme et femme/femme sur le papier. (Je ne dis pas « de même sexe » parce qu’on ne va pas vérifier les organes génitaux des gens qui décident de se marier ou qui le sont déjà.)
L’Irlande n’est que le quatrième pays à reconnaître ce droit fondamental, et ce triste constat gâche un peu les réjouissances. Je dois avouer que j’ai honte que la France n’ait pas encore aboli ses procédures humiliantes envers les personnes trans… Par cette loi, l’Irlande nous apporte la preuve s’il en fallait (en vérité, non) que cette réforme n’est vraiment pas difficile à mener.
Alors si je me réjouis de ce progrès incontestable à l’oeuvre en Irlande, je ne peux m’empêcher de demander : et en France, le respect des droits des personnes trans, c’est pour bientôt ?
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