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Célib

Iris, 26 ans : « Ça commence à être pénible de me coltiner le canapé-lit pendant les vacances entre ami·es »

Chaque semaine dans Célib, des personnes de tous genres nous racontent les joies et les questionnements de leur célibat, qu’il soit choisi ou subi. Aujourd’hui, c’est Iris* qui nous raconte comment son célibat peut être pesant quand elle n’est pas entourée de personnes qui l’acceptent comme elle est.
  • Prénom : Iris*
  • Âge : 26 ans 
  • Lieu de vie : Paris 
  • Orientation sexuelle et/ou romantique : hétérosexuelle. 

Depuis quand êtes-vous célibataire ? 

Ma dernière relation s’est terminée en 2018, et depuis je n’ai eu que des aventures, pas de relation sérieuse et engageante… Donc 5 années de célibat !

J’ai toujours cru qu’une vie d’adulte heureuse serait une vie partagée avec quelqu’un. Au fil du temps, des relations et du célibat, j’ai appris plusieurs choses. 

D’abord parce que s’aimer soi-même, c’est fondamental. L’autre pourra apporter de l’amour en plus, mais si on ne s’aime pas alors on sera toujours en déficit d’amour reçu et donc en manque de confiance et pas 100 % safe dans sa relation. 

On a beau croire que c’est idyllique dans les couples des autres, des fois on gratte le vernis et finalement c’est tout pourri, et ça amène à des ruptures que nous, en tant que « spectateurices », on n’avait pas vues venir, et ça fait remettre en question la perception de ce bonheur du couple. 

J’ai enfin appris que le « couple » est finalement une notion très polymorphe et que rien ne sert de se projeter dans une relation idéale parce que tout dépend des rencontres, des envies et attentes de chacun à un instant T – ce qui challenge les notions de fidélité, d’exclusivité, etc.

Comment décririez-vous votre célibat ? 

C’est un célibat plutôt assumé : je ne m’en cache pas, ça fait marrer mes copines quand je leur raconte mes déboires – mais là, ça commence à faire long. Je suis très à l’aise avec ma propre compagnie, ma dernière rupture s’est accompagnée d’un changement de vie (de ma province natale à Paris, ce qui implique un nouvel emploi, un nouvel appart…). J’ai pu apprécier de partager des moments avec moi-même. Et comme je me sens prête à intégrer quelqu’un à ce quotidien, ça fait quelques mois que le célibat est un peu pesant par moments. 

Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?  

Sur ma vie amicale, pas tellement : entre les copains / copines célibataires et celleux en couple depuis toujours, ce n’est pas tellement un point de différence. Chacun·e fait comme bon lui chante. Ça commence juste à être pénible de me coltiner le canapé-lit pendant les vacances entre ami·es car je n’ai pas le droit à la chambre puisque je n’ai pas de mec (ce n’est pas complètement illogique, mais qu’est-ce que c’est chiant !). J’en ai aussi marre de répondre une énième fois que non, je ne suis toujours pas casée.

Sur ma vie familiale, un peu plus : je suis l’enfant du milieu, mes frères et sœurs sont installé.es dans des relations et je sens la crainte qu’ils et elles ont que je finisse seule – sûrement une plus grande crainte pour eux que pour moi, mais bon. Et ma grand-mère s’inquiète évidemment à chaque fois qu’on se voit de savoir si elle « rencontrera mon chéri avant de mourir », ce qui fout un poil la pression. 

Estimez-vous que le célibat a un impact sur votre moral, au quotidien ? 

Oui, par moments, j’ai, comme on l’appelle avec ma meilleure amie, le blues du célibat : souvent après une grosse soirée, quand certain·es racontent leurs potins et aventures, et qu’il ne se passe rien de mon côté, ou après une session swipe pas fructueuse… J’ai cette angoisse qui survient de nulle part de me dire « merde, je vais peut-être finir toute ma vie seule » : ce qui ne me pose pas de problème 90% du temps, mais des fois c’est vraiment lourd.

Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ? 

Oui, très clairement : les sorties jusqu’à 6 heures du mat sans prévenir personne, les week-ends entre potes où on n’est pas pressée de rentrer parce que personne ne nous attend ou ne vous manque…

À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ? 

Non, pas tellement, à part probablement voyager plus ou différemment.

Votre situation géographique a-t-elle un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?

Oui tout à fait, je pense que Paris est quand même un microcosme en termes de relations amoureuses : mes ami.es d’ici sont plus ouverts, ont essayé plus d’applis, ont une vision plus libérée du couple – là où c’est un peu plus traditionnel chez mes ami·es de province. Moi, je suis entre les 2 : un pied dans le traditionnel, un pied dans la libération ! Je me dis que c’est autant de cartes en main que je pourrais jouer le jour de la rencontre avec un potentiel match.

Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ? 

C’est tout le paradoxe : je suis prête à accueillir quelqu’un dans ma vie mais je ne m’en donne pas du tout les moyens. J’exècre les applications de rencontre que je trouve trop « à la gueule » alors que dans la vraie vie, je préfère mille fois l’humour et l’esprit à un physique 10/10 selon mes critères. Je deviens avenante et courageuse pour aller parler aux mecs uniquement quand j’ai 3 grammes dans le sang – soit au même moment où mes capacités de séduction ont été dissoutes par le gin tonic. Et j’ai toujours du mal à comprendre qu’on s’intéresse à moi (surtout après 5 ans !) donc j’ai tendance à être un peu distante par réflexe.

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Si non, ressentez-vous une forme de pression à chercher « activement » un ou une partenaire amoureux.se ?

Pour le coup, un peu : quand je vois mon entourage avoir des dates régulièrement, finir une relation et en commencer une autre, je me demande parfois ce qui cloche avec moi pour que ça n’arrive pas, et je me dis que je devrais peut-être me mettre un coup de pied au cul. Mais pour autant, 24 heures est la durée de vie maximale de mon profil sur les applis de rencontre tellement je n’aime pas ça !

Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ?

Ah ça oui ! Je ne suis pas forcément à l’aise avec le fait d’avoir des coups d’un soir, ce qui me démotive pas mal dans l’idée de faire des rencontres en soirée (ce qui est con : mon prochain mec est peut-être un coup d’un soir fréquentant les mêmes bars / boîtes que moi) et donc de fait, quasiment rien ne se passe (ni dans le coeur, ni ailleurs !).

Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ?

Oui et non… D’un côté, j’ai l’impression d’avoir été biberonnée aux contes de fée où la princesse ne finit jamais seule mais toujours avec un beau mari et une tripotée de gosses. Et j’ai pléthore d’exemples autour de moi où le couple est la pierre angulaire de toute la vie. De l’autre, je trouve qu’on avance, et qu’on accepte de plus en plus qu’une personne (quel que soit son genre) puisse être épanouie seule et que le célibat ne soit pas la plaie ultime. Là encore, c’est du 50-50 et tout dépend de mes fréquentations : mes parents / grands-parents et certain.es copains/copines en couple de longue date me demandent toujours « et toi, quand est-ce que tu trouves un mec ? » et ça me fait vraiment sentir comme une merde de leur répondre d’un mois sur l’autre que c’est toujours le néant ou qu’il y a eu un flirt qui n’aboutira pas… Là où mes ami·es célibataires ou certain·es des autres en couple me lâchent la grappe et c’est presque un non-sujet – voir m’encouragent à cultiver ma propre compagnie.

Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ? 

Oui ! Toutes les petites charges du quotidien qu’on ne partage pas parce qu’on habite solo (électricité, internet…) ainsi que les verres et repas en date (je suis adepte du 50-50 ou du « je paie moi » car j’ai toujours peur de me sentir redevable ensuite – là encore, c’est complètement con, mais ça fait partie de tout ce qui reste à déconstruire !)

Quels sont vos projets pour le futur ? 

Trouver un nouvel appart : j’avoue que le jour où je serai en couple, prête à m’installer, ça me permettra de chercher plus grand ! Mais si ça se trouve, j’aurai été augmentée avant – je serai très riche et j’aurai un appart tellement génial que je n’aurai pas envie de bouger avec quelqu’un…

Merci à Iris d’avoir répondu à nos questions ! 

* Le prénom a été modifié.

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