En partenariat avec Universal Pictures International France (notre Manifeste)
L’horreur est plus qu’un style destiné à faire trembler les curieux.
C’est un genre passionnant vecteur d’émotions fortes, qui souffre malheureusement de jugements souvent trop hâtifs.
L’horreur, fine analyste de nos sociétés
Les films d’horreur divisent le monde.
D’un côté, il y a les gens qui cherchent le grand frisson, une adrénaline sans égale. De l’autre, celles et ceux qui détestent avoir peur et ne se risquent pas à laisser sa chance à un film estampillé « angoisse ».
Dans le deuxième cas, c’est bien dommage car la peur est un sentiment nécessaire, qu’il fait bon expérimenter parfois !
La peur d’avoir peur empêche de potentielles spectatrices de ressentir une émotion qu’elles expérimentent peu au quotidien.
Mais aussi et surtout, elle prive les cinéphiles de tout un panel de points de vue.
Ceux délivrés par les fictions horrifiques, qui diffèrent souvent de ce qu’on trouve du côté des comédies ou autres drames plus « classiques ».
Le fantastique et l’horreur permettent de poser un regard différent sur la société et ses tares. Par le prisme du frisson, les films parviennent à faire passer des idées fortes.
Dans Invisible Man par exemple, Leigh Whannell, tout en remettant au goût du jour un classique de la littérature, s’empare du sujet primordial et tristement actuel des violences faites aux femmes.
Invisible Man, de quoi ça parle ?
Cecilia Kass est la petite amie d’un riche scientifique vivant dans une immense maison d’architecte au bord de la mer.
Mais en dépit des apparences, elle est loin d’avoir une vie confortable…. Battue et tyrannisée par son compagnon, Cecilia vit dans la peur permanente et décide un jour de s’enfuir.
À pas feutrés, elle se faufile à l’extérieur de la demeure et trouve refuge chez un de ses amis.
Traumatisée à l’idée de voir son ex réapparaître dans sa vie, Cecilia vit cloîtrée, jusqu’au jour où sa sœur lui annonce que le scientifique s’est donné la mort, la laissant seule héritière de sa fortune colossale.
D’abord soulagée, Cecilia ne se doute pas que son cauchemar est loin d’être terminé.
En effet, elle est traquée par une présence « fantomatique », dont elle se doute qu’il s’agit de son ancien compagnon devenu invisible.
Bien sûr, personne ne la croit…
Invisible Man fait froid dans le dos
Invisible Man a été savamment remanié (il s’agit à l’origine d’un roman éponyme d’H. G. Wells, publié en 1897) par Leigh Whannell, dont ça n’est que la troisième réalisation.
Mais il ne faut pas se fier qu’au nombre : le cinéaste a fait ses classes auprès du maître incontesté de l’horreur de notre décennie, James Wan !
Leigh Whannell a en effet travaillé comme scénariste sur plusieurs films du réalisateur culte, dont Saw, Dead Silence
et Insidious, et a donc l’habitude de ficeler ses scénarios avec minutie et rigueur.
Invisible Man porte ici bien la patte de son créateur en se voulant percutant, glaçant et très rythmé.
Si tu es amatrice de jump scares, tu seras servie, douce lectrice.
Mais si Invisible Man est si effrayant, ça n’est pas que pour ses mécanismes horrifiques parfaitement huilés. Non, c’est pour sa résonance tristement actuelle.
En effet, Invisible Man, loin de n’être qu’un film d’horreur, s’attaque à de gros sujets de société.
Par le biais de la figure du harceleur invisible, Leigh Whannell dénonce les violence faites aux femmes.
Mais pas que.
Le cinéaste critique également, de mon point de vue, celles et ceux qui ne savent pas écouter ces victimes de violences, et remettent leur parole en question.
Cecilia est dans le film traitée de folle de bout en bout, et personne ne prend la peine de lui donner le bénéfice du doute.
Bref, Invisible Man fait écho à une actualité post-#MeToo où les témoignages de femmes victimes de violences sexistes et sexuelles pleuvent.
Encore une fois, l’horreur se fait fine analyste de nos sociétés, et c’est à ce titre qu’elle devrait être bien mieux considérée.
Invisible Man, un casting parfait
Décidément, Elisabeth Moss est abonnée aux rôles très puissants.
Révélée au grand public en 2017 dans The Handmaid’s Tale, dystopie effrayante dans laquelle les femmes fertiles ne sont traitées que comme des poules pondeuses, victimes de viol à répétition, l’actrice de 37 ans se glisse de nouveau dans la peau d’une héroïne vengeresse en quête de justice.
Et ça lui va très bien. Sa force à l’écran est impressionnante.
Elle est accompagnée de Storm Reid (Euphoria, Un raccourci dans le temps) et d’acteurs un peu moins connus qu’elle, à commencer par Oliver Jackson-Cohen, aperçu dans l’excellent The Haunting of Hill House.
Mais inutile de mentir, c’est surtout Elisabeth Moss qui porte le film, déployant tous ses talents pour l’acting.
L’actrice passe du calme total à la colère dévastatrice en seulement quelques minute, livrant une performance dont, j’en suis sûre, tu te souviendras longtemps.
Pour la voir (peut-être) mettre à terre son oppresseur, je te conseille donc de foncer au cinéma le 26 février découvrir le terrible Invisible Man.
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