Au sein des cours d’école, des bancs de la fac ou des entreprises, nous pourrions diviser les gens en deux categories : les extravertis, ceux qui se frottent aux autres avec plaisir, ceux qui apprécient d’être au centre d’un grand groupe… et les autres, les introvertis, ceux pour qui les interactions sociales peuvent être un peu plus compliquées.
Les sciences humaines ont longtemps planché sur le sujet – il y a presque un siècle, Carl Jung définissait l’introversion comme une tendance à être tourné vers soi.
Mais l’introversion n’est pas uniforme et, au fil des années, les définitions psychologiques se sont affinées – souvent, les chercheurs-es sont parti-e-s de l’idée que l’introversion était surtout l’inverse de l’extraversion. Pour le psychologue Jonathan Cheek, l’introversion est bien que plus cela. En interrogeant des personnes en dehors du domaine scientifique, le chercheur s’aperçoit que les définitions de l’introversion données par les gens sont bien différentes de celles données par les chercheurs-es en sciences humaines… Comme si, en fait, la définition « scientifique » et celle du « sens commun » n’étaient pas en accord l’une avec l’autre.
4 nuances d’introversion : le modèle « STAR »
Dans une recherche menée par Jennifer Odessa Grimes et Jonathan Cheek, une équipe de psychologues interroge près de 500 adultes de 18 à 70 ans sur leurs introversions… D’après leurs analyses, il existerait plusieurs manières d’être introverti – plus précisément, on pourrait identifier 4 « nuances » d’introversion, et chaque introverti-e aurait un score plus ou moins haut à chacune de ces nuances.
- L’introversion sociale se caractériserait par une préférence pour la socialisation avec des petits groupes plutôt que des grands groupes.
Les personnes qui ont un score haut à l’introversion sociale peuvent être adeptes de la solitude – et n’avoir de préférence pour aucun groupe, ni petit, ni grand.
Si vous vous sentez plutôt de cette nuance, il est probable que vous soyez attentif-ve-s à ne pas vous rendre en vacances à Ibiza pour faire la fête dans la foule, ou encore que vous n’accordiez que peu d’importance au nombre de vos ami-e-s sur les réseaux sociaux. Vous préférez sans doute être proche d’un noyau d’amis plutôt que d’évoluer au sein d’un gros groupe.
Cette préférence pour la solitude n’est pas de la timidité, elle n’est pas due à une anxiété sociale – c’est simplement une préférence.
- L’introversion pensive désignerait plutôt les introverti-e-s qui sont tourné-e-s vers l’introspection, ont une vie intérieure riche, qui se projettent souvent dans la situation des personnages des films qu’ils regardent ou des livres qu’ils lisent,…
Ces personnes n’ont pas forcément une aversion pour les évènements sociaux – ils peuvent apprécier les contacts sociaux. Si vous avez un score haut à cette nuance d’introversion, il est fort probable que vous ayez une belle tendance à vous perdre dans vos pensées et à développer votre créativité.
- Dans l’introversion anxieuse, contrairement à l’introversion sociale, les personnes rechercheraient la solitude parce que les contacts sociaux sont douloureux et source de stress.
Les introverti-e-s qui obtiennent un score élevé à cette nuance auraient souvent peu confiance en eux et en leurs compétences. Ils auraient également tendance à être nerveux lors de situations non familières… et à anticiper les évènements avec anxiété.
- L’introversion restreinte décrit les introverti-e-s « réservé-e-s », qui préfèreraient penser avant de parler ou d’agir, prendre du temps avant de s’engager dans quelque chose… Ces introverti-e-s-là ne seraient pas du genre à se réveiller et à sauter dans leurs baskets pour entamer leurs journées, mais plutôt à prendre le temps de la réflexion.
Jonathan Cheek et son équipe ont baptisé ces 4 nuances d’introversion le modèle « STAR » (cette appellation est liée aux premières lettres des nuances anglaises « Social, Thinking, Anxious, Restrained ») – ça déglingue, non ?
Pour le moment, le modèle STAR est encore en cours de recherches – et c’est un sacré pas vers la compréhension de l’introversion et de sa complexité ! Si vous souhaitez faire le test et trouver vos scores aux 4 nuances de Cheek, le journal Scientific American vous propose un le test de Grimes, Cheek, Norem et Brown en ligne ici…
Pour aller plus loin
- L’article du NY mag
- L’article du Scientific American
- Un article de Christophe André
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
tout à fait ça !!