Ce n’est un secret pour personne : « la vie », parfois, aime bien troller. C’est injuste, ça vient de manière complètement aléatoire, ça peut être anodin ou énorme mais une chose est sûre, ton existence peut changer du tout au tout, très très vite.
Parfois, des événements qui nous apparaissent comme un bouleversement capital ne changent en fait pas grand-chose au quotidien, alors que l’événement le plus anodin peut clairement devenir une source de galère maximale, le big bang dans ta vie.
Pour moi, ça a été le jour où j’ai réalisé que je ne supportais plus les produits laitiers.
L-O-L
Oui, je sais, « mais y a pire dans la viiiiie , et franchement de quoi tu te plains, ça change pas grand-chose et t’es pas toute seule, y a plein de gens comme toi, et les vegan ils le font bien »… Je sais que je ne vais pas mourir d’une intolérance au lactose, mais laisse-moi te conter mon histoire : tu verras que si ça paraît évident comme ça, la transition est délicate, et qu’il y a des DRAMES.
L’idée ici n’est pas de faire l’apologie d’un régime alimentaire ou d’un autre : j’ai plutôt envie de parler de la difficulté à opérer une transition au niveau de son alimentation. Cela fait partie des choses que l’on ne peut pas changer d’un claquement de doigts, c’est un processus long et relou qui bouleverse nos habitudes les plus primaires… C’est d’autant plus compliqué quand on a aucune idée de ce qui nous arrive et de comment s’y prendre!
L’intolérance au lactose, invitée indésirable
Tout a commencé lors d’un voyage a l’étranger ; j’étais hébergée en CouchSurfing chez un hôte résolument vegan. De mon côté, ça faisait un bon moment que je me disais que quelque chose clochait dans mon alimentation, parce que j’avais tout le temps mal au ventre, je souffrais de brûlures d’estomac super vénères qui faisaient MAL.
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Je pensais que j’abusais du café, mais arrêter d’en boire n’a rien changé à mon problème. J’ai commencé à réduire ma consommation de viande blanche et rouge, qui atteint actuellement un niveau rarissime (sauf obligations familiales), mais le problème n’a pas été totalement résolu.
Il y avait donc orque sous poussière dans cette affaire alimentaire.
Un matin, mon hôte me prépare un café d’expert : importé d’un pays super exotique, commerce équitable, qualité grand luxe moulu et préparé par ses soins. Le bonheur. J’accepte d’en prendre un, puis deux… et j’attends la souffrance en serrant les dents car je sais que je vais payer cet « écart ». Je te le donne en mille : rien ne se produit !
Une fois rentrée chez moi, je me pose des questions, parce que je sens bien que quelque chose est différent de ce côté-là ; je vais beaucoup mieux. Je réfléchis à ce que j’ai bien pu ne pas manger, et je réalise… que je n’ai consommé aucun produit laitier. Cette constatation me terrifie. Pourquoi ?
Parce que le fromage, c’est toute ma vie. TOUTE. MA. VIE.
Immédiatement, je fais un test absolument pas du tout médical : j’avale un grand verre de lait, cul-sec, à jeun. Et j’attends. Le résultat tombe très vite : j’ai des crampes, je dois m’allonger, ça ne va pas du tout.
Bref, je suis intolérante au lactose et je n’ai aucune idée de ce que ça veut dire.
Changer ses habitudes, cette obligation tellement relou
C’était il y a six mois. Entre-temps, ai-je arrêté de consommer des produits laitiers ? Eh bien… non.
J’ai mis du temps à changer mes habitudes, j’étais franchement perdue et je ne savais plus vraiment ce qui était consommable ou pas. J’ai plus tâtonné que vraiment testé toutes les alternatives possibles et j’ai donc procédé par étapes.
Rédactrice méditant sur son intolérance au lactose — vue d’artiste
En premier lieu, j’ai banni lait, yaourts, fromage blanc, crème épaisse et faisselle de mon frigo. Mais j’ai continué à consommer des fromages divers et variés. Le problème avec le lactose, c’est qu’il est… partout. Sur FoodIntolerances, on lit ainsi :
« Exceptée la source évidente du lactose, il se trouve souvent sous forme cachée. Le petit-lait (lactosérum) est souvent utilisé dans l’industrie alimentaire comme agent de brunissement ou de fixation, ou bien pour accentuer la douceur et le goût sucré des aliments et des boissons. Les sauces, les soupes et les assaisonnements de salade contiennent souvent du lait en poudre. Le lactose est également utilisé comme substance de remplissage dans au moins 20% des médicaments. »
C’est toujours super frustrant de sortir faire des courses, manger au resto, me faire un sandwich avec de nouvelles contraintes et un petit budget… Mais du coup, j’ai fini par me documenter et j’ai appris plein de choses utiles pour ne pas avoir de carences, tout en ne vendant pas mon corps pour me payer ma nourriture !
Par exemple, il y a divers degrés d’intolérance et tous les produits n’ont pas la même teneur en lactose. Les yaourts sont plutôt cool pour la plupart des gens, alors que je les supporte assez mal ; en revanche, les fromages à pâte dure comme le parmesan sont à faible teneur en lactose, donc bien tolérés pour ma part si je n’en mange pas trop ! Pour éviter les problèmes, je ne commande de brochettes boeuf-fromage au japonais qu’une fois par semaine maxi et les kilos de crème glacée engloutis devant Downton Abbey ou Vikings se résument à un quart de pot de temps à autres.
Le principal problème était le lait de vache, mais ses substituts coûtent cher. J’en ai testé beaucoup et adopté certains, mais, je ne peux pas les acheter en pack de 12 à un prix inférieur à celui d’un rein…
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Parfois aussi, il m’arrive de craquer : lors d’un repas dominical, je me suis retrouvée à manger de la raclette en quantité industrielle… pour finir par me tenir le ventre 8 heures durant. Ça m’arrive d’oublier, et me souvenir de mon intolérance me rend toujours triste ! Le lait en lui-même ne me manque pas, mais le fromaaaaage… Cela dit, je pensais devoir m’en passer totalement, mais je peux en réalité en consommer un peu. Si je mange quelque chose qui en contient à midi, hors de question de réitérer le soir.
Intolérant•e•s du monde entier, unissons-nous !
L’avantage, c’est que je ne suis pas la seule à ne plus supporter ces produits ! Du coup, des gens mieux informés prennent la parole, on se soutient les uns les autres et ça fait du bien au moral. Par exemple, j’ai sauté au plafond quand j’ai lu tous les trucs chouettes qu’on peut faire quand on est vegan ou intolérant au lactose, dans le guide de survie sans produits laitiers.
J’ai aussi bien intégré les valeurs du tableau des intolérances au lactose pour savoir comment orienter mes choix de nourriture lorsque je fais les courses ou quand je mange au restaurant. Vous vous souvenez quand, au début de cet article, je partais sur le gros drame, le changement radical dans une vie sur un ton tragi-comique ? Que j’insistais sur ma pauvre âme ? J’étais comme ça, avant. Parfois, ça me prend encore un sans crier gare, cette tendance drama queen zélée du fromage…
Et pourtant, la vie est un troll. Tu crois qu’un changement qui s’avère être un bouleversement dans ta vie un jour sera irrémédiable et à jamais une galère… et puis non. Trollé mais en bien. En fait ça ne va pas si mal que ça!
Pour aller plus loin, et comme moi, comprendre pourquoi tu vomis des tacos et pas du camembert, lis les petites choses suivantes :
- Dans Comment (sur)vivre sans produits laitiers ?, Mircea Austen aborde les substituts au lactose, donne plein de chiffres (bien mieux que je ne l’aurais fait), te redonne le moral et un peu faim. Elle t’explique aussi pourquoi y en a marre de cette société qui dit que le lait est indispensable à ta santé alors que c’est FAUX.
- Un tableau traduit en français te donne des équivalences et te parle de l’intolérance au lactose de manière scientifique.
- Celui-ci est en anglais mais un peu moins basique au niveau des aliments mentionnés !
Ode à ma vie sans fromage
Pour terminer, je voudrais achever cet article en poésie avec une adaptation d’un poème sans lactose à l’origine.
Voici, rien que pour vous, À quoi ressemble une vie sans fromage ? :
C’est comme un feu sans flammes Comme un corps sans âme Comme un automne sans moisson Comme un aquarium sans poissons Comme une vie sans sensations
Comme un jour sans soleil Comme une nuit sans sommeil Comme un orchestre sans chants Comme un jardin sans enfants Comme un cœur vidé de son sang
Comme un ruisseau sans eau Comme un pays sans drapeau Comme un printemps sans fleurs Comme des roses sans odeurs Comme des parents sans cœurs
Comme une justice sans loi Comme un religieux sans foi Comme une monarchie sans roi Comme une fête sans joie Comme serait ma vie sans toi
C’est un adieu sans au revoir C’est une jeunesse sans espoir C’est un cœur lugubre et noir C’est un royaume sans gloire C’est des moments de désespoir
Sans fromage, la vie n’a plus de sens Sans fromage, point d’existence Sans fromage, c’est la totale méfiance Sans amour, c’est bien clair C’est un roman sans vocabulaire Une errance, une galère Une décadence vers l’enfer.
UN BRIN DRAMATIQUE, je vous l’accorde.
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Les Commentaires
Accro aux fromages, je ne consomme que des pâtes durs mais pour ne pas trop embêter mes amis lors de souper et surtout POUR ETRE COMME TOUT LE MONDE, j'achète du lactase. C'est l'enzyme qui permet de digérer le lactose. Il est à prendre juste avant le repas et c'est fabuleux!! Plus de transit intestinal qui fonctionne à la vitesse de la lumière, plus de crampes qui me clouent au fond du lit et surtout le sentiment de partager un repas sans les tracas digestif.