Même les plus extraverties d’entre nous aiment probablement à garder un petit jardin secret dans ce monde où tout se sait très vite. Pourtant, il arrive qu’il soit particulièrement difficile de garder certaines choses pour soi tant le monde semble parfois décidé (volontairement ou pas) à s’incruster jusqu’au fond de notre soutien-gorge pour voir ce qu’il s’y passe (pour ma part, la réponse est nette : rien).
Référençons donc ensemble ces moments où nous nous sentons nues parce que notre intimité est mise à mal. Ces moments où – n’ayons pas peur des mots – les autres semblent avoir trouvé une faille pour faire irruption dans notre jardin secret.
Savoir qu’on a lu ton journal intime
Chronologiquement, c’est probablement la première entrave faite à notre intimité : savoir que notre journal intime a été lu par un tiers est vécu comme une terrible trahison. Que ce soit notre père, notre mère ou un de nos amis, on vit assez mal le fait que quelqu’un sache qu’on aimerait vivre dans Les Quatre Filles du Docteur March ou qu’on trouve le petit blond de la classe dégoûtant quand il demande à la maîtresse s’il peut « aller faire caca ».
Écrire dans le train
Amusant comme, dès qu’on commence à rédiger quelque chose sur ordinateur dans le train (que ce soit une dissertation d’anglais, un calcul de physique quantique ou une liste de courses), les yeux de notre voisin semblent se focaliser sur notre écran.
Le plus gênant, dans cette histoire, c’est que même si tu n’écris rien de sulfureux, tu te sentiras forcément un peu jugée par le regard de l’inconnu qui est bien placé pour voir tes fautes d’orthographe et apprécier tes tournures de phrases.
Pire, si tu y écris ton prochain roman, tu pourrais être en train de te faire plagier par une pompe à intrigues.
Être au téléphone dans la rue
Je sais pas pour toi, mais moi, je déteste téléphoner dans la rue : j’ai l’impression que tout le monde écoute attentivement ce que je dis. Parfois, je me force, me rappelant que ma vie n’a rien de palpitant et que tout le monde se fout de ce que je peux bien beugler dans le combiné. Alors je profite d’un trajet pédestre pour passer un coup de fil et gagner quelques minutes sur ma soirée. Par un malheureux hasard, c’est toujours dans ces moments-là que ma route croise celle d’un débile qui s’amuse à répéter ce que je suis en train de dire en prenant une voix suraiguë.
C’est quand même pas de chance.
Être observée pendant qu’on mange
Aller au restaurant de temps en temps, je veux bien, mais encore faut-il que je sois d’excellente humeur : quand j’étais en demi-pension au collège, j’ai développé une sorte de difficulté à manger entourée d’inconnus
. Je te le concède : le repas est un moment convivial. Mais le repas en présence de gens que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam (ni de la pomme (ni de la poire (ni des scoubidous))) est un peu plus compliqué.
Ces gens qui trouvent toujours le bon moment pour poser les yeux sur toi (quand tu te mets la fourchette dans l’oeil, quand tu fais tomber un bout de chou-fleur de ta bouche ou quand tu souris avec une feuille de laitue coincée entre les deux dents de devant).
Du coup, j’estime que manger est quelque chose d’aussi intime que se gratter les fesses. Je n’aime pas qu’un inconnu me regarde en train de me gratter les fesses, je n’aime donc pas qu’on me regarde manger. Cékuhèfdé.
Les contacts physiques impromptus avec des inconnus
Quand tu marches dans la rue, quand tu es secouée dans le métro ou quand tu trébuches dans la file d’attente de chez Carrefour, il peut arriver qu’un contact physique se produise entre un inconnu et toi. C’est fâcheux, et il est rare qu’on arrive à se retenir de sursauter en prenant un air dégoûté. Pour peu que tu sois un peu control freak, tu commenceras à visualiser mentalement les microbes courir sur ta peau nue, persuadée que cet inconnu dont l’enveloppe corporelle a frôlé la tienne a une hygiène des plus déplorables.
La première visite au hammam
Petite veinarde : pour ton anniversaire, ta meilleure copine t’a offert un après-midi au hammam. Tu es très enthousiaste à l’idée de faire cette expérience pour la première fois, et tu ne penses qu’au dernier moment que hammam = cul nu.
Alors ok, toutes les autres sont habituées à se dévêtir entièrement pour aller se dilater les pores dans la vapeur et ne feront pas une seule seconde attention à ton corps, mais il n’en reste pas moins assez terrifiant de sortir l’attirail devant une centaine d’autres personnes pour la première fois.
Jean-Yves non plus n'aime pas se montrer nu.
Sursauter en public
Tu es de très bonne humeur et tu marches dans la rue d’un pas conquérant, à l’image d’un Dark Vador mais en plus vaillant, en plus rapide, en moins méchant et sans la cape noire. Soudain, alors que tu t’apprêtes à traverser sans regarder (puisque aujourd’hui est un jour où tu te sens invincible), une voiture te klaxonne à toute blinde. Le feu était vert pour elle et elle a failli te dégommer comme une boule de bowling dégomme une quille. En reconnaissant ce signe qui signifie (en langage bruyant) « attention-tu-frôles-la-mort-recule-tout-de-suite », c’est tout ton corps qui se met en branle et ton regard se remplit de peur.
Sursauter en public, c’est un peu comme faire l’étalage de ses faiblesses devant tout le monde. En fait, voilà, c’est comme se mettre tout nu devant plein de gens.
Aurais-je oublié un de ces moments où on a l’impression de revivre ce cauchemar horrible dans lequel on arrive nue comme un ver au lycée ? Si c’est le cas, viens partager ce genre de petites loses dans les commentaires.
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Double big-up là!