C’est au gré d’errances sur MySpace, pays où il fait bon vadrouiller, que j’ai découvert la frimousse espiègle de Nora Hamzawi. L’affiche de son show, pétillante comme pas deux, m’a séduite en un quart de nanoseconde. A tel point que j’ai réservé ma place à l’aveugle, sans savoir de quoi il en retournait vraiment…
Et bé, you know what ? J’ai bien fait !
Pendant une heure, Nora m’a déridé la rondelle. Pendant une heure, cette brunette m’a fait oublier que, dehors, la crise sévissait et que des traders se petit-suicidaient. Il faut dire que la comédienne aborde avec mordant des sujets universels (le pet en couple, les méfaits de Facebook, la jalousie, la sodomie), décrit des situations dans lesquelles n’importe qui peut se reconnaître. En sortant de la salle, je n’ai eu qu’une envie : rencontrer l’énergumène ! J’ai envoyé un mail… et c’est comme ça que nous nous sommes retrouvées autour d’un verre de vin. Nora portait ce jour là un pull Cookie Monster (le monstre bleu dans Sesame Street). Un détail qui a fini de me convaincre : cette fille est top et ira loin !
madmoiZelle.com : Comment as-tu contracté le virus du jeu ?
Nora : C’est affreux à dire mais je crois qu’à la toute base, j’ai emprunté cette voie pour l’argent facile que ça implique. J’ai toujours rêvé d’exercer un métier un peu glamour… C’est plus tard, sur le tournage d’un moyen-métrage, que j’ai commencé à prendre mon pied et que j’ai compris que je voulais évoluer dans cet univers. Pas dans un bureau horrible.
M : Quelle formation théâtrale as-tu suivie ?
N : Mon premier souvenir remonte au CP. Je jouais dans Le Petit Prince et… malheureusement, j’ai eu un trou. J’ai oublié la seule phrase que j’avais à prononcer ! Mon frère m’a poursuivie avec ça pendant cinq ans. Du coup, j’ai complètement arrêté alors que je prenais des cours avec un prof dont j’étais amoureuse… Franck… J’ai repris à la fin du collège au Cours Florent, à Paris, tous les mercredis après-midis. Après le bac, le rythme s’est accéléré : j’y allais trois fois par semaine. Puis, j’ai intégré l’atelier Fanny Valon, un cours plus petit, moins Star Academy !
M : On entend beaucoup de choses sur le Cours Florent… Quel regard portes-tu sur tes années passées là-bas ?
N : C’est vraiment l’usine. J’ai adoré les profs mais le côté hyper théâtreux m’a vite gonflée. J’y ai connu des élèves intolérants, pédants, … Leur crédo ? Vivre théâtre, rêver théâtre, bouffer théâtre ! Je suivais des études à côté et ils ne comprenaient pas. J’étais là : « Désolée, j’ai pas spécialement envie d’habiter dans une chambre de bonne toute ma vie. Donc au cas où, je prévois ! »
M : A quoi ressemble ton parcours scolaire ?
N : Le bac en poche, j’ai tenté une fac de droit… en vain ! J’ai tenu trois semaines. Je me suis ensuite inscrite en IUT Infocom puis j’ai complété ma formation au Celsa, section marketing, pub et communication. Par sécurité bien sûr mais aussi parce que je trouvais ça intéressant et stimulant de garder un pied dans la réalité, de connaître le classique métro-boulot-dodo !
madmoiZelle.com : Comment est né ton spectacle ?
Nora : L’an dernier, j’ai effectué un stage hyper chiant dans un cabinet d’études. C’est à cette période là que j’ai réalisé qu’il fallait absolument que je me bouge le cul, que je me sorte de ce trou ! Ma meilleure pote, qui fait des études de production aux Etats-Unis, m’a motivée, m’a expliqué que si je ne tentais rien, j’allais finir à La Poste ! J’ai donc envoyé mes textes à droite, à gauche, notamment à la société Juste Pour Rire. Ils ont bien aimé. Je me suis mise à participer à des scènes ouvertes, avec plusieurs humoristes. Dix minutes de passage chacun. On m’a repérée là-bas. En juin dernier, j’ai joué à La Loge. Trois fois mon intégrale. Puis, Le Bout m’a proposé un rendez-vous hebdomadaire.
M : Pourrais-tu décrire ton one-woman show ?
N : Rah, je n’arrive jamais à répondre à cette question… A chaque fois, je suis là : « Bah, ça parle de bite, de carottes,… De la vie, quoi ! ». Au moment de l’écriture, j’ai vraiment voulu aller à l’encontre des one-woman shows qui se font actuellement, où ça parle de nanas qui cherchent leur prince charmant, qui suivent des régimes, écoutent leur mère, blablabla,… Je voulais qu’on s’attache davantage à un personnage, un peu névrosé, qui parle de tout. Mes sources d’inspi ? Les peurs du quotidien. Je pars d’un constat puis je développe ça avec un oeil de parano.
M : Un rituel avant de monter sur scène ?
N : Je bois toujours un petit coup !
M : Qu’est-ce qui te fait rire dans la vie ?
N : Les situations qui me rendent nerveuses et me mettent mal à l’aise. Genre les premiers rendez-vous, les blancs à table,… Sarah Silverman me fait marrer aussi. Tout comme Britney Spears et les filles bien sapées qui tombent dans la rue !
M : Des projets en tête ?
N : La télé, et Canal + en particulier, m’attirent pas mal. Je me verrais bien avoir une chronique ou un quelconque autre format court. Cet été, j’ai passé le casting Miss Météo pour remplacer Louise Bourgoin. Ça s’est bien déroulé mais ils ont préféré Pauline Lefèvre.
M : Des envies de cinéma ?
N : Aussi, bien sûr ! Mais ça me semble tellement lointain pour le moment…
M : Tes derniers coups de coeur humoristiques ?
N : Gaspard Proust et Charloose.
M : Attention, ultime question. Être une madmoiZelle en 2008, c’est quoi pour toi ?
N : Revendiquer les mêmes droits que les mecs, les mêmes libertés sans pour autant chercher à les calquer, sans perdre de sa féminité !
madmoiZelle : Merci beaucoup !
Nora est en spectace au Bout (Salle Carré / Paris 9e) tous les vendredis à 19h, jusqu’au 30 janvier. Plus d’infos ici et là ! Foncez-y, Franciliennes !
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super interview