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Culture

Interview des mecs de Maman Records (avec des petits cadeaux dedans)

On interview souvent les artistes, mais presque jamais les labels qui les signent. Pourtant, de la même façon qu’il est intéressant de lire « le mot du curator » d’une expo d’art, il est tout aussi chouette de comprendre « la ligne édito » d’un label.

On a choisi de rencontrer les mecs de Maman Records et de leur poser plein de questions allant de leur « formation » à leurs choix d’artistes. Vous allez voir, ils ont tout d’une bande de mecs sympas.

Image 7Présentez moi tous les enfants qui se cachent sous les jupes de Maman.

Bruno : Hervé, c’est le papa de Maman Records – il s’occupe de dénicher les groupes. Moi, je gère la promo et les collabs. Et Marine, la petite dernière (elle vient d’arriver) se charge des events.

Un jour où j’écrivais à ma Maman, j’ai failli me tromper de destinataire et vous envoyer le mail à vous. Avouez que vous avez fait exprès de vous appeler Maman Records pour percer les secrets de toute votre liste de contacts…

Hervé : Dans une volonté machiavélique, complètement assumée, on s’est dit que ça aurait une résonance œdipienne. Avec toutes les options que ça peut ouvrir dans l’inconscient de chacun !

Bruno : J’imagine surtout la tête de la mienne si elle lisait les mails qu’on s’écrit entre nous… Y’a pas que du boulot !

Vous dites que « la seule exigence de Maman, c’est un format pop expérimental ». Vous ne mettez pas en avant un style musical en particulier et semblez attachés au fait de tout écouter « avec les oreilles vierges de tout son ». Expliquez moi cet état d’esprit volontairement innocent.

Hervé : Il n’y a pas de mal à aimer les choses du passé. C’est comme avoir une madeleine de Proust ou un parfum associé à des souvenirs. Ce réflexe naturel s’accompagne souvent inconsciemment d’une forme de repli sur soi, et de l’apparition de certitudes. Le problème quand on a écouté trop de musique, c’est qu’on a tendance à l’associer à des trucs du passé. On perd la fraîcheur de ceux qui font la musique. Je me rappelle d’une interview des Rapture qui n’avait jamais entendu parlé des Happy Mondays alors que leurs musiques sont très proches. Je pense du coup que l’important, c’est de ne pas se laisser aller à analyser la musique de manière trop sérieuse. Il faut plutôt voir « la vie » que la musique crée – l’énergie des générations qui arrivent et qui n’ont aucune envie de devenir des esthètes. La musique pop, c’est la musique du peuple. Je trouve dommage que certains veulent y incorporer les préceptes des arts savants.

Bruno : Ce concept de « pop expérimentale » est ce qui intrigue le plus les journalistes. Dans notre dossier de presse, c’est avant tout une formule pour définir notre son. L’idée, c’est de casser et de questionner la pop classique. On cherche des sons à la fois familiers, comme une maman; mais incompréhensibles et nouveaux, comme un ado…

Comment Hervé [Siard], le « Papa » de Maman records, en est-il arrivé à lancer le label ?

Marine : En parlant avec son chat…

Bruno : En buvant trop d’absinthe…

Hervé : Après des années à travailler comme graphiste, un ami, Fabrice Desprez, qui connaissait mon obsession pour les nouveautés musicales, m’a proposé de travailler sur une compilation. Cette compilation qui s’appelle Sisters (coucou l’oedipe !), a été le point de départ de Maman Records. Après ce travail, j’étais lancé. Je voulais quitter définitivement le monde du graphisme. Maman m’a paru la meilleure option.

Maman Pic (Hervé & B)Bruno (à gauche) et Hervé (à droite)

Chaque EP est accompagné de remixes. Mettez-vous un point d’honneur à ce que ce concept soit respecté à chaque fois ?

Hervé : Non pas forcément. Mais je privilégie le son à la mélodie. Pour moi, les remixes sont plus une « nouvelle proposition de production d’un morceau » qu’une « transformation en un objet adapté à la piste de danse ». De toute façon, je tiens plus que tout à ce que l’on ait pas de règles, pas de genre à défendre, pas de concept. On peut tout faire.

Marine : Et c’est déjà souvent le cas, non ?

Bruno : Pas faux ; il n’y a pas vraiment de règles. À chaque fois, c’est le projet qui décide pour nous !

Votre univers m’inspire un endroit chaud où l’on se repose, parle de tout et boit des choses cool allant de tasses de thé à la bergamote à bocs de bières pour chiller. Ça vous va ?

Hervé : Cette définition me touche beaucoup. Ca me fait penser à cette réflexion que je me faisais dernièrement. « On aime pas l’alcool, on aime boire. »

Bruno : Un peu oui, mais là tu viens surtout de décrire le Sans Souci !

Ouais tiens, on a cet amour pour le Sans Souci en commun, c’est vrai.

Hervé : Je crois qu’on peut dire que Jean Vedreine, le patron du Sans Souci, est la Maman de Maman records. Une personne aussi soucieuse de la bonne hydratation de ses amis a forcément quelque chose de maternel. En plus, tout a commencé dans son bar. Historiquement, c’est notre base.

Bruno : Pour moi, le Sans Souci, c’est un peu l’oncle confident alcoolique de la famille : on sait que quoi qu’il arrive il sera toujours là pour nous, un verre à la main et un grand sourire aux lèvres.

Marine : Cette question m’a été posée en entretien pour rentrer chez Maman Records.

Vous bossez ensemble. Qu’avez-vous d’autre en commun dans la vie ? Des playlist iTunes, des endroits où sortir, un même type de filles sur lequel avoir un crush, la même marque de dentifrice ?

Bruno : Avant de travailler ensemble, on était surtout amis. Quand Maman a commencé a naître dans l’esprit d’Hervé, on passait déjà beaucoup de temps ensemble. La suite s’est faite tout naturellement. On se retrouve totalement dans la musique, la fête, les filles et plus. Pour le dentifrice, j’sais pas.

Hervé :

Je connais Bruno depuis un long moment. On s’est rencontrés bien avant le début de Maman. Grâce à des amis communs, je crois. Là avec le temps, on ressemble de plus en plus à un couple. On passe tellement de temps ensemble que notre relation ne passe même plus par des choix mutuels en terme de filles ou de dentifrices, mais plutôt par un mode de communication et un humour qui ne concernent presque que nous.

Citez moi une qualité et un défaut de vos maman respectives.

Bruno : Elle cuisine très bien et elle n’a pas de défaut … J’adore son gratin dauphinois et sa mousse au chocolat.

Marine : La mienne est du genre a être tout le temps derrière moi, psycho de l’organisation et du rangement. Mais bon, elle est aussi très rassurante et de très bon conseil – enfin, on a tous un peu la même. Sinon niveau bouffe elle fait des tartes fines du tonnerre. Ah bah tiens, elle est justement en train d’essayer de m’appeler.

C’est mignon. Vous êtes tous des fils à Maman poule ou de grands garçons indépendants que Maman regarde grandir de loin ?

Hervé : Moi je suis devenu un grand garçon indépendant mais sur le tard.

Bruno : Moi je suis encore un ado attardé.

Marine : Je confirme !

Quelle est, jusqu’à présent, la sortie dont vous êtes le plus fiers ?

Bruno : Je suis fier de toutes nos sorties. Chacune a leur manière marquent une étape dans l’évolution du label .

Hervé : Musicalement, j’adore Chad Valley [lire l’interview madmoiZelle de Chad Valley]. Je trouve ce mec super talentueux. J’ai entendu certains morceaux du futur album et je trouve ça assez impressionnant. Il a encore nourri sa musique. Pas étonnant que ce mec soit le pote des Foals. Même obsession pour la musique, même folie contenue.

Je vous ai stalké un peu. Marine, tu viens d’arriver chez Maman. Raconte nous. Bruno, tu as l’air d’avoir la même texture de cheveu que Justin Timberlake, ça te fait quoi ?

Image 8

Bruno : Ça fait que c’est dur à coiffer le matin. Mais tu m’as pas vu sur un dancefloor ! La ressemblance est encore plus frappante .

Hervé : Je trouve ça un peu extrême de parler de cheveux devant quelqu’un qui vit depuis un petit moment dans le quart-monde capillaire. Oh et sinon : stalker c’est mal !

Marine : Bruno, que j’ai rencontré alors que je bossais chez WAD, et que j’ai recroisé d’innombrables fois à Pigalle, m’a appelé un jour pour me proposer de m’occuper de la partie « Event ». J’ai tout de suite dit oui. Je suivais le projet Maman de près à l’époque. C’était l’occasion de m’impliquer, d’apporter ma contribution – même si c’est pas toujours facile à concilier avec mes autres projets.

Chez Maman, on sort en douce de la maison et on adore aller faire la fête, non ? À part ça, y’a quoi dans vos devoirs d’école à venir ?

Bruno : C’est un secret pour personne : on aime faire la fête, c’est vrai. Mais le jour, on travaille beaucoup. Mes devoirs en ce moment, c’est faire parler de Maman et de nos artistes comme d’hab, un sac Kulte/Maman Records a venir vendu avec nos vinyles, le single de Clock Opera, l’EP de Kisses « People Can Do The Most Amazing Things », avec des remixes de DyE (Tigersushi) et Logo (Kitsuné), et celui de Chad Valley. Et préparer l’avenir…

Hervé : On va sortir un album et un single avant l’été. Mais pour un tas de raisons et pour continuer à travailler encore un peu sur l’album de Kisses, on vous en parlera d’ici un mois.

Marine : Tu ne crois pas si bien dire ! Il me reste une année avant d’être diplômée, donc oui, j’ai encore des devoirs d’école.

Maman Records vous offre 3 morceaux en téléchargement libre

Kisses – Bermuda : https://www.mediafire.com/?s9epy7epaspu19l

Chad Valley – Up & Down (Collateral remix) : https://www.mediafire.com/?3yc1foi87k3avp8

Hind Ear – Rain Man (Villeneuve remix) : https://www.mediafire.com/?z8cvf0c1czdis5x

Les prochaines Maman Records party

Jeudi 3 mars // Sans Souci Vs Moune, 21h – 5h // 54 & 65 rue Pigalle, 75018 Paris

Vendredi 11 mars // Pop In, 22h – 2h // 105, Rue Amelot, 75011 Paris

Mercredi 16 mars // Maman invite Get A Room! & Rob My Life Is Acid Le Petit Social,  23h – 5h // 142, Rue Montmartre, 75002 Paris


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

4
Avatar de Carrousel
6 mars 2011 à 16h03
Carrousel
Les trois extraits sont carrément kouuul mais franchement big big up trop fat to Chad Valley !
Sinon, interview hypra intéressante, Merci !
0
Voir les 4 commentaires

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