N’y allons pas par quatre chemins car je n’aime pas la demi-mesure : Jain est la révélation musicale francophone de la fin de l’année 2015. Avec son album Zanaka, elle a apporté à nos oreilles des sonorités variées et exotiques, mêlant toutes les influences recueillies au fil de ses voyages.
À l’occasion de son passage au Sziget festival cette année, j’ai eu le plaisir de la rencontrer. Voici donc ses réponses à mes petites questions, avec des photos de son concert par Marine Stieber !
- Ton premier album est sorti fin 2015 et te voilà déjà au Sziget, le plus gros festival européen ! Comment vis-tu cette ascension fulgurante ?
Je suis hyper contente ! C’est un véritable bonheur de faire ce festival. Je ne réalise pas trop ce qui m’arrive mais c’est assez impressionnant, car pour moi c’était un truc énorme. Il y a des artistes comme Sia, Rihanna… Donc c’est vrai que ce festival me rend vraiment très heureuse.
- Le Sziget est connu pour être multiculturel ; ça correspond à ta musique, qui mélange beaucoup de styles différents. Peux-tu rappeler tous les styles que tu introduis dans tes compositions ?
J’aime bien dire que c’est du « melting pop ». Comme j’ai vécu au Congo-Brazzaville, à Abu Dhabi, à Dubaï, c’est vrai que j’ai eu des influences autres qu’européennes ou américaines. Par conséquent, ma musique mélange du traditionnel africain, du reggae, de la pop, de l’électro…
C’est très difficile pour moi de me définir un style précis : je n’ai pas envie de m’enfermer dans un style trop restreint.
- Ton ascension amorcée l’année dernière te permet de beaucoup voyager. Est-ce que les voyages, les tournées, que tu fais aujourd’hui te permettent de dénicher de nouvelles influences musicales ?
Cela fait longtemps que je n’ai pas fait un voyage de plus d’un mois pour vraiment m’imprégner de la musique et de la culture d’un pays. C’est donc assez frustrant d’être en tournée : on passe dans plein d’endroits, mais on n’a pas forcement le temps de s’arrêter ! Donc j’ai hâte de refaire un long voyage pour me ressourcer un peu.
- Est-ce prévu ?
Moi je le prévois, oui !
Je ne suis jamais allée en Amérique du Sud, c’est un grand rêve pour moi de m’y rendre ! J’aimerais barouder là-bas. Je demanderai à Manu Chao tout à l’heure (NDLR : il était en concert au Sziget le soir même) !
- Tu portes un soin tout particulier à ton identité visuelle. Est-elle pour toi indissociable de ta musique ?
Elle est très importante oui, car avant même de faire de la musique, je voulais faire une école d’art. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressée : je voulais d’ailleurs être graphiste. J’aurais vraiment adoré faire des pochettes d’albums, customiser des chaussures !
C’était tout à fait naturel pour moi de mêler identité visuelle et musique, car ce sont mes deux passions. Cela peut paraître un peu artisanal parfois, mais c’est sincère !
- Justement, tu parles de style, et on a le sentiment que ton apparence sur scène est très travaillée. Est-elle aussi importante pour toi ?
Oui, avoir une tenue de scène, c’est essentiel pour la concentration. C’est mon rituel, c’est un moment important pour moi. Lorsque que je me mets en tenue, il ne faut pas trop que l’on vienne me déranger car cela veut dire que je suis concentrée, que je suis en train de répéter mes paroles… Et cela me différencie aussi de qui je suis dans la vie de tous les jours !
- Tu déclarais en octobre 2015, dans le webzine IndieMusic, avoir commencé à composer il y a sept ans. Pourquoi avoir attendu l’an dernier pour partager ton travail avec le public ?
J’aurais bien aimé le partager plus tôt ! Mais je voulais avant tout passer mon bac et faire mes études d’art. Je n’avais pas du tout envie de tout plaquer pour faire de la musique. Ça me faisait un peu peur de tout arrêter pour me lancer dans quelque chose de plus… nébuleux !
Donc j’ai attendu d’avoir mon bac et de réussir ma prépa en art avant de me lancer vraiment dans la musique.
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- Est-ce que ça marché tout de suite ?
Non, non ! On a rencontré plusieurs producteurs mais ça n’a pas collé. Je suis ensuite retourné voir Maxim Nucci et là, ça l’a fait. Il a aussi fallu que je grandisse artistiquement afin de pouvoir assumer ce que je faisais.
- Tu fais un peu figure d’extraterrestre dans le monde de la musique d’aujourd’hui, car tu es auteure-compositrice-interprète. Cela devient rare dans la nouvelle scène française. Quel regard portes-tu là-dessus ?
Il y a quand même quelques groupes comme Bagarre, Grand Blanc, Fakear… Je ne pense pas qu’il y en ait moins qu’avant, mais peut-être qu’ils sont moins reconnus et moins médiatisés !
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- Est-il plus difficile aujourd’hui de se faire connaître en tant que jeune artiste lorsque l’on ne bénéficie pas d’une aide extérieure (parolier, télé-crochet, compositeur…) ?
C’est très difficile de rester indépendant•e tout en se faisant connaître des médias. Je suis très admirative des groupes indé qui arrivent à émerger.
C’est plus difficile, mais ce n’est pas le même monde. Il y a des artistes qui préfèrent rester indépendants pour cela aussi.
- Tu as 24 ans : comment vois-tu l’avenir et que peut-on te souhaiter ?
L’avenir, je ne sais pas trop… mais j’espère qu’il sera bien, et vous pouvez me souhaiter qu’il le soit !
- Comment le serait-il justement ?
En continuant à faire des chansons qui plaisent aux gens et en étant heureuse dans ma vie.
Merci à Feuillen pour sa coopération sur cette interview !
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