Jesse Sposato a 27 ans, elle est New-Yorkaise d’origine. Attachée de presse la journée, elle occupe ses soirées et ses week-ends à s’occuper de Sadie, le magazine qu’elle a créé.
Dans un café branché de Chelsea, elle a fixé rendez-vous à Adeline pour parler de sa ville, de son métier, de ses ambitions.
madmoiZelle.com : Comment es-tu arrivée à New York ?
Jesse : En fait, pour moi la question ne s’est pas vraiment posée. Je suis née et j’ai grandi à Long Island, juste de l’autre côté de Manhattan. Donc au moment d’entrer sur le marché du travail, je savais que les opportunités étaient à New York.
madmoiZelle.com : Et tu y fais quoi ?
Jesse : Je travaille pour un éditeur dans Chelsea. Je m’occupe de la promotion d’un certain nombre de livres. C’est un boulot que j’aime beaucoup, qui me permet de voyager et de rencontrer des gens intéressants.
Et puis, pendant mon temps libre, je m’occupe de Sadie, le magazine que j’ai créé avec deux amies. A terme, j’ai pour projet de m’occuper de Sadie à temps plein, mais pour le moment, financièrement, ce n’est pas possible. Donc je fais ça, le soir et le week-end.
madmoiZelle.com : Pourquoi avoir créé Sadie ?
Jesse : C’est un magazine web destiné plutôt aux lycéennes. L’idée de Sadie est venue d’une envie de faire un magazine différent pour les jeunes femmes.
On ne voulait pas quelque chose qui se focalise sur la mode, le maquillage ou le moyen de choper tel ou tel mec. L’idée était de faire quelque chose qui montre aux filles l’exemple de nanas qui ont réussi, qui sont indépendantes, qui font un boulot qui leur plaît. En fait, ça se destine moins aux jeunes filles de New York qui sont confrontées tous les jours à cette image de la femme indépendante, mais plutôt aux jeunes filles du mid-west qui pour la majorité grandit avec une vision traditionnelle du rôle de la femme.
Dans des Etats comme l’Iowa ou le Connecticut, le taux de grossesse au lycée est un des plus élevé parmi les pays développés. On voulait parler à ces filles-là, leur montrer que d’autres modèles de réussite existent.
Une autre ligne directrice est de ne pas donner à voir un seul modèle, de ne pas donner à penser qu’il y a une manière d’être fille/femme.
madmoiZelle.com : Qui collabore à Sadie ?
Jesse : Pour avoir un contenu hétérogène et qui puisse toucher le maximum de gens, il y a à la fois des journalistes et des non journalistes. On veut surtout des gens qui ont des choses à dire et qui vavent bien les dire. Par exemple, dans le dernier numéro, une fille, Zari, a écrit un article sur le fait d’être lesbienne à New York, elle n’est pas journaliste mais le sujet nous intéressait et la manière dont elle présentait les choses était pertinente, que ça pouvait parler à pas mal de filles. C’est exactement le genre de sujet que l’on cherche à promouvoir.
madmoiZelle.com : Créer son propre magazine à New York, c’est compliqué ?
Jesse : On a commencé totalement insouciantes, sans savoir vraiment dans quoi on se lançait, et puis on a accompli chaque étape petit à petit, sans chercher à aller trop vite. Je crois qu’on a rencontré les bonnes personnes au bon moment pour ce projet, ça a facilité la chose. Aujourd’hui, quand je regarde en arrière, je me dis : « Wouah, tout ce travail !», mais sur le moment, je ne réalisais pas vraiment.
madmoiZelle.com : Est-ce que la création de Sadie aurait été possible ailleurs ?
Jesse : Dans l’absolu, ça aurait été possible partout, puiqu’à partir du moment où tu le veux, tout est possible. Maintenant, être à New York donne l’avantage d’avoir accès à un maximum de ressources et de gens directement. Je pense que ça n’aurait pas pu prendre l’ampleur que ça a pris, ou du moins pas aussi rapidement, si on avait été ailleurs. Ici, les deux autres collaborateurs et moi avions un réseau qu’il a été facile de mobiliser au moment venu pour avoir des contributions, pour rencontrer des gens. Donc certainement, être à New York a facilité le travail.
madmoiZelle.com : Tu dis que les jeunes filles de NY ont moins besoin de ce genre de magazine que les jeunes filles du mid-west par exemple. Quelle est la différence entre les deux pour toi ?
Jesse : Il y a à la fois pas mal de différences et en même temps beaucoup de points communs. Disons que les jeunes filles de New York sont habituées à considérer le travail comme l’élément le plus important de l’épanouissement personnel. Elles sont habituées à vivre dans une situation de compétition permanente pour arriver à quelque chose. Ici tout le monde est toujours en train de travailler sur un million de projets en même temps et n’a jamais vraiment le temps de rien.
Pour celles du mid-west, les valeurs ne sont pas forcément les mêmes. La famille a par exemple plus d’importance. L’épanouissement par le travail est peut être une idée moins répandue.
madmoiZelle.com : Pour finir, en quelques mots, qu’est-ce qu’être une madmoiZelle à New York en 2008 ?
Jesse : Difficile de répondre à cette question… Pour moi, c’est quelqu’un d’indépendant, de fort, qui sait ce qu’elle veut et qui croit en ce qu’elle veut, c’est aussi quelqu’un qui est en compétition permanente pour survivre.
Mais, tu sais, à New York, il y a tellement de gens différents, tellement de projet différents qu’à cette question on pourrait répondre de 50 000 manières : ça pourrait être avoir 2 enfants et être mariée, comme ça pourrait être être à la tête d’une grande entreprise.
Je crois que c’est là l’une des forces de la ville, être une madmoiZelle à New York, chacun peut en donner sa définition et se sera accepté.
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