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Interviews de Mad'

Cecily, auteure de BD

Comme pas mal de jeunes auteurs actuellement, Cecily a d’abord gagné un public via son blog, Une jeune fille bien, avant de voir son travail édité. Après un premier album reprenant de nombreuses planches de son blog (Au secours, je vois plus rien ! chez Albin Michel), elle publie De l’amour filial en général et de mon Papa en particulier , BD écrite à quatre mains avec son paternel.

madmoizelle.com : J’ai cru comprendre que tu t’étais mise plutôt tard à la BD… J’avais bu ?
Cécily :
Ca doit surement t’arriver mais là je te rassure tu étais sobre comme dix chameaux! Effectivement j’ai commencé la bd « tard », disons que j’avais déjà entamé une carrière de scénographe et que je ne pensais pas changer d’orientation aussi radicalement.

madmoizelle.com : D’où t’est venu le déclic ?
Cécily :
D’un ras le bol. J’ai voulu faire une pause dans ma vie professionelle… Je pensais me mettre une année entière à la peinture et puis paf !, j’ai ouvert un blog bd et j’ai découvert que j’aimais vraiment ça. Je pouvais passer des heures, des journées là-dessus sans jamais me lasser. Plus petite, c’était déjà ce que je voulais faire, de la bd, mais je n’avais pas été encouragée dans cette voie. J’ai même été carrément poussée à ne pas m’engager dans cette voie. Le métier de dessinateur, comme tout les métiers artistiques, a une sale réputation chez les conseillers d’orientation et surtout chez les parents soucieux de voir leur progéniture protégée et installée tout confort, écran plasma, vue sur la mer…

Perso, je pense que quand on veut vraiment quelque chose et qu’on a trouvé ce qui nous plaît, il ne faut pas lâcher le morceau, il faut passer au-dessus de l’avis et du jugement des proches et tout mettre en place pour arriver à ses fins.

Ca a été mon probleme : j’ai laissé les gens me persuader que je ne dessinais pas assez bien, que la bd était un monde de mec, qu’il valait mieux prendre petit que de vouloir grand. C’est crétin, mais c’est humain.

madmoizelle.com : Il y a environ un an, tu publiais ta première BD, Au secours, je vois plus rien… Comment es-tu passée du blog BD à la BD papier ?
Cécily :
J’ai d’abord reçu une proposition par mail d’un éditeur. Je suis allée le voir mais ce qu’il me demandait ne me convenait pas vraiment, alors
j’ai envoyé mon boulot à d’autres éditeur et là j’ai rencontré l’équipe d’Albin Michel BD. Tout me convenait chez eux, ils me laissent une
grande liberté et j’apprécie beaucoup l’ambiance de la « maison »…

madmoizelle.com : Ca t’a fait quoi de voir ton travail en rayon ?
Cécily :
C’était génial ! J’ai découvert par hasard mon premier album dans une vitrine, j’ignorais la date de sortie exacte ! Je n’ai pas d’enfant mais là, j’ai eu une impression de maternité. Et en même temps l’envie de tout refaire… C’est bizarre de laisser échapper son travail.

madmoizelle.com : J’imagine que cette première expérience a dû t’en apprendre… Quelles leçons tu en as tiré ?
Cécily :
Que j’ai eu pas mal de chance et qu’il n’y a rien de mieux que de faire ce qu’on aime quand on a trouvé ce qu’on aime faire.

madmoizelle.com : Dans Au secours J’y vois plus rien, ton personnage de Lovely Goretta conte ses démelées avec l’amour. Dans De l’amour filial en général et de mon papa en particulier , c’est la relation père-fille qui a la vedette… On aurait tendance en tant que lecteur à se dire « Goretta, c’est Cecily ». On mérite une baffe dans la gueule ou y a du vrai, là-dedans ?
Cécily :
Forcément il y a de moi dans le personnage, je ne dirais pas que c’est moi mais il y a de moi. Dans mes bd, je parle surtout des relations, donc je pars souvent des gens qui font partie de ma vie et de moi. Que ce soit dans mes relations amoureuses ou dans mes relations avec mon père il y a beaucoup de « choses » communes avec les autres nanas, j’essaie d’aller dans le sens du « commun », j’espère que j’y arrive !

madmoizelle.com : Tu sembles pas mal fonctionner par petites séquences, par petits « sketchs » : d’autres formes de narration (dans le style roman graphique, par exemple) te tentent ?
Cécily :
J’aime bien synthétiser, prendre une idée et en faire une seule planche. Pour les projets, j’ai effectivement l’envie de faire un peu « autre chose ». J’ai commencé une bd fantastico-policière dans un style un peu plus réaliste. J’espère pouvoir la faire publier et peut-être même aller vers une « série »… C’est un peu compliqué, je n’ai pas vraiment appris à construire un récit, j’ai surtout des bases théâtrales. Mais j’ai très envie de tenter l’aventure.

madmoizelle.com : Peux-tu me décrire la façon dont tu procèdes pour créer une planche, les techniques que tu utilises etc. ?
Cécily :
Ouh là ! En général, les idées me viennent quand je me couche… Du coup je dois me relever pour noter. Et puis je fais souvent la planche directement, je l’ai dans la tête et je la dessine. Pour la technique, j’utilise un feutre noir et je fais la mise en couleur sur ordi. Rien d’étonnant !

madmoizelle.com : E n plus de la BD, tu sembles très portée sur la peinture. Là où tes BD jouent sur le registre humoristiques, tes peintures semblent plus sombres… Tu y dis ce que tu ne dis pas dans tes BD ? Quelle place occupe chacune de ces activités, dans ta vie ?
Cécily :
La peinture arrive par périodes. Je fais de la bd toute l’année, mais la peinture a une autre place. Ce qui passe dans les peintures n’est pas si différent de ce qui passe dans les bd, c’est le système de narration qui change. Je crois qu’on ne sait pas vraiment pourquoi on peint ou on dessine, c’est un peu comme une urgence, il faut le faire. C’est vrai que je m’autorise à être plus sombre dans mes peintures, j’ai un peu peur de tomber dans les clichés en faisant la même chose en bd…

madmoizelle.com : La question classico-barbante : tes influences ? (pas seulement BD : tout ce qui façonne ton travail et ton trait)
Cécily :
Le problème avec ce genre de questions, c’est que celui qui dessine voit des influences que les lecteurs ne verront ptet pas… Pour le trait, j’ai l’impression d’être proche de Margerin, c’est un peu mon « papa de bd », mais sans les gros nez…

Pour le boulot, je ne sais pas bien, je pense être pas mal influencée par Bill Watterson (Calvin et Hobbes), Claire Bretécher et les Peanuts. En peinture c’est encore plus obscur. Peut être un peu de Basquiat, un peu de Chaissac… Et principalement le folklore Vaudou et d’autres thèmes religieux (j’ai été en pension chez les bonnes soeurs pendant 7 ans ça m’a marquée, surtout la façon qu’elles ont d’aimer leur prochain en tombant dans le panneau des apparences et avec une cruauté
digne de l’inquisition. C’est parfaitement désolant de voir ce qu’on fait de la religion, mais je ne vais pas me lancer là-dedans ou j’en ai pour des heures !!)

madmoizelle.com : La musique semble occuper une place importante dans ta vie. On le voit un peu dans tes BD, beaucoup sur ton blog… Ecrire sur ce thème, tu y penses ?
Cécily :
Dans mon projet fantastico-policier la musique prend une place importante. Après, écrire uniquement là-dessus, je ne sais pas. La musique, ça s’écoute. On peut en parler, bien sûr, mais franchement on ne l’apprécie vraiment, à mon sens, qu’avec les oreilles !

madmoizelle.com : Tu arrives à vivre de la BD aujourd’hui ?
Cécily :
Presque… Enfin j’en vis dans la mesure où je n’ai pas de gros besoins. C’est un boulot où les vacances et les week-end n’ont pas vraiment de sens… Pour bien gagner sa croûte il faut bosser tout le temps et chercher toujours d’autres pistes pour être édité.

madmoizelle.com : Déjà vécu des moments où tu te disais « Là, j’en ai marre, je jette la gomme » ?
Cécily :
Nan jamais… Ca pourra peut-être m’arriver – après tout, je ne fais de la bd que depuis deux ans et demi. Mais comme j’ai toujours dessiné, je ne me vois pas jeter l’éponge. Ce serait un peu comme arrêter de respirer, ça fait partie de ma vie.

madmoizelle.com : Si je te donnais les pleins pouvoirs, tu t’accorderais quoi pour l’avenir immédiat ?
Cécily :
Dans un sens, j’aime beaucoup les surprises, les choses innattendues. Mais si j’avais la possibilité de m’accorder quelque chos, ce serait bassement matériel : ce serait probablement une belle maison sur l’Ile d’Elbe avec un atelier sur la mer et puis tant que j’y suis, un mec, un vrai, beau comme un camion et qui aurait oublié d’être trop égoïste… Le truc pas possible quoi…

madmoizelle.com : Des infos sur le prochain album ? Des projets ?
Cécily :
L’année prochaine sortira mon troisième album chez Albin. Cette fois, je parlerai de la collocation de deux trentenaires un peu (voir carrément) désabusées par leurs relations affectives… Il y a aussi ce projet de bd fantastico gnagnagna… J’espère aussi pouvoir caser mon projet de livre sur le vaudou quelque part, illustré par mes peintures. Et puis j’ai commencé un truc encore secret avec mon pote Cromwell. Infos à suivre. Et un paquet d’autres trucs…

madmoizelle.com : Tu t’imagines comment, quand le temps de la Carte Senior sera venu ?
Cécily :
J’ai un peu de mal à me projeter aussi loin, je pense que le jour où je ne pourrai plus dessiner ou peindre, je n’aurai plus vraiment de raison de continuer à vivre. Me transformer en légume dans un lit, c’est pas une idée très excitante… Je n’y pense pas trop. Je sais que ça finira peut-être par arriver, mais j’ai encore quelques années devant moi avant de me coller le moral à zéro. Vieillir rend surement plus sage, je me console avec ça…


Les Commentaires

4
Avatar de Nadja__
31 mai 2007 à 05h05
Nadja__
Je connais depuis pas mal de temps sans pour autant consulter régulièrement son blog. J'aime beaucoup ses gouaches.
0
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