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Interviews de Mad'

Interview des trois nanas de Da Ca One

Connaissez-vous le ?á c?u ? Si vous habitiez au Vietnam, une réponse négative serait le signe d’une vie d’ermite, puisque là-bas, il s’agit d’un sport national. Et même d’une véritable tradition ancestrale, dans l’Asie toute entière. Mais comme vous habitez en France, vous avez le droit de découvrir ça là aujourd’hui, comme ça, au hasard d’un clic sur votre webzine préféré. Ça se fait.

En gros, voilà à quoi ressemble ce sport :

http://www.youtube.com/watch?v=iCVvZUsMtd0&feature=player_embedded#!

Si vous allez faire un tour dans les ruelles de Hô-Chi-Minh-Ville, vous aurez de fortes chances de croiser des groupes de personnes disposés en cercle, essayant de se faire passer cette fameuse plume-volant, en utilisant leurs pieds – et toutes les autres parties du corps, excepté les mains. Sur le bitume parisien c’est plus rare, mais justement, on y arrive :

da ca one

madmoiZelle est allée à la rencontre de Da Ca One,  la marque de ?á c?u lancée par Mai Lan, Ali et Sandra – 3 nanas qui, en plus de vouloir vulgariser la discipline en France, ont plein d’énergie à revendre et les idées bien en place quant à l’univers à la fois épuré, coloré et stylisé qu’elles veulent partager avec le public. Interview autour de grosses salades caesar et ibériques (et on s’est même arrogées le droit de parler la bouche pleine).

Image 9

De gauche à droite : "Kate" (rose), "Pete" (vert), "Lou" (violet), "Debbie" (quadri-color) et "Thom-zi" // 5 euros la petite plume, 7 euros les grandes plumes

madmoiZelle : Salut les filles ! On se fait un tour de table et vous vous présentez  ?

– Mon nom c’est Sandra, je suis graphiste freelance et photographe. Je travaille souvent avec le collectif H5.

– Moi, c’est Ali. Je bosse pour un studio de graphisme design, qui s’occupe de clips et de pubs.  Je suis coordinatrice de production dans ce studio.

– Je m’appelle Mai Lan, je travaille dans le collectif H5, où j’ai rencontré Sandra. C’est un collectif de 8 personnes, on fait du graphisme, de l’édition, des films, de la pub. Et des parfums, aussi ! »

de gauche à droite : Ali, Sandra et Mai Lan

Racontez moi le début de cette grosse aventure.

Ali : Tout a commencé en 2008 : Mai Lan nous a rapporté la plume lors d’un de ses voyages en Asie (elle est d’origine vietnamienne). On s’est alors mises à beaucoup jouer dans les parcs…

Mai Lan : … devant les facs…

Ali : … et tout le monde nous demandait toujours « mais vous avez acheté ça où ? », « mais c’est quoi ? ».  Beaucoup de gens venaient alors jouer avec nous.

Mai Lan : Les mecs du rugby, tu te souviens ? Ils étaient en bande de 5 et squattaient le trottoir avec nous !

Ali : Oui ! Du coup, face à tout cet engouement, on s’est dit « puisque le ?á c?u ne se trouve pas en France, on va l’importer et le vendre. On va créer une vraie marque ». C’est là que Sandra est intervenue : pour créer la marque, on avait besoin d’une identité visuelle, d’un logo etc… Sandra est une super bonne copine de Mai Lan, on a donc tout de suite pensé à elle. C’est comme ça qu’elle est arrivée dans le projet.

On entend tout, à propos du ?á c?u : tantôt c’est un très vieux jeu ancestral asiatique, tantôt une discipline free style très prisée dans le milieu urbain. On le décrit aussi comme un sport hybride, influencé par le badminton, le foot, la capoeira, la danse… Un mot, pour résumer la naissance de cette discipline ?

Ali : Tu connais le plume-foot ? C’est le sport le plus ancien au Vietnam, ça se joue avec une plume d’oie. Eh bien, tout est parti de là, avant l’arrivée du badminton.

Mai Lan : Les arts martiaux se sont emparés du ?á c?u comme d’un moyen pour s’échauffer. En parallèle, le ?á c?u s’est affirmé comme jeu de jongle, avant de devenir par la suite une discipline à part entière.

OK je vois. Aujourd’hui, est-ce qu’on peut dire que vous êtes désireuses de démocratiser ce sport ?

Mai Lan : Le Vietnam et la Chine jouent à ce jeu depuis près de 4000 ans, puis il y a eu une expansion vers l’Europe (des matchs internationaux sur terrains de badminton sont organisés depuis une cinquantaine d’années aujourd’hui). Ça a commencé dans les pays de l’Est, dans des villages assez pauvres où les habitants ne faisaient que jouer, jouer et jouer… Du coup, aujourd’hui on a des Hongrois, des Allemands, qui ont vraiment un très bon niveau. En France, c’est arrivé il y a 8 ans seulement, donc… les Français ne sont pas encore sur le podium ! On s’inscrit un peu dans ce contexte : on veut surtout mettre en avant le côté street de la discipline. Ramener le jeu en France, le faire découvrir aux gens.

Ali : Un des autres intérêts de la plume, c’est qu’elle est jolie. Au Vietnam, les filles dansent avec, donc la discipline est aussi très féminine. On est convaincues qu’elle peut attirer beaucoup de gens en France et devenir un véritable phénomène de mode. Elle peut paraître difficile au premier abord, mais avec les différents styles de plume, tu as vraiment plein de manières d’y toucher. D’ailleurs, on a fait des tests dans les collèges : au début, les filles étaient un peu réticentes, « non, c’est un truc de garçon, je sais pas jouer, c’est comme le foot blablabla », et au final, elle sont plusieurs à s’être mieux débrouillées que les garçons et ont adoré !

Mai Lan : Je pense que c’est une discipline vraiment mixte.

Ali : Il faut juste se décomplexer et essayer.

Sandra : Et puis, l’objet est très ludique, très beau.

Ali : Très beau, oui. En décoration, ça marche aussi. On a fait des salons et des gens nous en ont acheté, « juste pour la déco ». En nous disant « je sais pas si je jouerai, mais je trouve ça joli ».

da ca one

Pas faux. C’est un bel objet. Y’a un truc pratique aussi, c’est qu’à la différence des rollers ou d’un ballon de basket, tu peux mettre ça dans ton sac et improviser une partie quand tu veux.

Mai Lan : Exactement. La plume est légère et se transporte facilement.

Bon, et techniquement : comment on y joue, alors ?

Ali : Le plus amusant, c’est d’y jouer à 3 ou 4. Pas trop non plus, sinon tu touches jamais le volant. Donc 3 ou 4 personnes en cercle : le premier lance avec la main, il vise une partie du corps, genre la jambe ou le pied. Les autres attendent que le ?á c?u tombe, avant de le relancer avec le pied. Et la personne en face essaye de le rattraper avec toutes les parties de son corps, excepté les mains.

Mai Lan : Ce qui est intéressant, c’est qu’au début tu tapes dedans comme dans un ballon de foot, puisque c’est le même mouvement de coup de pied en l’air. On a remarqué que les enfants ont tendance à se lâcher et à taper trop brutalement. Et puis après, ils se rendent compte que ça marche pas comme ça du tout. Alors on leur dit de se détendre, de tirer moins fort. C’est une plume, donc pas besoin de taper fort : il faut juste un peu d’adresse.

Ali : Le petit truc, c’est de jouer avec l’intérieur du pied. C’est beaucoup plus facile comme ça.

Mai Lan : Ou alors l’extérieur du pied. Ce qu’on appelle « l’aile de pigeon ».

« L’aile de pigeon » ? C’est quoi ?

Ali : En fait, chaque figure a un nom un peu asiatique. « L’aile de pigeon », « le dragon »…

Mai Lan : « Le tour du monde »,  tu tires une fois et ensuite ton pied fait le tour pour rattraper la plume par en dessous.

Ali : Ça, c’est pour les plus advanced. Tu peux aussi envisager la plume d’un point de vue freestyle : t’es tout seul, tu jongles avec, tu fais des saltos arrière, etc.

Mai Lan : Oui : tu fais des tricks, tu le rattrapes dans le dos, dans le cou, avec les pieds… Tu peux amortir le volant, le laisser sur ton pied, et après tu le relances. C’est super joli et technique, c’est un challenge vraiment street, comme faire du skate pendant des heures et des heures, pour enfin arriver à faire un flip.

Il y a plusieurs ?á c?u. Pour commencer, vous recommandez celui-ci, avec plus de plumes ?

Mai Lan : La plume simple, c’est le vrai ?á c?u de compétition et il vient du Viêtnam. La plume touffue, elle,  vient de Chine : elle est plus facilement maniable parce que plus grosse :  la surface d’impact est plus grande, donc c’est mieux pour les débutants.

Ali : Oui, le « thom-zi » est plus aérodynamique, il retombe moins vite.

da ca one thom zi

le « Thom-zi » dans toute sa splendeur // 7 euros chez Colette

Et aujourd’hui, vous continuez à pratiquer le sport ?

Mai Lan : Y’a 5 entraînements par semaine – on a réussi à avoir des créneaux avec la mairie du 3e. J’y vais 2 fois par semaine, 1h30 à chaque fois – échauffement, match, techniques et free style.

Est-ce qu’on peut dire à nos lectrices de venir ?

Ali : Bien sûr !  Elles peuvent venir pour des cours d’essai ! Et si ça leur plaît vraiment, la souscription à l’année coûte 75 euros l’année, ce qui n’est pas bien cher.

Mai Lan : Il faut aussi leur préciser que l’ambiance est hyper zen et que personne ne se moque des débutants. L’important c’est vaiment de participer !  Vos lectrices peuvent d’ailleurs être fan de Da Ca One sur Facebook : elles verront alors passer les dates des soirées qu’on organise.

En moyenne, combien de temps faut-il pour se lancer ?

Ali : Une demi-heure ! Le truc c’est que, pour commencer à s’amuser, il ne faut pas s’arrêter au bout de 5 minutes. Il faut essayer de tenir au moins 15 minutes, histoire de se donner l’occasion de toucher la plume, de prendre un peu ses marques, de se décomplexer. Et puis soudainement, y’a un déclic qui se fait. Et tout le reste se met en place.

Mai Lan : Ne pas y arriver tout de suite, c’est tout à fait normal. Mais dès que tu chopes le truc, tu deviens vite accro !

Parlez moi de votre univers graphique général ? Comment définiriez-vous l’état d’esprit de votre marque ?

Sandra : On voulait partir d’un univers assez blanc. Même si on aime beaucoup les couleurs et le fluo, on voulait garder une ambiance assez mode et épurée.

Vous avez un book entier de t-shirts aux visuels imaginés par plein d’artistes différents. Vous êtes 3, mais on vous sent plus nombreux encore, dans l’aventure.

Ali : On a eu la chance de travailler avec Cyril Houplain, le graphiste à l’origine de l’univers visuel de -M- et de la comédie musicale Le Soldat rose. On a aussi le soutien de Tha Trickaz, un groupe de musiciens qui nous propose de vendre une édition limitée de notre plume lors de leurs concerts. Y’a aussi Anthony, un ami qui nous aide vachement : c’est lui qui a développé le site Internet, nous a aidé sur des shootings photo.

Mai Lan : Et plein plein d’autres, qui ne bossent pas avec nous sur la base d’un contrat, mais travaille avec bonne volonté parce qu’elles croient en nous. Et puis, chez H5, j’ai l’habitude de côtoyer un univers de graphistes freelance.  J’en ai profité pour leur parler de Da Ca One, et comme ça a suscité pas mal d’intérêt chez eux, je leur ai proposé de nous faire des petits dessins autour du thème de la plume. La question était très simple : « que vous inspire la plume ? »

Où peut-on trouver ces t-shirts ?

daca one

Ali : Pour le moment, ils peuvent être commandés à l’unité (via [email protected]), mais ils sont pas encore sur le marché. On y travaille ! Peut-être d’ici l’an prochain, on devrait au moins pouvoir en trouver quelques uns chez Colette.

Sandra : On pense aussi à lancer des badges, des sacs, des pendentifs plume etc..

Mai Lan : En fait, la plume est un accessoire utilisé partout dans la mode.  On veut vraiment mettre ça en avant. Je pensais à des séances maquillage, des portraits, des plumes dans les cheveux… on y réfléchit encore.

Vous vous réunissez souvent à trois ?

Ali : On ne prend jamais aucune décision seule. C’est vrai que Sandra s’occupe principalement du graphisme, mais elle nous demande quand même nos avis avant de décider. Même logique pour Mai Lan et moi : on bosse surtout la communication, mais Sandra participe aussi.

Sandra : L’idée, c’est d’arriver à communiquer sur notre univers. On essaye d’associer nos 3 énergies au maximum.

Ali : On est très complémentaires de part nos univers différents, Da Ca One c’est aussi ça : 3 syllabes, 3 filles différentes, mais une fusion. Les rôles sont pas forcément définis. On a décidé de tout faire ensemble.

Quels sont vos projets à venir ?

Mai Lan : La collection d’hiver va arriver, avec plein de nouveaux modèles. C’est un peu touchy, parce qu’on bosse avec la Chine et on a parfois du mal à se comprendre. Je te donne un exemple : je voulais des plumes phosphorescentes et notre interlocuteur là-bas me disait « mais pourquoi faire ? On joue pas dans la nuit, si ? » Le gros gap culturel, j’te dis pas ! Du coup, y’a des commandes qui prennent jusqu’à 6 mois. Sinon, il y a aussi ce projet avec le groupe Tha Tricaz : on va éditer une plume spéciale avec leurs textes, et ils vont la vendre avec leurs t-shirts lors de leurs concerts.

Ali : De façon générale, on veut faire pas mal d’éditions limitées : plein de collab et de partenariats !

Eh bien, on a hâte de voir ça.

da ca one

Liste des shops où retrouver Da Ca One
Le blog officiel de Da Ca One


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

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