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« N’ayez pas peur de l’Internet ! » – L’interview d’Amélie, notre stagiaire développeuse web

Amélie termine un stage de 8 mois chez madmoiZelle, en tant que développeuse web. Avant qu’elle ne parte, Clémentine a voulu lui parler de ses ambitions, du code et de l’Internet, histoire de mettre en lumière les gens de l’ombre !

La première fois que j’ai vu les écrans sur lesquels travaille Amélie (oui, j’ai bien dit les écrans), mon intestin a fait des sauts périlleux de terreur. C’était tout noir et vert avec des signes bizarres, en gros. Amélie a vu ma réaction et elle a décidé de prendre les choses en main, en apprenant aux filles de la rédac et de l’équipe commerciale les bases du code HTML et CSS. Comme ça, pendant la pause de midi, parce que cette fille n’est que bonté et chocolat… et boucles d’oreilles à l’effigie de Baymax. Eh bah laissez-moi vous dire que, même en ne connaissant que 0,1% de ce qu’il y a à connaître sur le code, ça fait vachement moins peur maintenant !

Amélie est stagiaire développeuse web chez madmoiZelle, mais après 6 mois passés ici, elle s’envole vers d’autres cieux (aussi connus sous le nom de Vancouver, Canada) pour ses études. Alors avant qu’elle ne parte, j’ai pris le temps de lui poser quelques questions – sur ses études, ses ambitions, et pourquoi elle aime ce qu’elle fait.

Parce qu’il faut le savoir : sans notre chère équipe de geeks, il n’y aurait pas de site du tout (ou alors il serait vraiment moche et il buguerait tout le temps) ! Et un monde ou madmoiZelle est moche et bugue tout le temps, est-ce un monde dans lequel nous souhaitons vivre ?! Non. Place aux questions !

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Amélie pose devant le mur d’autocollants madmoiZelle car elle est une stagiaire dévouée.

Commençons pour une question technique. Est-ce que tu peux me dire concrètement ce que ça veut dire, « développeuse » ?

…Développeuse web ! Il y a pleins de développements possibles, tu peux aussi faire de la programmation, par exemple. Alors : développeuse web dans le cadre de madmoiZelle, concrètement, ça veut dire travailler sur les bugs du site, améliorer le site, proposer de nouvelles choses, comme une nouvelle « home » [comme celle qui est en place depuis quelque jours ! ndlr]… le développement web, en fait, c’est écrire du code pour créer et améliorer des sites web, tout simplement. Mais attention, il y a une différence entre développeuse et web-designeuse : ça n’est pas moi qui imagine ou qui décide du design, des couleurs, des typographies, de madmoiZelle. Et je ne suis pas informaticienne non plus. Qu’on se le dise.

À quoi ressemble une journée type ici ?

Je bosse sur tout : sur le « front », donc ce que l’utilisateur voit, et le « back », ce que vous – les rédactrices – vous voyez. Heureusement, parce que si je faisais tout le temps la même chose, le même code, je craquerais ! Donc je travaille autant sur des tâches qui prennent 10 minutes que sur des tâches qui prennent une semaine. J’écris mon code, puis je le montre à Thomas puisque c’est mon maître de stage, il ne faut pas l’oublier ! Et puis on le publie. Mais c’est souvent les imprévus qui rythment mes journées !

L’avantage de madmoiZelle, c’est que comme c’est une petite boîte, on peut discuter avec tout le monde directement et rapidement, dès qu’on a une question ou un problème.

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En huit mois de stage ici, est-ce qu’il y a un projet dont tu es le plus fière ?

Oui ! Je ne peux pas trop en dévoiler, mais ça devrait sortir bientôt ! Ça s’est étalé sur plusieurs mois, parce qu’il y avait deux parties à coder : j’ai fait la mienne, puis Thomas a fait la sienne. Ensuite, on les a mises ensemble et maintenant il faut tout mettre en ligne… ce qui prend un peu plus de temps que prévu. En fait, comme j’étais stagiaire, Thomas et Asdine m’ont désignée comme « cheffe de projet », et ça a vraiment bien marché.

Tu es encore en train de faire tes études en ce moment. Tu peux me parler de ton école ?

Elle s’appelle l’IIM, c’est l’Institut de l’Internet et du Multimédia, à la Défense.

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Qu’est-ce que c’est comme études ? Est-ce que tu vas sortir de ton école avec un diplôme qui s’appellera « Je sais faire du développement web » ?

Non ! En fait, je ne fais pas une école de développement pur. Je fais une école de multimédia. Le titre que j’aurai en Master, ça sera : « Manager de la communication numérique ». Ça sonne bien !

Dans notre école, on a 5 axes différents : jeux vidéo, web, 3D, com’ graphique et com’ digitale. En première année on touche à tout, mais j’ai vite compris que c’était du web, ce que je voulais faire. C’est la spécialisation que j’ai choisie en deuxième année. Donc là, en troisième année, on fait pas mal de technique : du code, du développement. Et on fait aussi les bases du management, ce qui se précisera en 4 et 5ème année, quand on fera du management pur, un peu comme ce qu’on pourrait faire dans les écoles de commerce. Donc, quand on sort, du coup, on est plutôt niveau manager.

C’est ton but, de gérer une équipe, de monter ta propre boîte ?

Là tout de suite, non. C’est beaucoup de responsabilités et je n’ai pas de volonté particulière dès maintenant… et puis j’ai pas de thunes ! Ça compte un peu !

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Alors si tu pouvais faire ce que tu voulais avec ton diplôme…

Alors moi, j’aimerais bien être directrice de produit, mais dans une boîte qui fait du web. En fait, c’est un peu le métier qui est entre l’équipe dev’ et le reste. C’est toi qui discutes et fais les plannings de l’équipe dev’, tu organises leur temps de travail… et tu peux faire tout ça, parce que tu comprends ce qu’ils disent ! C’est bête, hein, mais en fait si tu es chef-fe de projet et que tu ne comprends pas de quoi tes techniciens parlent, tu ne peux que faire des plans théoriques, mais tu ne comprendras jamais leurs problématiques.

Donc j’aimerais bien continuer à travailler un peu dans le développement, tout en travaillant avec les gens du marketing, de la com’, le ou la chef-fe de projet, et de l’autre côté tu parles avec les développeurs, et tu fais la gestion. Tu es sur le pont ! J’aimerais bien être dans une boîte ouverte sur l’international, aussi, pour être en contact avec des gens d’autres pays. Mais pendant les 5 ou 6 prochaines années, je compte continuer à faire du développement en freelance.

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Cette photo n’a pas été sponsorisée par les tisanes Éléphant.

Puisqu’on parle de tes ambitions, comment t’es venue l’idée de faire ces études ?

Au lycée, je voulais faire de la 3D. Parce que c’est cool : tout le monde veut travailler chez Pixar ! Mais je ne savais pas dessiner, et ça m’a fermé les portes de beaucoup d’écoles. Du coup, je suis entrée à l’IIM parce qu’il y avait cette première année qui permettait de choisir, toucher à tout, voir ce qui me plaisait. J’ai donc fait de la 3D… c’était dur, frustrant, et j’ai compris que je kiffais pas assez pour en faire tout le temps ! Je n’étais pas assez passionnée.

Par contre, je me suis vite rendu compte que le web, c’était pas si compliqué ! J’avais un mauvais a priori, parce qu’on en avait fait en terminale : des algorithmes, en cours de maths. On avait programmé des trucs sur nos calculatrices ! Mais c’était horrible, parce qu’on devait appliquer ça aux maths… et du coup, c’était vraiment pas passionnant.

Donc, une mauvaise première expérience ?

Ouais. J’avais bien aimé le concept, mais pas l’application avec les maths. Et du coup, en faisant du web à l’IIM, je me suis dit, « eh… mais c’est pas du tout ce que je faisais au lycée ! C’est pas des maths ! C’est trop bien ! »

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Il faut quelles qualités pour être développeur•se ?

Il faut juste être logique dans sa tête

Dans mon école, il y a de tout. Il y a des gens qui ont fait un Bac STI, des gens qui ont fait un Bac L, des gens qui se sont reconvertis, il y a même un mec dans ma promo qui vient de se marier, tu vois ! Il y a vraiment de tous les âges. Mais il n’y a pas vraiment de qualités particulières à avoir, dans le sens où c’est pas vraiment très matheux, c’est pas extrêmement difficile… en fait, c’est surtout de la pratique. Il faut juste être logique dans sa tête. Il faut être un petit peu carré, je pense ; bien organisé. Il faut être curieux•se de ouf, aussi : si tu ne te tiens pas à jour, en deux mois, le web c’est obsolète !

Quels sont les aspects que tu préfères dans ton travail ?

Tu vois vite le résultat. C’est tellement bien ! Tu fais un truc, tu le vois tout de suite, dix secondes après c’est sur Internet ! Même si parfois tu fais des choses qui ne se verront jamais : j’ai déjà travaillé pendant 2 mois sur du code et personne n’a jamais remarqué la différence, tu vois ? Mais moi, je sais que j’ai fait une différence sur le temps de chargement de la page.

Pour mon côté un peu control freak, j’aime bien que tout soit structuré. Tout est rangé, tout est à sa place. Et c’est cool, parce que ça permet de bosser à plusieurs ! Par exemple, si tu décides d’utiliser un framework [le « squelette » d’un site, ou la « boîte à outils » du développeur, de la développeuse], ton collègue pourra s’en servir sans soucis, parce qu’il saura où tout est rangé.

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Et puis j’aime bien la communauté : si tu vas sur un forum en disant que tu as un problème, les gens vont te répondre tout de suite.

Finalement, tu peux aussi être assez créative, non ? Par exemple quand tu dois résoudre des problèmes.

Carrément ! Après, est-ce qu’on peut voir le code comme un art, on peut en débattre ! C’est vrai que tu as 1000 manières de faire une même opération, tout est une question de choix.

Et qu’est-ce que tu aimes le moins dans ton travail ?

Quand tu ne ranges pas ton code, et que tu ne trouves pas LA ligne qui fait tout buguer, c’est vraiment énervant. De manière générale, si tu es mal organisé-e, ça devient vite un cauchemar. Les toutes petites erreurs deviennent rapidement très frustrantes.

Et puis aussi, il y a le fait que ça soit trop « ouvert » : disons que tu veux faire un site ; tu te dis que tu vas prendre un morceau de framework par-là, un truc par-ci, un autre truc là-bas… et ça devient rapidement le souk. C’est informe, ça ne ressemble à rien ! Il faut être or-ga-ni-sé-e.

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En zoomant à fond sur cette photo, vous découvrirez en exclusivité comment hacker madmoiZelle.com ! (non)

Il faut avoir beaucoup d’imagination, alors, pour visualiser à l’avance ce que donnera ton code ?

Pas plus que ça, en fait. Ça ne va pas très loin ! C’est rare de partir de zéro, vraiment : en général, les gens prennent des frameworks… ou des morceaux de frameworks préexistants.

J’ai passé des concours d’écoles de journalisme récemment, et la question qui est revenue dans chaque entretien, c’était : « savez-vous coder ? » ; ma réponse était « non », et je me sentais un peu bête. Pourquoi c’est important de savoir coder, selon toi ?

Alors, c’est vrai que c’est un débat : est-ce que c’est vraiment nécessaire de savoir coder ? Le truc, c’est qu’on est entouré de code. Il y en a dans ton téléphone, dans ton ordi, il y en a même dans ton micro-ondes ! Alors c’est un peu comme si on disait : « on a tous l’eau courante chez nous, alors apprenons tous à changer un joint. » C’est cool d’apprendre à coder, comme ça si un jour ton ordi crash, tu pourras faire 3 modifs et le réparer… mais en fait,  ça n’a pas de sens !

Tu ne vas pas apprendre à être plombier juste parce que tu as l’eau courante chez toi.

Tu ne vas pas apprendre à être plombier juste parce que tu as l’eau courante chez toi, comme tu ne vas pas apprendre à des gens à être développeurs juste parce qu’ils utilisent un téléphone.

Bien sûr, ça peut aider d’avoir des notions en HTML, surtout si tu travailles dans le journalisme web. C’est tout bête, mais ça fait gagner du temps ! C’est une plus-value.

Finalement, sans forcément savoir coder, je trouverais ça plus important de simplement avoir des notions du web : comment ça marche, le référencement ? Qu’est-ce que c’est un code-source ?

Dans son article « apprendre à coder, oui mais comment ? », Mircea Austen disait qu’apprendre à coder allait bientôt devenir une question d’égalité sociale. Tu comprends ce qu’elle veut dire ?

Oui. C’est un peu cliché, mais une fois que tu sais coder, que tu sais faire un site Internet, tu fais ce que tu veux ! Tu as le pouvoir ! Tu trouves un travail en trois jours, en plus. Tous les développeurs ne sont pas des hackeurs potentiels, mais on a du pouvoir.

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Qu’est-ce que tu dirais à une personne qui hésite à faire les études que tu fais ?

Si tu as un peu de temps, il faut juste essayer. Il y a une foule de tutoriels sur Internet, et des événements, par exemple quand les Django Girls étaient passées à Paris ! Ça serait bête de rater son orientation juste parce qu’on a pas essayé, surtout que les meilleures écoles sont vraiment chères ! Va sur Internet, fais un tuto, ça te prendra une ou deux semaines, et tu verras si ça te plait ou pas. C’est le meilleur conseil que je puisse donner. Tester, et en parler avec des développeurs.

N’ayez pas peur de l’Internet

Si tu veux savoir si tu aimes le web, crée ton propre blog. Ça n’est pas très dur, ça te prendra peut-être deux mois : au lieu de mater trois épisodes de House of Cards tous les soirs, tu en mates deux et tu bosses sur ton blog pendant 45 minutes ! Vraiment… n’ayez pas peur de l’Internet.

Après, il y a un autre facteur à considérer. En France, si tu es encore technicien•ne à 50 ans, tu as raté ta vie… alors qu’aux Etats-Unis, tu es over-payé•e ! En France, si tu n’es pas cadre passé 35 ans, c’est pas génial. Alors que tu peux très bien être développeur•se toute ta vie en évoluant, en ne cessant jamais d’apprendre, comme je te disais… mais en France, voilà, tu auras du mal ! Il y aura des choix à faire.

– Merci à Amélie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !

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NDLR : ces petites cases « À lire aussi » ainsi que les blocs de citation à côté des paragraphes, sont par exemple des fonctionnalités développées par Amélie ! 

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Les Commentaires

14
Avatar de Le_lA
2 août 2015 à 13h08
Le_lA
Je suis tellement d'accord avec cette phrase =)

devenir plombier non, mais avoir des notions de comment ça fonctionne, si, c'est pratique.


donc vous dites "l'internet" chez madmoizelle...
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