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Dedans tu me présentes en quelques lignes qui tu es, ce que tu fais dans la vie (ton job, mais pas seulement si tu as d’autres choses à raconter) et par où tu es passée pour en arriver là.
Qui es-tu et d’où viens-tu ?
Je m’appelle Ophélie, j’ai 25 ans et je suis originaire d’Arras, dans le Pas-de-Calais. Ça c’est les infos basiques, il y en a d’autres !
Je suis l’ainée d’une grande famille recomposée. J’ai toujours aimé apprendre mais pas vraiment aimé l’école. Je suis plutôt calme comme personne, j’aime pas trop le bruit, l’agitation, les foules.
Je suis hypersensible et perfectionniste, ça me mène la vie dure mais c’est utile aussi. J’ai un amoureux merveilleux qui vient du Chili.
Je vis à Paris en coloc. Et puis, je suis interprète et traductrice !
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As-tu une passion ou un hobby dans la vie ?
J’en ai plein !
Quand j’ai un peu la flemme et que c’est l’hiver, mon petit plaisir ce sont les séries et les films d’auteur. Les bouquins aussi, et jouer aux sims pendant des heures !
Sinon mes deux vrais vrais kifs dans la vie c’est les langues, les parler, les apprendre, découvrir de nouveaux mots… et le voyage.
De l’étape de la planification à l’étape de l’aventure, en passant par l’émerveillement, la découverte, les galères et les amitiés qui se créent au passage.
Du coup ce sont des kifs qui sont un peu liés à mon travail, mais c’est ça la beauté du truc aussi, mon travail c’est aussi ma passion.
Ophélie et son métier d’interprète et traductrice
Et ton job alors, c’est quoi ?
L’intitulé exact de mon job c’est traductrice — interprète en français, anglais, espagnol. Je travaille dans un Ministère.
En quoi consiste ton métier ?
L’idée c’est que j’ai des heures de bureau 9h-18h du lundi au vendredi où je suis dans un bureau avec six autres traducteurs.
On traduit des lettres officielles, des courriers adressés à des membres du Ministère, des rapports, des powerpoints de présentation de certains services français, etc.
J’ai aussi souvent des missions d’interprétation qui me font aller un peu partout surtout en Île-de-France mais parfois à d’autres endroits en France aussi (l’année dernière, pendant mon alternance dans ce même ministère, je suis allée à Chamonix, Lille, St Malo, Lyon, Nice, Carcassonne…)
Quelle est la différence entre la traduction et l’interprétation ?
Pour la différence, la traduction c’est le passage d’un texte d’une langue-culture à une autre à l’écrit.
L’interprétation c’est le passage de quelque chose d’oral d’une langue-culture à une autre. Moi, c’est l’interprétation qui me fait vibrer, mais je vous raconterai pourquoi après.
En mission, c’est toujours différent. Parfois ce sont des discours qu’il faut interpréter, parfois des échanges lors de repas officiels, mais aussi des présentations de services français, des réunions de prises de décisions, des « cours » lors de formations internationales sur un sujet…
Il y a aussi plusieurs façons de faire qui dépendent du contexte.
Parfois je suis debout et je dois tout retenir avec ma tête, parfois on est tous assis à une table et je prends des notes de ce qui est dit pour m’aider à interpréter.
Parfois on a un équipement qui permet de faire de l’interprétation simultanée, c’est à dire de susurrer directement la traduction à l’oreille des auditeurs.
Comment tu expliquerais ton taf à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
Je l’ai déjà expliqué à mon petit frère non-hypothétique de 6 ans !
Quand des gens qui parlent espagnol ou français viennent en France et qu’ils veulent apprendre des choses, je suis là pour les aider à comprendre ce que leur disent les français pour que tout le monde puisse se parler sans problème.
Pour une petite soeur hypothétique de 13 ans, je dirais que je fais l’intermédiaire entre les délégations étrangères et les français qui les reçoivent pour assurer une bonne compréhension de tous.
Interprète, un métier qui rend Ophélie heureuse
Pourquoi tu aimes ton travail d’interprète et de traductrice ?
En fait, non seulement j’aime ce que je fais, mais surtout je vibre quand je le fais. Mon métier me procure vraiment un plaisir incroyable.
Après une mission d’interprétation réussie je suis pleine de joie et de bonheur, et bien fatiguée aussi.
Si je réfléchis au pourquoi, je dirais plusieurs choses : d’abord il y a l’adrénaline, le fait de se dire que si on se plante, ça va se voir et se voir en direct et qu’il faudra assumer, ça fait peur mais c’est grisant aussi !
Et puis je suis sans cesse émerveillée de ce que le cerveau humain est capable de faire en interprétation : écouter, parler en même temps et retenir ce qui suit… c’est magique non ?
C’est pour ça que j’ai choisi ce travail, parce que j’aime être dans l’action, dans le tout-de-suite, et qu’avec l’interprétation il n’y a pas de regrets.
Si ça rate, tant pis, pas de rattrapage, mais si ça réussit, c’est beau !
J’avais vu des interprètes travailler sur Youtube et lors de festivals de films à Arras et j’étais presque plus fascinée par leur travail que par ce que disait les personnes qui étaient interprétées. J’avais vraiment envie d’être au coeur de cette dynamique là.
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Quel aspect aimes-tu particulièrement dans ton métier ?
Il y a aussi une dernière chose qui me plait dans ce travail, c’est la possibilité de toujours apprendre et que tout soit toujours nouveau. Bien-sûr au bout d’un moment, les contextes de travail se ressemblent, les thèmes se répètent mais cela dit, vous savez combien il y a de langues sur terre ?
Ou juste dans l’UE, ça donne de quoi apprendre ! Et des fois il y a des réunions qui abordent des thèmes qu’on avait jamais traité, et c’est intéressant.
Le travail d’une interprète c’est aussi beaucoup de préparation en amont et ça passe par de la documentation, de la lecture, des vidéos youtube sur des sujets qu’on aurait jamais pensé à aller découvrir…
Le parcours pour devenir interprète et traductrice
Avant tout, quelle est ta formation ?
Pour résumer, j’ai commencé par une LLCE anglais donc (avec la L3 en Erasmus, ce qui est important parce que du coup j’étais immergé dans la langue anglais qui était la langue de communication de tous les jours), puis après 3 ans de formation un peu en autodidacte dans les pays concernés, j’ai fait le Master LiSI (Langues, interprétations et stratégies interculturelles EN — ES) à Paris Diderot.
Quand as-tu décidé de travailler dans l’interprétation et la traduction ?
Dès la fin du lycée, j’ai choisi que je voulais étudier l’anglais.
Je ne savais pas trop ce que j’en ferais, mais c’était la seule matière qui vraiment me faisait rêver depuis le collège et j’aimais aussi la littérature, l’histoire etc. donc j’ai fait une LLCE anglais (licence de langues et civilisation étrangère).
Et à la fac où j’étais, finalement tout le monde allait plutôt vers le métier de prof d’anglais en prenant cette voie.
À l’époque, je l’ai longtemps considérée parce que j’aimais aussi l’idée de partage, de donner envie aux élèves de faire des langues comme mes profs m’avaient donné envie.
J’ai fait ma L3 en Erasmus en Finlande, et quand j’étais là-bas j’ai rempli une application pour partir un an travailler en Angleterre par la suite. Et l’été entre ces deux merveilleuses années, j’ai pris du temps pour examiner toutes mes options, et voir ce que je voulais faire de ma vie.
Et qu’as-tu conclu par la suite ?
Et en fait, j’ai aussi donné des cours d’anglais, ce même été. Et un ancien élève de ma classe en seconde m’a recontactée pour que je l’aide à réviser un concours d’entrée.
À la fin du cours il m’a demandé ce que j’aimerais faire après, et je lui ai dit que je cherchais un peu ma voie.
Et il m’a parlé d’un membre de sa famille qui était interprète en russe et qui travaillait dans le domaine diplomatique. Ça m’a fait un déclic.
Je suis rentrée et j’ai passé une semaine à regarder des vidéos, lire des articles et élaborer un plan.
Puis j’ai expliqué à mes parents que j’allais partir un an en Angleterre comme prévu, puis 6 mois en Espagne et 6 mois en Italie et que j’allais bosser dur et à la suite de ça, être assez calée dans ces trois langues pour intégrer une école d’interprétation.
Je leur ai expliqué que c’était nécessaire que j’aie vraiment des bases solides et presque naturelles pour faire ce métier, et que c’était ma vocation.
Et à partir de là, avec ce plan un peu fou parce que l’anglais j’étais balèze, mais qu’en espagnol j’étais restée à un stade élève moyenne de terminale et qu’en italien je savais à peine me présenter…
Comment as-tu réussi à combler ces lacunes dans les autres langues ?
J’ai bossé dur. Dur dur dur. J’ai fait des exercices de grammaire presque tous les jours, je me suis forcée à lire beaucoup dans ces langues, à écouter la radio, à parler avec des gens.
J’ai passé finalement un an en Espagne, je me suis débrouillée pour être jeune fille au pair, prendre des cours d’espagnol, être bénévole dans une entreprise de voyages et activités pour étudiants pour travailler en espagnol et en anglais…
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Je suis restée six mois en Italie aussi, comme jeune fille au pair également, à tenter en six mois d’apprendre une langue dont je ne parlais que trois ou quatre mots mais que je comprenais déjà bien.
Et ça a marché. Je suis rentrée d’Italie et je me suis installée à Paris, j’ai été prise dans un Master à l’Université Paris Diderot et j’ai continué à me donner à fond.
Peux-tu me parler de ta formation en Master ?
Ce n’était pas un Master axé exclusivement interprétation et traduction, il y avait de la civilisation, du droit, de la communication…
Mais c’est là où j’ai pris les choses en main encore une fois et beaucoup bossé par moi-même et surtout pris les opportunités là où elles étaient.
J’ai trouvé des bénévolats, des stages, des trucs où j’étais obligée de me lancer parce qu’il y avait du public, des gens qui me regardaient, qui comptaient sur moi pour se comprendre alors que j’avais l’impression que je ne savais pas ce que je faisais, que j’étais débutante… mais ça marchait !
« Fake it until you make it » est devenue ma devise, et en deuxième année, j’ai été prise en alternance dans le Ministère où je travaille actuellement.
Après pour moi, ce n’est pas la fin du parcours, j’ai envie de m’améliorer, de rester longtemps là où je suis mais aussi de considérer un jour d’ajouter d’autres langues à mon répertoire, de pourquoi pas ensuite trouver d’autres domaines dans lesquels interpréter, ou dans un autre pays.
La vie est longue, et j’espère que ma carrière le sera aussi.
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Être interprète et traductrice au quotidien
La stabilité financière était-elle importante dans le choix de ton métier ?
Je me suis promis de bosser dur et de prendre toutes les opportunités pour faire le job de mes rêves… mais j’ai aussi fait un petit pari sur l’avenir en faisant un prêt étudiant en arrivant à Paris pour me permettre de faire mes études.
Le but est de payer mon loyer sans avoir à travailler à côté et me laisser du temps pour justement travailler à mon rêve et me permettre de faire du bénévolat et des stages non rémunérés.
Donc quelque part, j’avais intérêt à ma sortie des études à trouver quelque chose qui ne soit pas trop mal payé et stable au moins cinq ans pour rembourser les 20 000 € empruntés.
Heureusement, par un coup de chance, j’ai trouvé le job que je voulais et bien payé. C’est une vraie vraie chance.
Quelle est la journée type d’une interprète et traductrice ?
Ma journée type au bureau c’est de prendre le RER, arriver au bureau à 9h, checker les mails, les demandes de traduction, traduire des documents ou préparer une future mission en faisant des recherches et établissant un glossaire sur le thème, et puis à midi pause déj, reprise à 13h jusque 18h.
Ma journée type en mission d’interprétation, il n’y en a pas vraiment mais si je devais décrire un peu ce que c’est : je prends le métro, je rejoins le collègue qui organise la visite de la délégation à un point de rendez-vous.
Je rencontre la délégation et leur dit que je vais être leur interprète pendant les rencontres professionnelles de leur séjour.
Ensuite on rencontre les services ou personnalités concernées, et j’interprète la réunion/discussion/présentation.
Je dois être attentive à chaque instant car tout ce qui est dit à haute voix doit repasser par ma bouche. Rien ne doit être oublié, tout doit être transmis.
Le midi, il n’est pas rare de déjeuner avec la délégation, souvent on parle de leur pays, des différences avec la France, et ce n’est pas rare qu’ils me demandent ce que je leur recommande de visiter et manger à Paris.
L’après-midi on visite un autre service, j’interprète, puis je rentre chez moi.
Souvent en fin de séjour, ou de journée, la délégation offre des petits cadeaux de remerciement. J’en ai une petite boîte complète.
Ton petit bonheur pendant le boulot ?
Mon petit bonheur, ce sont les remerciements des délégations et des services visités quand ma mission se termine.
Je me sens fière d’avoir eu ce rôle dans la dynamique de communication et je reprends toujours le métro avec un sourire aux lèvres et la bonne humeur !
Selon toi, quelle est la qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
La confiance en soi. Il faut savoir se dire que même si on ne connait pas tous les mots, qu’on ne sait pas exactement ce qui va être dit, etc, on est quand même la personne la plus experte dans les deux langues de cette pièce quoi qu’il arrive, ne pas paniquer et le faire.
Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ?
Je commence tout juste, et mon premier salaire en CDD de 2 ans renouvelable 3 fois, est de 1800 € net.
Si tu aimes ton métier et que tu souhaites participer à la rubrique, tu peux répondre au questionnaire ci-dessous dans un mail à cette adresse :
jaifaitca[at]madmoizelle.com
N’oublie pas de mettre en objet « Maintenant que je suis grande, je suis… » suivi de ton métier. Attention c’est important pour que je vois ton message.
Questionnaire :
- Qui es-tu et d’où viens-tu ?
- Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie (parce que c’est important de faire aussi autre chose) ?
- Et ton job alors, c’est quoi ?
- Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
- Pourquoi tu aimes ce que tu fais ? / Pourquoi tu as choisi de faire ce travail ?
- Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?
- Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qu’il me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
- C’est le fruit d’un parcours longuement réfléchi ou du hasard ?
- Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
- Est-ce que tu as une journée type ?
- Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?
- La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
- Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (Parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)
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