Internet c’est un endroit vraiment fascinant où tu peux trouver de tout : des informations (alternatives ou pas), de quoi rire et te distraire… Mais parfois le net va trop loin comme dans ce cas.
Comment devenir « la plus belle fille au monde » ?
Du haut de ses 5 ans, Jare Ijalana adore poser pour des photos selon sa maman. C’est une passion qu’elle partage avec ses soeurs, Jomiloju (7 ans) et Joba (10 ans) à tel point qu’elles ont leur propre compte Instagram commun.
Elle est passée devant l’objectif de la photographe Mofe Bamuyiwa qui a posté cette photo notamment, sur son compte Instagram.
Saisis par la beauté de la photo, des internautes ont couronné Jare « la plus belle fille du monde » et c’est là-dessus que je voudrais m’arrêter.
Cette petite fille est absolument trop mignonne et j’espère qu’elle percera en tant que modèle si c’est ce qu’elle souhaite faire mais tout le processus me donne des petits boutons.
S’il est effectivement important de célébrer la beauté des petites filles noires, si mal ou peu représentées dans les médias, la légende de ce poste Instagram est à se taper la tête contre les murs :
« Je veux capturer le passage de l’enfance à l’âge adulte afin que les deux soient hors du temps. »
« La faire poser comme une adulte c’est mon truc pour qu’elle reste hors du temps. »
De quoi ?!
L’âge de 5 ans serait donc devenu le point de jonction entre l’enfance et l’âge adulte ? Ou alors est-ce que ce type de représentation ne participerait pas à l’hyper-sexualisation des petites filles ?
Je demande juste hein…
Pourquoi devenir « la plus belle fille au monde » ?
Cette photo est complètement fabriquée dans le but de créer ce buzz et cette petite fille n’a
aucun contrôle sur sa propre image (et l’histoire ne dit pas si sa mère a eu son mot à dire).
Non seulement car elle est diffusée sans que Jare puisse comprendre la magnitude des réactions que ça va engendrer mais aussi parce que tout y est artificiel.
Pour cette séance photo la petite fille est maquillée, elle porte une perruque qui semble empruntée à Diana Ross, le tout est photoshopé jusqu’aux reflets dans ses yeux qui les font paraître bleu.
Et oui car en réalité, au quotidien Jare c’est la petite fille de gauche avec le chignon :
Toujours extrêmement mignonne mais plus du tout cet exemple de beauté lisse présenté précédemment.
Un exemple fantasmé qui reprend les canons de beauté occidentaux tout en conservant une touche d’« exotisme » avec une peau bien plus foncée qu’à l’origine et de longs cheveux frisés.
Dans les commentaires, certains internautes s’insurgent de ce qu’ils appellent de la maltraitance infantile et de l’exploitation.
There is an extreme difference between a woman and a child. Calling her a woman is exploiting and sexualizing a prepubescent female child. Call it what it is. A beautiful child.
Il y a une énorme différence entre une femme et un enfant. Dire que c’est une femme c’est exploiter et sexualiser une enfant pré-pubère. Dites la vérité. C’est une belle enfant.
Hiérarchiser le physique des enfants, leur imposer des standards de beauté et une compétition que nous, adultes, subissons à grand peine est aussi inutile que délétère.
Ça me mettait déjà mal à l’aise à l’époque de Thylane Blondeau et c’est toujours le cas aujourd’hui.
Et bien que je sois la première à célébrer les petites filles de toutes origines qui doivent grandir tout en louvoyant entre le racisme, le colorisme, la misogynie pour ne citer qu’eux, ce n’est pas une solution pour les mettre en avant.
Essayons plutôt de leur montrer tous les jours en quoi leur physique, leurs opinions, leurs passions et leurs connaissances forment un grand tout unique et fascinant.
Que penses-tu de cette histoire ? J’attends ton avis sur le forum !
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