En ce moment les intermittents du spectacle manifestent et se mettent en grève. Ils interviennent sur des plateaux télé, se mobilisent du plus précaire au plus célèbre, menacent d’annuler les festivals de l’été… Mais que se passe-t-il exactement ?
Qu’est-ce qui a déclenché leur colère ?
Fin mars dernier, le patronat et trois syndicats (CFDT, FO et la CFTC) ont signé un nouvel accord sur le régime chômage des intermittents du spectacle. Une bonne partie d’entre eux, notamment la CGT-spectacle, s’y opposent.
Cet accord augmenterait les cotisations de 10,8 à 12,8%. Selon Denis Gravouil, négociateur de la CGT-spectacle interrogé par Le Monde, cela correspondrait à une perte du salaire net de 0,7 à 0,8%.
Mais le point le plus contesté reste le « différé », un délai de carence entre le dernier contrat d’un intermittent et le moment où il reçoit ses indemnités. Il pourrait aller jusqu’à cinq semaines, même si l’Unédic (l’assurance chômage) assure qu’il ne dépasserait pas les 12 jours pour 44% des techniciens et 85% des artistes.
Les allocataires qui gagnent moins de 16€ de l’heure (soit la moitié d’entre eux) ne devraient pas être touchés.
Toutefois, selon Libération :
« Une large part des intermittents, notamment dans le domaine du spectacle vivant, théâtre, danse, ont vu à la fois leur rémunération diminuer ces dix dernières années, et la difficulté d’effectuer les 507 heures ouvrant droit à l’indemnisation s’accroître. »
« Un artiste sur deux en France vit sous le seuil de pauvreté et un intermittent sur deux n’ouvre pas de droits car il n’atteint pas les 507 heures », rappelle pour sa part Pierre Roba dans Le Nouvel Observateur.
Cette précarité pourrait mobiliser les intermittents pour créer un mouvement de grande ampleur.
Y compris Joey, qui sait ?
Rappelons également qu’en février, le président du Medef Pierre Gattaz avait fait un tollé en demandant la suppression du régime d’intermittent.
Que demandent les intermittents ?
Outre leur refus de l’accord, les intermittents qui manifestent souhaitent un changement du modèle en vigueur depuis 2003. Ils demandent un retour au système de la « date anniversaire », où ils avaient douze mois pour effectuer leurs 507 heures et étaient ensuite indemnisés pendant un an (huit mois aujourd’hui).
Certains suggèrent également une prise en compte des congés maternité et maladie et une meilleure intégration des heures réalisées dans le régime général, par exemple les heures d’enseignement. Actuellement, ces dernières ne permettent pas aux intermittents d’ouvrir des droits.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Le grand risque si le conflit se poursuit, c’est une grève de grande ampleur comme en 2003. Cet été est resté célèbre à cause de l’annulation du Festival d’Avignon (le « in ») et d’autres grands événements comme les Francofolies. Là aussi, les intermittents protestaient contre un accord qui durcissait leurs conditions d’indemnisation.
Pour l’instant le gouvernement souhaite toujours agréer l’accord. Selon un rapport remis au Conseil national de l’emploi, le texte entrerait en vigueur le 1er juillet pour une période de deux ans.
Manuel Valls et Aurélie Filipetti ont cependant appelé à une « remise à plat » du statut des intermittents. Le premier ministre a annoncé une décision avant la fin de la semaine grâce aux propositions du médiateur, le député PS Jean-Patrick Gille.
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires