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Féminisme

Ma première agression sexiste et homophobe, à 13 ans

À 13 ans, avec sa petite amie, dans le métro. La voix d’un homme : « Sales putes, je vais vous baiser ». À 13 ans, une insouciance brisée.

Ça y est.

Je savais qu’un jour ça m’arriverait. Mais je n’imaginais pas que ça m’arriverait si tôt.

Une agression sexiste et homophobe dans le métro

J’ai 13 ans, je sors avec une fille que j’aime depuis 1 an. Un jour, on prend le métro à Paris, pour rentrer à la maison, il est 21h.

Dès que l’on est rentrées dans le métro, on voit un type qui pose des questions à tout le monde.

Il interpelle le voisin de gauche, qui ne répond pas. Il interpelle la femme en face, qui répond « Non, désolée ».

Et c’est notre tour.

Il nous interpelle, on secoue la tête. Ma copine me prend discrètement la main et la serre.

Il nous demande si on sort ensemble. Nous ne répondons pas. Il lance à ma copine :

« Tu te prends pour qui ? »

Elle serre ma main plus fort.

« Sales putes, je vais vous baiser »

« Sales putes. Grosses putes.

J’vais vous baiser. Ça vous aidera.

Salopes. Vous pourrissez la ville. J’vais vous enculer. »

Personne ne bronche. Personne ne réagit.

On n’a que 13 ans.

Le gentil homme qui nous a aidées

Le seul qui commence à lui répondre est un gentil homme, d’un certain âge. Putain. Le seul qui bronche a au moins 80 ans

.

On sort du métro, cet homme nous suit.

Il nous arrête, nous demande si ça va, ma copine fond en larmes dans mes bras. On le remercie chaleureusement. Il nous explique qu’il prend souvent la défense de femmes, ou de couples qui sont insultés.

Quand on est rentrées, j’ai dit à ma copine :

« Il est le seul. Le seul à nous avoir aidées. Il a au moins 80 ans. Les gens ont vraiment rien dans la cervelle. »

On n’est que deux gamines de 13 ans, face à un taré qui nous menace, et alors que le métro est bondé, personne ne bronche.

Les conséquences de l’homophobie, du sexisme

Ma copine n’est plus sortie de chez elle pendant 3 mois. Elle a fait une dépression, et maintenant elle est scolarisée à la maison.

Moi, j’ai pris sur moi. J’ai toujours milité, je ne me suis jamais cachée. C’est pas aujourd’hui que ça va commencer.

Elle et moi, on est encore ensemble, à nous soutenir, 5 ans après.

Durant 5 ans, on a subi les insultes, on a été agressées, j’ai eu le nez cassé. Mais jamais on s’est cachées. Avoir peur ne sert à rien.

On ne s’est pas défendues ce jour-là, c’était la première fois que ça nous arrivait. On avait 13 ans.

À 13 ans, on est en 4ème. On profite du collège, de notre enfance, on joue au chat. Nous à 13 ans, on défile à la Marche des Fiertés, on milite, on témoigne.

Malgré ça, on n’est pas censées être insultées, agressées, faire une dépression, avoir peur d’être tuées.

Face à la violence, dressons-nous

On en a raconté beaucoup, de nos histoires comme celle-ci, mais jamais la toute première. Celle où on n’a pas réagi. Maintenant, on aimerait partager cette histoire en disant :

C’est pas normal.

C’est pas normal que la seule personne qui réagisse soit un merveilleux papy.

Pas normal de se faire insulter parce qu’on aime, surtout si jeunes. Et quand on est si jeunes, c’est normal de ne pas réagir sur le coup.

Alors il faut en parler.

À nos proches, notre famille, nos amis, nos profs, les forces de l’ordre.

Parce que ce genre de comportement est intolérable.

Peu importe que la personne soit ivre, soit handicapée, soit ceci ou cela : dire des choses pareilles, c’est destructeur.

Et donc, tout simplement, inadmissible.

À lire aussi : Un harceleur, une pré-adolescente, et mon courage à deux mains

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On a hâte de vous lire !


Les Commentaires

28
Avatar de moldova
28 février 2019 à 00h02
moldova
@YoungNovelist Aaah, non ! Ca voulait dire "le fait que je mentionne l'heure dans mon post précédent". Parce que j'en avais justement parlé en page 2.
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Voir les 28 commentaires

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